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« Castaner, le Goebbels de Macron. Médias collabos »

Enseignante-gilet jaune mise en garde-à-vue pour une pancarte : les prémices de la loi Blanquer ?

Enseignante, responsable syndicale Force Ouvrière, Isabelle a été conduite en garde-à-vue à la fin de la manifestation des Gilets Jaunes samedi dernier à Paris. C’est sa pancarte - « Castaner, le Goebbels de Macron. Médias collabos » – qui a attiré l’attention des policiers.

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Crédits photo : la photothèque Rouge

Enseignante et gilet jaune, Isabelle a été arrêtée, avec son mari, samedi 11 mai, à la fin de la manifestation des Gilets Jaunes qui s’est tenue à Paris. Sa garde à vue ne dure que quelques heures. Celle de son mari, Christophe, poursuivi pour « provocation à la rébellion » jusqu’au lendemain.

Si les garde-à-vue abusives sont légions depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes, celle d’Isabelle, pour une pancarte, marque un nouveau cap. Comme le précisent ses avocats au Monde, Muriel Ruef et Raphaël Kempf, il n’a pas été difficile de démontrer l’illégalité de la garde-à-vue : la garde-à-vue ne peut être retenue que si les faits reprochés sont passibles d’emprisonnement. Or, dans le cas d’Isabelle, il s’agirait d’une « injure publique », uniquement passible d’une amende.

Le cas d’Isabelle, comme celui de son mari et de nombreux gilets jaunes, gardés à vue sont révélateurs des entorses à la loi devenues systématiques dans les pratiques policières depuis le début du mouvement. Les motifs viennent justifier après coup les mises en garde-à-vue. Pour le cas d’Isabelle, son avocat Raphaël Kempf, s’interroge : « les policiers […] ignoraient-ils » que « l’injure publique » dont est accusée Isabelle, ne permettait pas une garde-à-vue ? S’agit-il d’une simple erreur judiciaire ou d’une entorse volontaire aux procédures légales ?

Outre la mise en exergue des entorses à la loi dans la conduite des gardes-à-vue, le cas d’Isabelle, enseignante, gilet jaune et responsable syndicale Force Ouvrière sur son établissement, concrétise les craintes des enseignants au sujet de l’article 1 de la loi de « l’école de la confiance » dite loi Blanquer, qui impose le « devoir d’exemplarité aux enseignants ». Cet article 1 précise que les enseignants n’auront plus seulement un devoir de réserve face aux élèves, mais dans tous les aspects de leur vie civile, en restreignant leurs droits d’expression sur les réformes en cours dans l’éducation ou concernant le gouvernement.

Lorsqu’elle retrace le déroulé de la manifestation Isabelle raconte avoir été sommée par les forces de police de ranger sa pancarte, ce qu’elle a fait, en début de manifestation. Et ce n’est qu’en fin de manifestation, identifiée donc, qu’elle a été interpellée. C’est donc bien pour sa pancarte, affichant un message politique faisant référence à la Fake News de Castaner lancée autour de « l’attaque » de la Pitié-Salpêtrière, qu’Isabelle a été placée en garde-à-vue. Avec la nouvelle loi Blanquer, en cours d’examen au Parlement, on peut présumer que cet acte ne lui aurait pas seulement valu d’être sous le coup de « l’injure publique » qui permet de censurer l’opposition, mais aussi d’être mise en faute par sa hiérarchie professionnelle.

Les craintes concernant la loi Blanquer se concrétisent donc largement, dans un contexte où, dans l’éducation, les pressions sur les actes de revendications se multiplient. C’est déjà un fait notable – et inquiétant – que le cortège de la FSU lors du 1er mai ait été l’objet de violences policières au même titre que Solidaires et la CGT. Mais il y a aussi, cet enseignant syndicaliste au Snes qui a été violemment interpellé lors de la grève de la fonction publique, jeudi 9 mai, à Nice, avec d’autres collègues syndicalistes à Sud Education. Il y a, au collège de la République, à Bobigny, des sanctions exceptionnelles et grossières – mutations forcées et sanctions disciplinaires - tombées sur des enseignants syndicalistes pour le très simple fait de s’être opposés aux décisions de leur direction.


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