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Ministre autoritaire

En pleine contestation du Bac, Blanquer annonce de nouveaux chantiers

Fidèle à lui-même, face à la contestation, le ministre de l’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer, fait la sourde oreille. Alors que la grève du baccalauréat est lancée, il relance les chantiers –très contestés- de la réforme de la formation des enseignants et du brevet.

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Jean-Michel Blanquer sait faire dans l’auto-persuasion. « Le baccalauréat se passera de façon normal » a-t-il assuré sur Europe 1 le 31 mai, cherchant à couper court à l’appel intersyndical à la grève des surveillances du baccalauréat le lundi 17 juin.

Une grève des examens qui se construit…

Pourtant, dans les établissements et au niveau des rectorats, c’est un autre son de cloche qu’on entend : avec beaucoup moins de certitude, le Recteur de l’Académie de Créteil a demandé aux chefs d’établissements de prendre toutes les dispositions nécessaires, d’indiquer les « intentions de perturbations, même si vous ne pensez qu’il ne s’agit que de rumeurs », d’avoir recours, alors que la mesure n’est pas réglementaire, à « mobiliser vos personnels AED et administratifs », d’oublier « l’obligation statutaire à avoir 2 surveillants par salle ». Preuve, s’il en est, que l’administration prend l’appel à la grève des surveillances du baccalauréat très au sérieux…

La grève des examens a d’ailleurs déjà touché les corrections du BEP : en Seine-Saint-Denis, 60 professeurs de lettres-Histoire ont refusé de corriger les copies du BEP mardi 11 et mercredi 12 juin pour protester contre la réforme qui touche la voie professionnelle au lycée.

Cette action fait suite à une tribune diffusée dans Médiapart le 7 juin dernier et signée par 171 enseignants des lycées professionnels de Seine-Saint-Denis. Dans cette tribune, les enseignants contestent « l’ubérisation de [leurs] métiers : les cours à la carte, le recrutement par les chefs d’établissements, la mise en concurrence des lycées et des personnels ». « Cette nouvelle réforme, sous couvert « d’excellence », consacre l’instauration d’un sous-bac, loin de pouvoir garantir la poursuite d’étude : baisse importante des horaires des matières générales (45 minutes par semaine de maths et autant en français en CAP, 1h15 en bac pro) et appauvrissement des programmes » explique-t-elle.

Blanquer, sourd et autoritaire, veut fermer le chapitre de la contestation enseignante

« Le ministre de l’Education Nationale pratique-t-il la méthode Coué ? » s’interroge Frédérique Rollet, secrétaire générale du SNES-FSU dans un édito du 8 juin.

Cela en a tout l’air. Ce mercredi 12 juin, dans son allocution à l’Assemblée Nationale, le ton était donné par Edouard Philippe : il a montré que le gouvernement souhaitait passer à l’étape supérieure et renouer avec le rythme des contre-réformes après la contestation, toujours ouverte, des Gilets jaunes et des Européennes.

En bon élève du gouvernement, Jean-Michel Blanquer veut lui aussi refermer, par la force, le chapitre de la contestation enseignante – contre la loi Blanquer, contre la réforme du lycée professionnel et générale, contre Parcoursup - de cette année 2018-2019, parmi les plus importantes depuis les mobilisations de 2003 dans l’Education Nationale. Et ainsi, oublier sa chute de popularité qui, selon un sondage IFOP commandé par paris Match, lui a fait perdre près de 10 points depuis mars.
Faisant fi de la grève du baccalauréat, véritable marronnier médiatique du mois de juin, et comme pour ouvrir un contre-feu, Jean-Michel Blanquer a d’ores et déjà annoncé qu’il comptait s’attaquer à la formation des enseignants et au brevet des collèges.

Formation des enseignants et brevet des collèges dans le viseur

Interrogé par la commission d’évaluation des politiques publiques de l’Assemblée Nationale le 3 juin dernier, Jean-Michel Blanquer s’est laissé aller à quelques annonces.

Il souhaite modifier le brevet des collèges pour 2021, dont la dernière modification date de…2017, sous son ministère. Ce sera la troisième en cinq ans. Jean-Michel Blanquer a assuré qu’il souhaitait « favoriser l’engagement des élèves pour des causes altruistes » au collège mais aussi alléger le nombre d’épreuves, d’un examen jugé « un peu lourd ». Des allusions qui restent extrêmement floues.

Mais ce dont on peut craindre, c’est que la refonte de l’examen n’aille un peu plus dans la logique du « socle commun » : la validation de compétences minimales pour les élèves, en particulier issus des catégories socioprofessionnelles défavorisées et des collèges relégués, avec le recentrage sur l’éducation civique, la maitrise de la langue, le calcul ; autrement dit, sur la docilité et la maitrise de compétences orientées vers les attentes du monde professionnelles. Si Jean-Michel Blanquer constate, comme à chaque fois, l’inégale réussite scolaire des élèves selon leur origine socio-spatiale, ce discours ne s’est jamais accompagné d’une attitude volontariste pour les combattre.

A la veille de la publication de la loi Blanquer, renforcez la mobilisation

L’autre pan des chantiers annoncés est la réforme des Etablissement Supérieur du Professorat et de l’Education (ESPE) qui forment les enseignants : annoncée dans la très contestée « Loi Blanquer » dont la dernière copie devrait être rendue le jeudi 13 juin, un arrêté fixant le cadre national des formations dispensées aux futurs enseignants devrait être publié d’ici 15 jours. Déplacement du concours en fin de M2, pré-recrutement de professeur dans le vivier d’assistant d’éducation, la réforme prévoit aussi de faire passer la tutelle de la formation des enseignants aux recteurs. Ce que craignent les syndicats, en substance, c’est une mise au pas des enseignants en formation, qui se verront attribués des classes sans garanties professionnelles ni salariales.

En pleine contestation et lancement des grèves des examens, Jean-Michel Blanquer dont les méthodes autoritaires lui ont valu une impopularité croissante auprès des enseignants, cherche à maintenir le cap des réformes. La contestation contre la loi Blanquer, dont la dernière copie sera rendue jeudi 13 juin, aura permis de le faire en partie reculer sur les Etablissements Publics de Savoirs Fondamentaux. Mais il reste l’article 1, le principe d’une école à deux vitesses avec les EPLEI, ces établissements internationaux à recrutement social favorisé, la refonte de l’enseignement des enseignants, l’ouverture des fonds publics vers les écoles maternelles privées… sans parler de Parcoursup et des réformes des lycées !

Pas de quoi relâcher la mobilisation, bien au contraire. Et une raison de plus pour suivre l’appel à la grève des examens, sous toutes ses formes, qu’ont initié, sous pression de la base, les organisations syndicales.

Crédit photo : AFP.


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