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Hypocrisie et répression

Docteur Lallement. Le préfet accuse les malades en réanimation de n’avoir pas respecté le confinement

On croyait manquer de soignants, c'était sans compter Lallement. Après avoir réprimé les hospitaliers en lutte pendant plus d'un an, le préfet a accusé les malades du Covid-19 en réanimation comme « ceux qui au début du confinement ne l’ont pas respecté », avant de rétropédaler, contraint de s'excuser.

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Crédits photos : Thibault Camus / POOL / AFP

Des propos d’une cruauté et d’un cynisme inouïe

 
Le préfet qui a éborgné et mutilé des dizaines de gilets jaunes, a donc décidé de donner des leçons de morale. Raté, quand on sait qu’une grande majorité des malades ont été contaminés avant le confinement, notamment à cause de l’incompétence du gouvernement, qui n’a pas su réagir à temps et prendre des mesures conséquentes. Mais aussi lorsqu’on a vu l’hôpital être détruit par des années de casse des services publics et de coupes budgétaires, renforcées par Buzyn. Ou lorsqu’on a vu comme les hospitaliers manquent de tout : masques, gel, matériels, lits, et la manière dont ils sont parfois forcés de trier les patients, il y a de quoi avoir la rage.
 
Une phrase des plus écœurante et des plus idiote d’autant plus alors que nombreux sont les malades qui ont été contaminés parce qu’ils participent à résoudre la crise et ne sont donc pas confinés. Soignants, travailleurs du nettoyage, des transports, de l’agroalimentaire, de la logistique, ils sont nombreux à ne pas pouvoir respecter le confinement pour continuer de participer aux activités essentielles. Mais aussi que d’autres travailleurs sont forcés par leur patron à continuer de bosser, même si leurs tâches ne sont essentielles que pour le profit d’une minorité. Ouvriers des grandes usines, comme PSA ou Airbus, ou travailleurs précaires dont la vie est mise en danger et qui s’ajoutent au nombre de malade, alors que le gouvernement perpétue l’ambiguïté sur la fermeture des entreprises non essentielles. Ce sont donc aujourd’hui les mêmes que Lallement a réprimé, gilets jaunes et mouvement ouvrier, qui sont en première ligne de la bataille contre le Coronavirus.

 

Un tollé de plus du préfet qui fragilise « l’union nationale » voulue par le gouvernement

 
Lallement n’en était pas à son coup d’essai, et continue de mettre à mal le gouvernement, qui agite pourtant partout le drapeau blanc de l’unité nationale. Cette fois ça ne marchera pas pour lui, alors que de tous bords les politiques ont fustigé ces propos. Pris de court, le préfet a dû se rattraper rapidement, expliquant qu’il regrettait ses propos et qu’il voulait seulement appuyer la nécessité du confinement. Ce serait même, selon Le Monde, Castaner lui-même qui lui aurait demander de se reprendre. L’entourage du ministre a ainsi expliqué au Parisien : « Ce propos du préfet de police était inexact. »
 
Une fissure de plus dans la macronie, obligée d’essuyer encore des critiques, elle qui depuis la semaine dernière tente de regagner l’opinion publique et comptait sur ce départ en vacances pour montrer sa fermeté face au virus. Edouard Philippe déclarant notamment jeudi soir sur TF1 : « Il ne doit y avoir aucun départ en vacances » et Christophe Castaner de rajouter dans un entretien au Parisien : « Notre objectif est de dissuader les départs en vacances, avec des contrôles renforcés au départ des grandes villes, dans les gares, sur les routes et dans les lieux touristiques » Ou la porte-parole de la gendarmerie qui affirmait : « Il peut y avoir autant de contravention que de personnes dans la voiture ».
 

Lallement, pointe avancée d’un gouvernement toujours plus autoritaire

 
De fait, la seule chose que le gouvernement sait faire, c’est renforcer la répression, et tout est bon pour augmenter les contrôles et l’autoritarisme. Ce sont ainsi 160 000 policiers, mais aussi 60 000 militaires, sept escadrons de gendarmerie mobile et trois hélicoptères qui ont été mobilisés ce week-end. Une main d’œuvre considérable alors que le nombre de mort continue d’exploser et que les hôpitaux sont de plus en plus surchargés. En Ile de France et dans le Grand Est-ce ne sont plus que les transferts qui permettent de désengorger les hôpitaux. Un système de santé saigné à blanc qui ne tient que grâce à la détermination du personnel, alors que le gouvernement continue les promesses sans effets.
 
Didier Lallement, qui expliquait à CNEWS en début de confinement : « Vous savez rien n’est compliqué pour nous, on nous a expliqué que les manifestations étaient très compliquées [...] Mon travail n’est pas de lister les problèmes mais de trouver des solutions. Je vais les trouver », continue donc son rôle de bras armé des politiques de Macron. Lui qui a réprimé toute forme de contestation aux mesures de LREM, est aujourd’hui aux avant-postes pour renforcer le contrôle et appliquer la Loi d’Etat d’Urgence Sanitaire. A coup d’augmentation des effectifs policiers et de leurs impunité, ainsi que des amendes. Et depuis le début, de nombreuses vidéos montrent des violences policières, notamment dans les quartiers populaires. Encore une fois, le gouvernement a décidé de faire payer la crise aux plus précaires par le sang et use des méthodes les plus barbares pour assurer le confinement et la possible reprise au plus vite des activités économiques.
 
Bien qu’aujourd’hui il est clair que le confinement est nécessaire, nous devons refuser qu’il devienne un moyen pour le gouvernement d’accroître le contrôle et la surveillance de la population et de renforcer la répression de toutes les contestations. Au contraire des mesures de confinement autoritaire c’est un vrai plan d’urgence pour la santé, avec des dépistages massifs et des moyens importants pour les soignants dont nous avons besoin. Mais il également urgent de fermer les entreprises non essentielles, dont le maintien des activités cause aujourd’hui la contamination et la morts de milliers de travailleurs. Non, les lits de réanimation ne sont pas pris par les « récalcitrants » mais par ceux qui subissent l’incompétence du gouvernement.
 
Même si Lallement aimerait faire croire qu’il participe au bien commun en organisant à marche forcé le confinement et l’application des mesures autoritaires, nous savons pertinemment, comme il le disait à une militante gilet jaune que « nous ne sommes pas dans le même camps ».


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