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À droite toute pour les primaires

Fillon. Sans scrupule pour doubler El Khomri

Dans une interview donnée ce lundi 2 mai au journal patronal Les Echos, François Fillon le candidat très (très) conservateur à la primaire des Républicains pour les présidentielles, nous livre sa version d'une réforme du Code du Travail. Son but : le « plein-emploi » en France à la fin de son hypothétique quinquennat. Et pour cela, il propose des « réformes radicales », cherchant à se démarquer à la fois de la politique de Hollande et de l'un de ses principaux rivaux à droite, Nicolas Sarkozy. Pour ce qui est de la casse des droits des travailleurs, si l'on pensait avoir atteint des sommets avec le projet de loi El Khomri, Fillon les dépasse avec aise sur la droite.

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Camilla Ernst

Malgré l’opinion défavorable d’une majorité de la population sur la loi El Khomri, François Fillon a choisi de surfer sur la vague de la décrédibilisation du mouvement actuel, largement entamée par les médias, en l’assimilant aux « violences » et en expliquant sur un ton gentiment condescendant que les négociations, ce « jeu perdant-perdant », ne permettront pas d’améliorer la compétitivité en France. Selon lui, arriver au plein-emploi, soit moins de 5% de chômage, se fera par une série de réformes, toutes plus en défaveur des salariés les unes que les autres.

Sa première proposition serait de relever les seuils sociaux – seuils à partir desquels les salariés élisent des représentants du personnel – de 10 à 50 et de 50 à 100 salariés en fonction de la taille de l’entreprise. Moins de représentation pour moins de possibilité d’action. De toute façon, à quoi sert d’être représenté quand M. Fillon explique plus loin qu’il préconise le référendum d’entreprise en cas de blocage du dialogue, soit l’isolement du salarié face aux coups de pression du patron, comme on a pu le voir chez Smart  ?

En outre, il propose également de supprimer la durée légale du travail, s’évitant de délibérer sur le montant de majoration des heures supplémentaires, et de réformer les procédures de licenciement en introduisant le motif particulièrement flou de « réorganisation de l’entreprise », derrière lequel chacun rangera ce qu’il voudra. Là où il tombe d’accord avec Mme El Khomri, c’est sur l’inversion du rapport des normes, en favorisant les négociations d’entreprise ou de branche, individualisant de fait les potentielles contestations ou luttes des employés à chaque entreprise.

Pour aller plus loin, il propose également de conserver les contrats précaires de type CDD et de créer des « missions de 1 à 3 ans  » et « un statut de travailleur indépendant ». Cela permettrait aux entreprises d’embaucher sans crainte de requalification ultérieure du contrat du salarié en étant sûres d’embaucher à durée strictement déterminée !

Cerise sur le gâteau, pour « reconstituer un capitalisme français », Fillon dépoussière l’idée d’une flat-tax, un impôt à taux unique à 30 % sur les revenus du capital, à l’opposé de l’impôt progressif, échelonné sur les salaires, qui garanti un minimum d’équité entre tous. Quand en même temps il propose que certains puissent travailler tout en gagnant le RSA, on se demande comment, taxés à 30 %, ils pourront boucler les fins de mois...

Au fond, ce que regrette Fillon, c’est que la loi El Khomri soit «  déjà dépassée  », qu’« il ne reste plus grand chose  » au texte qu’il refuse de voter dans sa version soi-disant actualisée alors que la CFDT n’a fait qu’arracher quelques miettes. On croit rêver ! En quelques questions, il s’est clairement positionné en vue de 2017 du côté des entreprises et des patrons, contre le semblant de dialogue social d’un gouvernement qui «  multiplie les contreparties alourdissant les contraintes des entreprise » quand « de mauvaises habitudes ont été prises autour des négociations ». Ce qu’il veut, lui, c’est « un contrat démocratique clair  » passé avec les français au moment des élections, puis des réformes « en recourant aux ordonnances pour une exécution rapide  ».

Moins de représentation syndicale et de « concessions » aux travailleurs, plus de flexibilité, plus de précarité et plus d’heures travaillées, le programme de Mr Austérité fait rêver, de là à glisser son nom dans l’urne au prochain mois de mai...

Ce que les propos de Fillon expriment clairement c’est que tous ces représentants d’une caste politicienne au service du patronat mangent à la même marmite. Tous cherchent à rendre le capitalisme français plus « compétitif » par rapport à ses concurrents. Autrement dit, flexibiliser le travail et faire toujours plus de concessions aux multinationales hexagonales. On voit alors que le mouvement actuel contre la loi El Khomri n’est qu’un avant-goût de ce que les différents candidats de droite nous promettent.


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