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Midterms

Elections législatives aux Etats Unis : un thermomètre pour Trump

Ce mardi 6 novembre se déroulent les élections de mi-mandat aux Etats Unis qui renouvellent un tiers du Senat et la totalité des députés. Il est probable que les républicains conservent le congrès et que la chambre basse passe à majorité démocrate.

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Nicolás Daneri

Renversant tous les pronostics de la majorité des analystes de l’époque, et même en ayant perdu le vote populaire, Donald Trump est parvenu à la tête de la présidence états-unienne en 2016, dépassant Hilary Clinton, représentante de l’aile des « faucons » de l’establishment. Lors de ces mêmes élections, le parti Républicain a obtenu la majorité dans la chambre des Sénateurs et des Représentants (députés), lui permettant une marge de manœuvre de plus en plus remise en question avec les différents échecs législatifs du gouvernement Trump ces derniers mois. Ce 6 novembre auront lieu les élections de mi-mandat lors desquelles on s’attend à ce que le parti au pouvoir reprenne la majorité au Sénat, mais pas chez les députés, où la plupart des experts s’attendent à une « vague bleue », référence à la couleur du Parti Démocrate, qui s’il a perdu de son impulsion de départ, maintient un avantage sur le camp républicain.

Jusqu’à aujourd’hui, la présidence du magnat de l’immobilier a été marquée par les scandales, depuis le RussiaGate, l’enquête sur une possible intervention russe dans les élections de 2016, et où le président lui-même est concerné par l’enquête, jusqu’à la dernière grande bataille législative pour faire confirmer le juge Brett Kavanaugh comme membre de la cour suprême. Le cabinet présidentiel a connu de grandes transformations, comme le remplacement du chef de cabinet présidentiel Rience Priebus par l’ancien général John F. Kelly et celui de Rex Tillerson par Mike Pompéo. L’agenda législatif de ces dernières années n’a pas été beaucoup plus apaisé pour le gouvernement, la seule réussite ayant été l’adoption de la réforme fiscale, plombée par la tentative ratée de remettre en cause le système de santé connu sous le nom d’ObamaCare. Malgré tous ces éléments, l’économie américaine a continué sa croissance, aux alentours des 4%, et le taux de chômage se maintient à 4%. Dans ces conditions, maintenir le contrôle du Sénat ne semble pas un objectif si difficile.

Scénarios pour le Congrès

Le sénat des Etats Unis est composée de 100 membres, soit 2 pour chaque état de l’union, et il se renouvelle à chaque fois d’un tiers dans la limité d’un sénateur par Etat, sauf exception. Actuellement, le parti républicain détient la majorité avec 51 sénateurs, ce qui a permis de confirmer le juge Kavanaugh, même en plein milieu d’un scandale portant sur des accusations d’agressions sexuelles. Sur les 35 sièges en jeu dans cette élection, 26 sont aux mains du parti démocrate, sur lesquels les Républicains pourraient gagner un siège et 4 autres sont en balance. Les 9 sièges restants sont Républicains et 5 le resteraient, tandis que 4 autres sont en balance.
Le parti au pouvoir pourrait perdre un siège et conserver la majorité car, en cas d’égalité, c’est le vote du vice-président, Mike Pence, qui déterminerait le scrutin. Une raison pour laquelle la plupart des analystes tablent sur le fait que les Républicains devraient garder le contrôle de la chambre haute.

Le panorama est à l’inverse pour la chambre base, où la majorité des enquêtes donne gagnant les Démocrates, avec une marge plus ou moins importante. Les députés sont élus de manière proportionnelle à la population de chacun des 435 districts du pays, et le parti d’opposition garde l’avantage du vote populaire comme cela était le cas en 2016. Les analyses divergent entre les consultants sur le nombre de districts considérés comme en compétition, certains comme le site FiveThirtyEight assurent que les démocrates obtiendront au minimum 218 députés, c’est-à-dire la majorité de la chambre. Les plus mesurés parlent de 208 députés assurés et autour de 30 sièges en balance.
Dans le système électoral états-unien, un seul député est élu par district pour un mandat de deux ans. C’est pourquoi la chambre est renouvelée entièrement à chaque vote.

Historiquement, les élections de mi-mandat reçoivent beaucoup moins d’attention que les présidentielles mais, dans le cas présent, elles sont devenues une forme de référendum public, où se joue quelque chose de plus que les sièges du congrès. Un triomphe républicain sera considéré par le président comme un soutien à son programme de gouvernement.

Avec le dernier grand scandale autour de la confirmation du juge Kavanaugh, la base républicaine a pris de l’ampleur et les sondages pour le Sénat ont pris une teinte de plus en plus rouge (de la couleur traditionnel du parti républicain). Même si cela ne devrait pas permettre aux républicains d’en gagner de nouveaux, cela semble suffisant pour maintenir les sièges actuels. Seul un siège dans le Nevada est en balance et ce n’est pas par hasard que s’y soient rendus Obama, lors de sa seule apparition de la campagne, et le vice-président Joe Biden. Au parlement, le scandale a eu un effet similaire sur le mouvement de femmes, principalement les femmes blanches des banlieues résidentielles où se concentrent les classes moyennes, dont on attend qu’elle participe massivement au scrutin en faveur des Démocrates. Comme nous l’expliquons plus-haut, la différence principale entre les deux phénomènes est le poids du vote populaire qui est plus important dans le cas des députés, élus de manière proportionnelle à la population.

Evidemment, le scénario d’une reprise en main de la chambre par l’opposition n’est pas le meilleur pour Trump, puisque des députés pourraient engager une procédure d’impeachment, dont le spectre plane sur le congrès depuis la publication d’une lettre anonyme dans le New York Times mais cette procédure n’a jamais réussi à obtenir un appui suffisant au sein du Parti Démocrate. Dans tous les cas, le danger réel est limité puisque c’est le Sénat qui doit approuver la décision finale à la majorité qualifiée, ce qui impliquerait que des Républicains votent en faveur de la destitution de leur propre président, et cela signifierait se tirer une balle dans le pied.

Ce qui pourrait bien se passer, en revanche, et que certains analystes pronostiquent déjà, c’est l’apparition d’une sorte de Tea Party de « gauche ». Le Tea Party est un mouvement ultra-conservateur qui s’est formé en tant qu’aile droite du Parti Républicain en 2009 et qui s’est regroupé dans la chambre basse dans le Freedom Caucus. Depuis la campagne électorale de 2016, où Bernie Sanders, sénateur de l’Etat du Vermont et candidat aux primaires du parti démocrate a pris les habits du candidat de la jeunesse, parlant ouvertement de « socialisme » (dans une perspective social-démocrate), un mouvement important s’est formé à la gauche de l’establishment démocrate. Celui-ci a donné lieu à des phénomènes comme celui de Alexandria Ocasio Cortez, qui a mis en déroute l’un des principaux leaders du parti dans les élections internes à New-York, avec un programme orienté vers les travailleurs et le soutien au Democratic Socialist of America (DSA). Il faudra voir comment se poursuit ce processus, en prenant en compte que le parti Démocrate est l’un des récupérateurs de mouvements sociaux les plus efficaces des Etats Unis. Un phénomène qui a déjà eu lieu avec Ocasio Cortez, qui a largement modéré son discours après sa victoire dans les élections internes, faisant un trait sur toute forme d’appartenance au DSA et se mettant à parler directement au nom du parti démocrate.

Elections des gouverneurs

Sur les 36 Etats qui sont en jeu dans ces élections, 9 sont aux mains des démocrates qui en conserveraient au minimum 7 d’entre eux. Les Républicains disposent de 26 gouverneurs et pourraient en perdre 3. Dans l’état de l’Arkansas, actuellement gouverné par un indépendant, les enquêtes donnent vainqueur le candidat républicain. Les différentes officines parlent de 3 à 11 Etats où les scénarios sont ouverts, mais tous s’accordent sur le fait de dire que les démocrates gagneraient des positions. Selon les pronostics de FiveThirtyEight, le parti démocrate terminerait les élections gouvernant 24 des 50 Etats de l’Union, atteignant 60% de la population américaine.

Nous allons assister sans aucun doute à une reconfiguration de la carte du pouvoir aux Etats Unis mais celle-ci ne sera pas aussi profonde que celle qui a eu lieu au début de l’année lors des élections internes et bien moins importante que ce que souhaiterait l’establishment nord-américain.

Source : La Izquierda Diario

Traduction par R.M.


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