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Homophobie dans la santé

Etats-Unis. La Protection Civile fait appel à un groupe d’ultra-droite anti-LGBTQ+ pour construire un hôpital de fortune à Central Park

La crise du coronavirus met en lumière les nombreux défauts du système de santé américain, dont son caractère oppressif institutionnalisé.

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Article publié le 6 avril 2020 par Signy A. sur LEFT VOICE.

Un petit hôpital de fortune composé de 68 lits dispersés dans 14 tentes est en cours de construction à Central Park (New York). Il s’agit d’un projet commun mené par l’Agence fédérale des situations d’urgence (FEMA) (équivalent de la Protection Civile) sous la direction de Trump et d’un groupe d’évangélistes chrétiens appelés Samaritan’s Purse. Ce petit hôpital acceptera des patients du Mount Sinai Hospital afin d’y libérer de la place.

Le groupe qui prend en charge cette construction a un programme résolument anti-LGBTQ+. Il est dirigé par Franklin Graham, déjà dénoncé par l’association chargée de promouvoir la tolérance, Southern Poverty Law Center, pour homophobie, transphobie et islamophobie. Il était convié lors de l’investiture de Trump, et reçu un million de dollars des fonds du Comité présidentiel inaugural.

Les soignants qui travaillent dans cet hôpital à titre volontaire, doivent se soumettre à de nombreux principes et dogmes, comme le fait que le mariage doive uniquement être reconnu entre « un homme de sexe masculin et une femme de sexe féminin » et que les « non vertueux doivent être condamnés à un châtiment éternel en enfer ». Alors que la Mairie a interpellé l’hôpital sur le fait qu’il doit respecter les droits humains et civiques de New York, celui-ci n’a pas donné de réponse. Pourtant, la transphobie au sein du système médical, ainsi qu’aux urgences, demeure un sérieux problème.

L’homophobie entrave le remède contre le Covid

Un des traitements potentiels contre le Covid-19 est la transfusion de plasma sanguin venant de personnes ayant été guéries et présentant un taux élevé d’anticorps contre le virus. Cependant, le caractère homophobe de l’institution médicale entrave l’utilisation de ce traitement. Ainsi, un homme s’étant récemment rétabli du virus et qui s’était porté volontaire pour donner son plasma afin de développer ce traitement contre le Covid-19, a essuyé un refus à cause de son orientation sexuelle. Après avoir déposé un échantillon sanguin auprès du centre de donation new-yorkais, il a reçu un appel lui expliquant qu’ils n’utiliseraient pas son sang car il s’agissait d’une personne gay prenant de la prophylaxie pré-exposition, un traitement prévenant la contamination par le SIDA des personnes non infectées. Un médicament qui peut être utilisé par tout le monde mais dont l’usage est fréquent chez la communauté LGBTQ+. Cet homme a même proposé d’arrêter son traitement pendant quelques semaines dans le cas où ce dernier affecterait son sang. Cependant, le centre de don du sang new-yorkais a refusé une seconde fois, invoquant son règlement homophobe, et refusant d’accepter les donations de sang venant des personnes qui appartiennent à la communauté LGBTQ+, bien que celles-ci ne soient nullement contaminées par le SIDA.

Un manque de préparation dû aux politiques néolibérales

Outre le non-respect des droits humains, le nombre de lits proposés par cet hôpital de fortune représente une goutte d’eau dans un océan par rapport aux besoins actuels. Le gouvernement new-yorkais estime qu’il ne faudrait pas moins de 110 000 lits d’hôpitaux alors qu’il n’en dispose que de 50 000 à l’échelle de l’État. La caste dirigeante souhaite désormais faire appel à l’armée afin de réaménager des bâtiments de la ville en hôpitaux dédiés à l’accueil des patients touchés par le coronavirus. Ces dernières décennies, rien qu’à New York, ce ne sont pas moins de 20 000 lits qui ont été supprimés en raison des politiques néolibérales. De plus, au lieu de taxer les grandes banques new-yorkaises et Wall Street, le gouverneur Andrew Cuomo cherche à retirer 400 millions de dollars du budget du Fond médical newyorkais.

Que faire ?

En tant que socialistes, nous affirmons que nous ne pouvons faire confiance aux institutions coercitives de l’Etat américain, qui répriment les travailleurs et les classes populaires, les personnes racisées et LGBTQ+, pour résoudre cette crise. Un Etat qui prive une grande partie de la population de système de santé, offrant cette question aux spéculateurs. Alors, que le personnel médical, des médecins aux aides-soignants, continue de se battre héroïquement, dans des conditions qui dépassent la limite du supportable, dans certains hôpitaux, le personnel soignant est obligé de porter des sacs poubelles en guise de protection parce qu’il n’y a pas assez de blouses. Ils sont aussi obligés de réutiliser des masques et des gants malgré le fait que cela augmente le risque de répandre le virus en les réutilisant.

Si nous avions un système de santé entièrement développé et démocratiquement géré par les médecins, les patients, et une société qui place au premier plan les intérêts de l’humain plutôt que le profit, nous aurions aujourd’hui suffisamment de lits et d’équipement de protection en ces jours malheureux. La science a toujours eu connaissance des pandémies, mais notre société actuelle préfère écouter les politiciens et les patrons que les scientifiques, docteurs et ingénieurs. Nous aurions dû lancer un programme de recherche scientifique après la première apparition du SARS en sachant que tôt ou tard un autre coronavirus pourrait apparaître.

Face à l’urgence, nous devons aujourd’hui placer toute l’économie (industries, moyens de transport, laboratoires et tout ce qui est en notre possession) au service de la lutte contre la pandémie. Il sera par la suite impératif de mettre en place un plan de prévention pour les autres pandémies à venir. Il est inacceptable de devoir souffrir et compter autant de morts. Si nous profitons de cette opportunité pour faire que notre économie et notre système de santé travaille pour les Hommes plutôt que le profit, nous pourrons avoir des hôpitaux capables d’accueillir tous les patients, plus de personnels soignants, plus de matériel de protection, plus de tests et de moyens techniques.

Nous connaissons nos ennemis : un terrible virus et une classe dirigeante qui continue de sacrifier des vies pour son profit personnel, au moyen du racisme, du sexisme, de l’homophobie et de la transphobie. Nous connaissons notre classe et nos camarades : les braves soignants, les conducteurs, les pharmaciens et autres travailleurs. Tout ce qu’il nous reste à faire maintenant c’est de nous organiser et de nous battre !

Traduction : Louise B.


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