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L'État français, meilleur allié des femmes ?

Double peine pour demandeuses d’asile à la frontière

L'État français serait-il devenu le meilleur allié des femmes ? Les dernières décennies ont vu fleurir les références officielles aux droits des femmes et à leur libération, et ce afin de justifier des politiques parfois largement contestables. L'idée peu à peu instillée que les cultures des migrants, et notamment l'islam, menaceraient une égalité homme-femme établie en France a conduit aux polémiques et aux lois répressives autour du port du voile et, plus récemment du burkini, mais aussi à l'inscription de « l'égalité homme-femme » au titre des « 25 valeurs de la France » enseignées dans le cadre du Contrat d'Intégration Républicaine, signé obligatoirement par tous les migrants ressortissants des pays tiers entrant légalement sur le territoire français. Cependant, lorsqu'il s'agit de défendre les droits des femmes en général, et ceux des migrantes en particulier, le comportement des administrations de l'État est tout autre. Nous relayons ici un témoignage de Louis, intervenant en zone d'attente pour l'Anafé, qui rencontre au quotidien des demandeurs et demandeuses d'asile à qui l'administration interdit d'entrer sur le territoire. Dom Thomas

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Il faut bien du courage aux femmes des quatre coins de la planète pour s’exiler lorsqu’elles sont victimes d’exploitation sexuelle, de mariages forcés et de violences conjugales. Pourtant, l’arrivée en France ne marque pas toujours la fin des souffrances et des humiliations pour ces femmes, notamment lorsqu’elles sont maintenues en zone d’attente à la frontière française.

Marthe est camerounaise. Après ses fiançailles, son futur mari, riche et influent auprès des autorités, l’a enfermée à son domicile pour la forcer à avoir des relations sexuelles à répétition avec ses amis lors de soirées « thématiques ». Ayant réussi à échapper à cette situation, Marthe demande l’asile à la frontière française. Après son audition par un officier de protection de l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et des apatrides), le ministère de l’intérieur trouve étonnant que son ex-fiancé, « directeur d’une société américaine, ayant un certain niveau », ait abusé d’elle en réunion après s’être « bien comporté » jusqu’aux fiançailles.
Pas crédible. Demande d’asile rejetée.

Maryam est somalienne. Âgée d’à peine 15 ans, elle a entendu son père négocier son mariage avec un inconnu. Horrifiée par la perspective de cette union forcée, pratique courante des Al-Shabaab en Somalie, elle s’est immédiatement enfuie à Djibouti avant de prendre un vol pour la France. Faute de remplir les conditions suffisantes pour entrer en Europe, Maryam est placée en zone d’attente et y demande l’asile. Après audition par un officier de protection, le ministère de l’intérieur trouve étrange que son père ait tenté de la marier à un si jeune âge.
Pas crédible. Demande d’asile rejetée.

Antonia est dominicaine. Son mari alcoolique se montrant de plus en plus violent à son égard, elle a préféré fuir pour éviter d’être tuée. Entre janvier 2008 et octobre 2014, [les autorités de la République Dominicaine ont recensé plus de 1330 féminicides-http://www.refworld.org/docid/559bd56f12.html], restés largement impunis. A son arrivée en France, Antonia demande l’asile à la frontière. Après audition par un officier de protection, le ministère de l’intérieur ne comprend pas pourquoi elle n’a « pas quitté son conjoint bien avant ».
Pas crédible. Demande d’asile rejetée.

Marthe, Maryam et Antonia ne sont pas des cas isolés. Leur situation est comparable à celle de nombreuses femmes maintenues en zone d’attente. Après avoir courageusement réussi à échapper à des violences dans leur pays d’origine, ces femmes voient leurs souffrances complètement niées par les autorités françaises et risquent d’être renvoyées dans leur pays. Femmes et étrangères, elles subissent ainsi une véritable double peine.

Marthe et Maryam ont fini par être placées en garde-à-vue, pour refus d’embarquement. L’Anafé est sans nouvelles de leur part depuis. Après avoir été refoulée, Antonia a expliqué à l’Anafé avoir très peur que son mari la retrouve.

Publication originelle : cliquer ici.


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