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Party...els de fin d’année

Exams de rentrée. Stress et bachotage au pied du sapin

« Vous avez trois heures. » Voilà, on y est. Les trois heures redoutables qui vont achever un semestre d’enseignements. Douze semaines de cours, évaluées en un partiel sur table, au lendemain de fêtes de fin d’année. Et ce pour chaque matière ou presque. Pour les étudiants-travailleurs, pas le droit à l’erreur pour leur seul rendu. Pour les autres, ces copies-doubles auront été complétées d’un exposé oral ou d’un dossier écrit rendu préalablement ou dans le même temps. Voilà à quelle sauce les étudiants sont mangés. Evalués sur leur capacité à recracher les noms et théories des penseurs qui ont peuplé leur cursus. Notés parfois également sur l’ajout d’une « réflexion personnelle critique » quant au sujet, mieux vaut ne pas être trop en désaccord avec l’enseignant ou avoir la chance que celui-ci soit suffisamment professionnel. Chaque année dans chaque fac de l’hexagone, tout juste un peu plus réflexif que le bachotage de toute notre scolarité précédente. Mar Martin

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Dinde aux marrons, cotillons, et… révisions ?

« Un peu de champagne ? » Bourdieu devait bien en boire lui aussi après tout… 7 jours, c’est le temps qui sépare deux des fêtes majeures du pays : Noël et le Jour de l’an. Deux fêtes incontournables, pour ceux qui ne sont pas retenus au boulot. Pour nous, étudiants, c’est chaque année un exercice d’équilibriste intéressant : il s’agit de remplir sagement la demande de présence en famille, son envie d’ouvrir positivement la nouvelle année entouré de ses amis, et son devoir de valider son cursus universitaire. « Elle est très bonne ta purée de marron Mamie. » Si seulement Foucault avait été cuisinier plutôt… 7 jours pendant lesquels il faut faire les allers-retours pour rejoindre les parents, les grands-parents, les cousins, les repas qui commencent par l’apéritif, qui s’éternisent sur les blagues des oncles et les éternelles anecdotes des grands-parents, et qui se terminent par les promenades digestives. « Je t’en remets un petit peu ? » Tant qu’y a encore un peu de place pour mes fiches de révisions… 7 jours qui sont la moitié du temps imparti pour réviser l’ensemble de vos cours du premier semestre, rédiger trois dossiers et avancer votre mémoire. Car ces 7 jours ne sont pas colorés en « vacances » sur le calendrier universitaire, mais bien en « pause pédagogique » amenant directement à la semaine « d’examens semestre 1 ». Une idée brillante pour des conditions de réussite optimales. Stressé pour la dinde, l’estomac plus rempli que la tête pour le partiel.

Connaissances du cours ou réflexions personnelles ?

Bourdieu, Foucault, Arendt… L’Etat, le pouvoir, les catégorisations, les représentations… Ou peut-être que c’était Weber ? Et pourquoi on ne dit rien sur Lénine ? « L’étudiant devra restituer les notions abordées pendant le cours et alimenter la dissertation d’une réflexion personnelle critique sur le sujet. » Au moins on ne nous demande pas que de recracher le cours. Mais c’est quoi les modalités d’évaluation pour la « réflexion personnelle » ? « Quel est le rôle des catégorisations dans les rapports de domination ? » « Quel est l’intérêt du biais de disponibilité pour la sociologie ? » C’est-à-dire que je me pose rarement la question de cette façon… C’est donc bien les ressources données dans le cours qu’il va falloir aller chercher. Réfléchir en connaissance des élaborations précédentes certes, mais dans le temps imparti et les modalités d’évaluation, il est clair que la note dépendra surtout du nombre d’auteurs et de théories vus dans le cours et restitués, réellement compris ou non, peu importe. La réponse à la question se situe donc de toute façon dans le champ universitaire dominant, celui qui étudie les noms bien acceptés ou rendus acceptables, et qui oublie totalement de mentionner le fait que d’autres - trop révolutionnaires - ont écrit des bouquins entiers sur le sujet, et pire, les ont mis en pratique. Mais pas d’inquiétude, si tu as un avis, il te reste quelques lignes à occuper intelligemment en fin de conclusion : on appelle ça « l’ouverture », c’est le moment où tu dois ajouter ta touche, l’instant où tu peux t’abandonner à pousser le sujet vers l’inspiration, vers ce qu’il n’a pas pu être.

Stylo bille ou stylo plume ?

C’est qu’on a grandi à la fac, on a le droit de choisir nos outils. « Monsieur, vous voulez un plan apparent ? » Le choix, bien modelé par les sept années de collège-lycée. Partie I : Oui. Partie II : Non. Partie III : Dépassement de l’opposition frontale entre les deux. Le tout sans faute d’orthographe, sans rature, et avec une écriture parfaitement lisible. La forme compte pratiquement autant que le fond dans ces évaluations qui forment moins des êtres à penser que des êtres à faire, à faire bien, à faire bien français, à faire bien soigné. Une réflexion « bien structurée » et « bien formulée » ou… bien formatée. Les tournures « pensent que », les « faits semblent apparaître comme » et « nous supposons » qu’ainsi doivent se rédiger tous travaux qui cherchent la crédibilité. « Les auteurs cherchent habituellement à donner du poids à ce qu’ils écrivent en adoptant un style académique, quitte à sacrifier le sens véritable » disait le sociologue américain Howard Becker en 2004.

Je, tu… nous ?


« Quelqu’un.e pourrait m’envoyer le cours de H*** svp ? » C’est là une différence majeure d’avec les préparations aux concours sélectifs : la vie de promo. Incarnée sur un mur Facebook, qui permet l’échange de cours autant que d’informations, les rappels des dates limites, ou autres encouragements. Une entraide qui en sauve plus d’un et impulse des dynamiques de réflexion collective bien différente de la concurrence qui règne dans les jungles de médecine ou Science Po’. Un petit bol d’air au milieu du stress des partiels et des rendus. Mais c’était sans compter l’intervention de Madame Belkacem et sa réforme imposant la sélection en master. Un bel outil pour instaurer progressivement la défiance entre étudiants dont l’obtention du diplôme est menacée par la réussite de ses camarades. Les partiels risquent à l’avenir de prendre une toute autre allure… « SVPPP quelqu’un… »« Non. »


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