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Répression du mouvement ouvrier

Être militant ouvrier en Chine ? Ça mérite une assignation à résidence !

Tandis que l'état d'urgence sert depuis plusieurs semaines de prétexte au gouvernement pour accroître la répression visant des secteurs combatifs du monde du travail en France, la bureaucratie de Pékin lance à son tour une offensive répressive contre les militants ouvriers combatifs en Chine. Depuis début décembre, des dizaines de militants ouvriers ont ainsi été assignés à résidence, arrêtés ou tout simplement portés disparus. Avec l'objectif affiché de faire taire une contestation ouvrière grandissante dans un contexte de ralentissement économique et d'intensification des tensions sociales. Ivan Matewan

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Des dizaines de militants ouvriers combatifs réprimés dans le Guangdong

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Une vague de répression contre le mouvement ouvrier déferle sur la Chine. Entre les 3 et 9 décembre, dans le Guangdong, province dans le sud du pays, les militants Zeng Feiyang, Zhu Xiaomei, Deng Xiaoming He Xiaobo, Peng Jiayong et Tang Jian ont été arrêtés, alors que Meng Han a disparu et Chen Huihuai a été assigné à résidence. Leur point commun ? Être tous des militants combatifs défendant les droits des travailleurs.

Zeng Feiyang et Zhu Xiaomei sont des figures reconnues dans la lutte des ouvriers migrants, notamment dans les zones rurales. Ils aident les ouvriers à obtenir les salaires impayés, les primes et les cotisations sociales garanties par la loi mais dont le versement est peu respecté par les employeurs. Deng Xiaoming, Peng Jiayong, Tang Jian et Meng Han sont d’éminents militants de la lutte pour l’établissement de branches syndicales au sein des entreprises et la défense de la négociation collective. Chen Huihuai est à la tête de l’une des plus influentes ONG de défense des intérêts des travailleurs dans la province du Guangdong.

Certains, comme Zeng Feiyang et Zhu Xiaomei sont aujourd’hui accusés d’avoir « assemblé une foule pour perturber l’ordre social ». Notamment pour leur participation à une grève au printemps, qui a vu des milliers de salariés d’une usine de chaussures Lide, dans la ville de Panyu, exiger le versement de leurs salaires. D’autres, comme He Xiaobo, responsable d’une association aidant les victimes de blessures professionnelles à Foshan, sont accusés de « détournement de fonds ». Les autres n’ont pas encore vu de charges portées à leur encontre. {{}}

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La répression : réaction de la bureaucratie de Pékin face à la montée des tensions sociales

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Le durcissement de la politique de la bureaucratie de Pékin à l’égard du mouvement ouvrier est une réaction aux difficultés économiques que connaît le pays depuis près d’une année. Ces difficultés ont provoqué de nombreuses fermetures ou relocalisations d’usines. Le Guangdong, foyer de la production manufacturière chinoise, souvent qualifié « d’atelier du monde », n’a pas été épargné par ce ralentissement de l’économie du pays.

Face à la dégradation économique, les employeurs tentent de faire payer l’addition aux travailleurs, ce qui n’est pas sans mécontenter ces derniers. Selon le China Labor Bulletin, le nombre de grèves a plus que triplé depuis trois ans, et ce taux a atteint un nouveau record en novembre 2015 avec plus de 301 grèves enregistrées. Cette agitation ouvrière s’est justement concentrée dans la province du Guangdong où plus de 56 grèves ont eu lieu dans l’industrie manufacturière, le bâtiment et les mines. Dans la plupart des cas, les travailleurs réclamaient le paiement de leurs salaires après la fermeture ou la relocalisation de leurs usines. Devant la volatilisation de leurs employeurs, les travailleurs n’hésitaient pas à encercler les bureaux gouvernementaux afin d’exiger leur restitution.

En permettant à la police chinoise de sévir de plus en plus contre les militants du mouvement ouvrier, la bureaucratie de Pékin espère garder la main sur les travailleurs. Cependant, ses relais dans la classe ouvrière – le syndicat unique officiel – ont de plus en plus de mal à contenir la colère des salariés qui voient leurs conditions de travail et de vie se dégrader dans la nouvelle phase de la crise économique mondiale. Le syndicat unique et ses variantes sont contrôlés par la bureaucratie et se rangent toujours du côté du patronat contre les intérêts des travailleurs qu’ils sont censés défendre.

En réprimant les secteurs les plus combatifs du monde du travail, la bureaucratie chinoise cherche à tout prix à empêcher l’émergence d’un mouvement ouvrier qui serait indépendant à la fois du Parti communiste chinois et de l’État chinois et capable d’en finir avec les conditions d’exploitation draconiennes qui règnent actuellement dans le pays. Et ce alors même que la crédibilité de la bureaucratie du Parti communiste chinois commence à craquer sous la pression des difficultés économiques. Ainsi, la répression vise en dernière instance à tuer dans l’œuf toute contestation sociale plus grande, afin de garantir la poursuite de la restauration capitaliste dans le pays.

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