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La réaction en spectacle

Deuxième débat à droite. And the winner is…

Second round. Trois semaines après un premier débat quelque peu amorphe, et à moins de trois semaines du premier tour de la primaire, les sept candidats à l'investiture de la droite se sont affrontés à nouveau hier soir. Résultat des courses ? Sarkozy ressort comme le vainqueur du débat, avec derrière lui un Juppé plutôt à la défensive. Pourtant, alors que BFM TV semble avoir fait de Juppé son gagnant, les électeurs de la primaire à droite ont classé Sarkozy devant. Damien Bernard

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Articulé autour de trois thèmes, c’est notamment la question de la sécurité qui a pris une large place dans la discussion. L’éducation et l’Europe n’ont été au final que très peu abordés, expression toujours plus criante de la droitisation du débat. Animé par Ruth Elkrief et Laurence Ferrari, la discussion était déjà pressentie comme un peu plus vive que la fois précédente, compte-tenu d’une campagne s’étant sensiblement tendue ces derniers jours. Une situation pour le moins complexe pour Sarkozy qui attaque ce débat dans les mêmes conditions que le premier. Le maire de Bordeaux garde pour l’instant un avantage confortable (entre 6 et 12 points) sur l’ancien chef de l’Etat dans les sondages. François Fillon et Bruno Le Maire, étaient toujours en lice pour la troisième place, à l’entrée du débat. Tandis que Jean-François Copé, NKM et Jean-Frédéric Poisson, loin dans les sondages, jouaient quitte au double et n’avaient que peu à perdre.

Sarkozy enclenche la seconde, Juppé cale !

A ce jeu-là, Sarkozy semble avoir remporté haut la main le second débat. C’est avec une certaine autorité qu’il a renvoyé dans ses cordes les attaques non seulement de ses challengers, mais a pu atteindre Alain Juppé, tout en évitant toute attaque frontale qui peut s’avérer fatale, surtout lorsqu’on est second. Il a fait primer sa posture de responsabilité. « J’ai été président de la République, j’en connais la lourdeur », déclarait Nicolas Sarkozy. C’est avec sa posture d’ancien chef de l’Etat, connaissant ses dossiers sur le bout des doigts que Sarkozy, tout en rabaissant ses adversaires dans leur position d’anciens ministres, a réussi à se jouer de ses adversaires.

Le chef du parti de droite cogne dès le premier round sur la question des migrants et sonne le premier k.o. contre Juppé. « Ce ne sont pas les accords du Touquet mais de Canterbury, mais tout le monde n’est pas obligé de connaître le dossier », expliquait-il, en réponse aux candidats notamment à Juppé. Il enchaine à nouveau, sur la question de comment vaincre Daesh. Après les interventions de NKM et de Le Maire, Nicolas Sarkozy réaffirme une nouvelle fois son expérience : « Ces dossiers ne supportent pas des postures. Si vous croyez qu’on va ramener la paix autour de la Méditerranée sans avoir l’Arabie Saoudite et Moscou, alors vous ne connaissez pas vos dossiers ».

L’aisance est telle qu’elle lui fait pousser des ailes. Et voilà, qu’il se découvre tout d’un coup féministe, en doublant sur la « gauche » NKM sur la question. La parité, c’est une question de justice. », estimait de son côté Kosciusko-Morizet. Sarkozy, lui répliquait quant à lui que la parité n’est « pas suffisante » : « il ne faut pas confier juste la famille, les affaires familiales aux femmes, ça ne va pas. ». Pourtant, on ne peut que lui rappeler ses phrases les plus sexistes, à commencer par une, de 2015 : agacé par le « bavardage » de Valérie Pécresse avec sa voisine lors d’un bureau politique, il lui avait rétorqué. “C’est bien la parité en politique, mais c’est bruyant !”.

Alain Juppé, donné favori des sondages, semble être resté dans les starting-blocks. Même s’il est apparu dans une posture qu’il affectionne, celui de rassembleur, c’est un Juppé plutôt à la défensive qu’on a vu face à Sarkozy. En sortie de débat, il qualifiait amèrement le discours de son principal concurrent de « discours d’exclusion ». Ainsi, c’est sur la base d’une avance certes confortable que le favori a préféré laisser les challengers de Sarkozy s’en prendre à ce dernier. La défense de Sarkozy, renvoyant les coups de ses compétiteurs, a en définitive, éclaboussé Juppé. Même si le favori a semblé faire un sans-faute, il n’a que peu mis en difficulté Sarkozy, qui a su trouver des alliés de circonstances.

Pour exemple, sur le plan sécuritaire et notamment les 13 000 poste de force de police supprimés par Sarkozy, c’est Copé qui a attaqué en premier. En annonçant « 50 000 » policiers supplémentaires, il estime comme une « erreur folle » la suppression de « millier de postes » sous Nicolas Sarkozy. L’ancien chef de l’Etat, lui, « assume » pleinement ce choix et rappelle qu’il l’a fait en période de crise économique. Idem pour François Fillon, qui estime même que vu le contexte budgétaire, « personne ne pourra créer 50 000 postes supplémentaires » dans la police. La question Bayrou, dont l’entente avec Alain Juppé est l’objet de nombreuses invectives du clan Sarkozy, a été l’un des points de polarisation du débat. Une attaque en règle de Juppé contre Sarkozy qui se termine par un match nul.

Fillon klaxonne. NKM sort renforcée

Pour François Fillon, en lice pour la troisième place, c’est la posture de l’homme au-dessus des querelles de parti, qu’il a préféré joué. Une lamentable imitation de De Gaulle. Il a préféré fourbir ses coups contre l’actuel chef de l’Etat plutôt que d’alimenter les querelles internes. « François Hollande a abaissé la fonction présidentielle ». « Je serai le contraire de ces président. Je veux être respectueux des institutions », affirmait-il.

NKM pour sa part, plutôt en difficulté lors du premier débat, est la véritable surprise de ce second round. Les attaques sont pour le moins assénées en série, même s’il semble clairement que la candidate s’est emmêlée certaines fois, comme sur la redevance sur le hallal. Elle a choisi un subtil équilibre, entre « humanisme » et fermeté, notamment sur le plan militaire.

Les cartes sont-elles rebattues ?

23h15. C’est fini. L’Europe n’a quasiment pas été évoquée. BFM TV titre « Alain Juppé jugé le plus convaincant du débat ». En effet, selon le sondage Elabe pour BFMTV, Alain Juppé sortirait de nouveau gagnant de ce 2e débat. Près de 34% des téléspectateurs interrogés ont pensé qu’il était le plus convaincant, devant Nicolas Sarkozy, à 24%, et François Fillon, qui récolte 15%. En l’occurrence, ce qui semble cohérent, étant donné que les sympathisants de gauche font partie des téléspectateurs, et que ces derniers sont très certainement plus en accord avec Juppé qu’avec Sarkozy, dont nombre le haïsse. Plus représentatif, c’est le sondage chez les militants Les Républicains qu’il faut regarder avec attention. Avec 31%, l’ancien président arrive en tête contre 28% pour Alain Juppé.

Cette première place est à noter, d’autant qu’il reste trois semaines à cravacher. Juppé commence à payer son attentisme, tandis que rien n’est perdu pour Sarkozy. Les jeux ne sont pas joués. La droite réactionnaire ne connait toujours pas son candidat. Rendez-vous le 17 novembre prochain, pour le troisième débat


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