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Covid-19

Face aux labos pharmaceutiques et leurs lobbys, former des commissions de recherche indépendantes !

Les laboratoires pharmaceutiques figurent parmi les plus grandes multinationales au monde, leurs chiffres d’affaires sont semblables à ceux des entreprises les plus lucratives telles que dans l’industrie pétrolière ou l’automobile. Ces grands groupes sont bien plus intéressés par leurs profits que par notre santé et même n’hésitent pas à la mettre en danger si c’est assez rentable.

Mariana Azul

17 avril 2020

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Les laboratoires pharmaceutiques figurent parmi les plus grandes multinationales au monde, leurs chiffres d’affaires sont semblables à ceux des entreprises les plus lucratives telles que dans l’industrie pétrolière ou l’automobile. Ces grands groupes sont bien plus intéressés par leurs profits que par notre santé et même n’hésitent pas à la mettre en danger si c’est assez rentable. Dans la crise internationale du coronavirus ils cherchent tous à développer la molécule, le médicament ou le vaccin efficace qui engendrera un chiffre d’affaire conséquent.

Pourtant les coronavirus (terme générique qui désigne les virus transmissibles de l’animal à l’homme, aujourd’hui le Covid-19) sont bien connus des scientifiques, et ce particulièrement depuis les ravages du SRAS en 2003. Les scientifiques n’avaient aucun doute : tôt ou tard un coronavirus d’autant plus mortel ferait son apparition. Les grands laboratoires auraient pu développer des vaccins à ces formes de coronavirus, mais il n’en est rien car, comme le souligne David Harvey, « les grands laboratoires investissent rarement dans la prévention. Ils ont peu d’intérêt à investir pour préparer le système de santé publique à une crise sanitaire. Ils adorent concevoir des cures. Plus nous sommes malades, plus ils gagnent. La prévention ne contribue pas à la valeur actionnariale ».

Dans les 20 dernières années, ils ont distribué des profits de 1000 milliards d’euros à leurs actionnaires dont BlackRock, Vanguard et autres. C’est aussi la période où il y a eu le plus grand nombre de fusions et de rachats, ainsi le marché est détenu par 10 puissances pharmaceutiques au niveau international, connues sous la dénomination de Big Pharma : Sanofi Aventis, Novartis, AstraZeneca, GlaxoSmithKline, Merck, Eli Lilly, Roche, Abbott, Pfizer, Bristol Myers Squibb et Johnson Johnson.

Cette monopolisation du marché mondial qui a supprimé presque toute concurrence qui ne soit pas de taille face aux Big Pharma, a permis que les marges explosent. Deux exemples suffisent pour comprendre ce que cela signifie : en 2015 Martin Shkreli, homme d’affaire new yorkais, achète les droits du Daraprim destiné à traiter la malaria et le VIH. Ce médicament étant classé essentiel par l’OMS, son prix a été multiplié par 55 de 13,50 dollars à 750 dollars par le groupe Turing Pharmaceuticals qui le produisait. Bien sûr il existe aussi de grands groupes qui ne sont pas dans le top 10 des Big Pharma, par exemple le laboratoire américain Gilead produit le Sovaldi, médicament destiné à traiter l’hépatite C, celui-ci coûte à l’État français 41 000 € pour trois mois de traitement, ce qui a obligé la Sécurité Sociale à réserver ce médicament qu’à certains patients. Pourtant les coûts de production sont bien moins importants : dans le Journal of virus eradication publié la semaine dernière, une étude démontre que les essais cliniques sont évalués à 1$ et qu’ils pourraient être vendus à leur coût de production : ainsi les lois du marché sont faites de spéculation.

Cette concentration qui leur confère un pouvoir économique hors norme leur donne également une énorme capacité de lobbying. Selon une étude du CEO (Corporate Europe Observatory), les dix groupes les plus dépensiers dans l’activité de lobby (pas uniquement les Big Pharma) y investissent plus de 15 millions d’euros par an auprès de l’Union européenne. Ainsi ces dix groupes ont plus de 60 représentants influents au Parlement européen. Ils ont par conséquent de l’influence dans les instances sanitaires, sur le Ministère de la Santé, dans les commissions de recherche sur le covid-19, chacun faisant valoir son intérêt et dont les gouvernements sont complices. En effet les gouvernements successifs ont mené leurs politiques néolibérales de destruction des services publics qui ont réduit les hôpitaux à des moyens et des effectifs dérisoires. Bien évidemment en appliquant l’austérité, les systèmes tels que la Sécurité sociale en France sont de plus en plus défaillants, laissant les plus précaires sans possibilités de soins ou de remboursements. Par la destruction des services publics, les gouvernements permettent aux investisseurs privés de financer les secteurs de la santé et de la recherche.

En outre si les systèmes de santé sont délabrés dans des pays tels que la France, ils sont quasiment inexistants ou privés et réservés à des couches aisées, en Afrique, en Amérique latine ou en Asie, laissant les populations précaires dans des conditions de vie absolument impossibles, d’autant plus en cette période de crise sanitaire. Ces situations sont créées entre autres par la monopolisation du marché par les entreprises des puissances impérialistes qui exploitent et assèchent les pays semi-coloniaux.

Nous ne pouvons pas laisser plus longtemps la gestion de cette crise aux capitalistes car leurs profits ne vivent que par la mort de millions de travailleurs en première ligne du virus. Seule la nationalisation de toute l’industrie pharmaceutique et également de tout le système de santé sous contrôle des travailleurs et des usagers pourra garantir à l’ensemble de la population en France et à l’international l’accès à des soins, des médicaments d’une grande qualité et pas chers, gratuits pour ce qui relève du service public. Cela permettrait notamment le déploiement de campagnes de tests massives sur le coronavirus, de produire tout le matériel dont les hôpitaux ont besoin, dont des masques et des respirateurs.

La mise en commun de toutes les capacités de recherche à l’internationale avec l’objectif de garantir la santé des populations et non les profits des actionnaires pourrait être une alternative véritable à la crise sanitaire : nous revendiquons la constitution de commissions de recherche indépendantes de l’Etat et de toutes ses institutions, de tout intérêt privé. Les travailleurs en première ligne dans les hôpitaux sont ceux qui connaissent le mieux les besoins du terrain, et la gestion de la crise par les gouvernements démontre leur incapacité à subvenir aux besoins de l’ensemble de la population jusqu’à mener des politiques criminelles qui mettent la vie de millions de travailleurs en danger. Ce sont les travailleurs aussi qui ont les connaissances sur les traitements et la prise en charge des patients. Une collaboration étroite pourrait se mettre en place entre les travailleurs des hôpitaux, les étudiants en médecine, en pharmacologie, les travailleurs de laboratoires, ainsi que les ouvriers des usines de fabrication de médicament et de matériel sanitaire. Ce n’est qu’ainsi, par l’organisation démocratique des bases de la société quant aux décisions et aux mesures sanitaires, par le contrôle ouvrier des travailleurs sur leurs moyens de production, que nous trouverons une sortie progressiste à la crise.


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