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Tribune libre

Fillon : fol qui s’y fie !

L'ancien ministre de l'Enseignement supérieur puis de l'Education nationale, et finalement Premier ministre aime à se présenter comme un homme de ''principes'', l'homme de la ''rigueur''. Cependant si ''rigueur'' il y a, elle est destinée aux autres. Et souvent Fillon varie, fol qui s'y fie. Par c-Claude Lelièvre Blog : Histoire et politiques scolaires

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Un Fillon ’’thatchérien’’ et conservateur. Rappel (pour mémoire) d’un certain nombre de ses propositions.

Réécrire les programmes d’histoire du primaire pour en faire un « récit national » exaltant la « singularité française ». «  Demander aux conseils d’administration de se prononcer sur l’obligation d’une tenue unique pour les élèves ». « Donner aux directeurs d’école de réels pouvoirs de promotion des professeurs ». « Donner aux chefs d’établissement du second degré le droit de recruter les enseignants ». « Mobiliser tout le pays en faveur de l’apprentissage à 15 ans ». Favoriser le développement du secteur privé. Sans compter (mais quand on aime on ne compte pas) la «  suppression de 500000 fonctionnaires » : « infaisable ! » lui a lancé son concurrent Alain Juppé (un connaisseur, puisqu’il propose – lui – de supprimer 250000 postes de fonctionnaires au moyen de ’’non-remplacements ciblés’’).

Un Fillon ’’filou’’ (lorsqu’il y a quelque danger à être ’’courageux’’ sinon ’’téméraire’’).

Un exemple. Fin avril 1993, Edouard Balladur est nommé Premier ministre et François Fillon ministre de l’Enseignement supérieur. Le programme « Union pour la France » qui rassemblait les candidats du RPR et de l’UDF aux législatives du printemps 1993 s’était prononcé pour des « universités autonomes et concurrentielles ».
A la mi-mai 1993, le ministre de l’Enseignement supérieur François Fillon se déclare favorable à une proposition de loi uniquement si elle se limite à autoriser les universités qui le souhaitent à sortir du cadre législatif en place pour expérimenter de nouveaux modes de fonctionnement (la crainte des mésaventures du projet ’’Devaquet’’ pesant alors beaucoup ...). La loi est votée début juillet. Mais la manœuvre est éventée. Les sénateurs socialistes saisissent le Conseil constitutionnel qui juge qu’en votant « une loi autorisant les universités à s’organiser à leur guise sous la seule réserve que le ministre de tutelle ne fasse pas d’objection, le Parlement s’est défaussé indûment d’une des responsabilités que lui attribue la Constitution... ».

Un Fillon’’à géométrie variable’’, sujet à des ’’inversions’’. Trois exemples.

D’abord des refus initiaux du ministre de l’Education nationale François Fillon envers certaines propositions de la commission Thélot lors du débat à l’Assemblée nationale le 16 février 2005 (et motivés ’’catégoriquement’’) :
1) « Commençons par les propositions que nous n’avons pas retenues. Il y a d’abord l’apprentissage obligatoire de l’anglais dès le primaire. En France, nous restons attachés à la diversité linguistique. Ma philosophie ne m’incline pas à multiplier les obligations : les parents et les élèves doivent être informés, mais c’est à eux de choisir.
2) Je n’ai pas davantage retenu l’abaissement à 5 ans de l’âge de la scolarité obligatoire. Plus de 95 % des élèves sont scolarisés avant leur sixième anniversaire, mais il n’y a pas de raison de contraindre les familles qui font le choix contraire, d’autant que certains y voient une menace pour la maternelle. Notre école maternelle est une réussite : ne la fragilisons pas.
 3) La commission suggérait également de faire évoluer le métier d’enseignant en prévoyant que trois à six heures par semaine soient consacrées à l’accompagnement des élèves. Mais l’article 912-1 du code de l’éducation, issu de la loi de 1989, inclut déjà ces missions dans celles des enseignants. Enfin, il est délicat de quantifier cette partie du métier d’enseignant auquel beaucoup consacrent déjà bien plus de trois heures par semaine »
Puis, en complète opposition à ces trois refus (’’catégoriques’’) initiaux du ministre de l’Education nationale François Fillon, les trois propositions inversées du candidat à l’élection présidentielle François Fillon lors de son discours sur l’éducation du 10 avril 2014 :
1) « Choisir dès le primaire d’apprendre l’anglais, l’apprentissage d’une deuxième languecommençant dès le début du collège […]
2) Commencer la scolarité obligatoire à cinq ans (au lieu de six) de sorte que l’apprentissage de la lecture débute plus tôt, pendant l’année de grande section de l’école maternelle […]
3) Dans les misions du professeur doivent être inscrits l’accompagnement personnalisé des élèves et la formation des jeunes enseignants. C’est pourquoi il faudra augmenter progressivement le temps de présence des enseignants du second degré dans l’établissement : dans les collèges et lycées, le temps de présence passerait de 648 heures à 800 heures par an ; mais le temps de cours serait inchangé ».

Un Fillon ’’étrange’’. Deux propositions ’’curieuses’’ :

1) François Fillon s’était prononcé il y a pas mal de temps déjà pour que l’ « obtention du brevet soit une condition nécessaire pour le passage en classe de seconde ». Cette proposition n’existe pas dans les mesures mises en avant actuellement sur le site du candidat à la présidentielle. Il est vrai que cela n’avait jamais existé dans le passé ! Bien au contraire même, puisqu’en 1978 il a été décidé que le passage en seconde assurait automatiquement l’obtention du brevet (jusqu’à ce que le brevet disparaisse lui-même momentanément en tant qu’examen de 1981 à 1986).

En revanche, François Fillon vient de rejoindre la position de François Copé qui proposait depuis longtemps un examen d’entrée au collège : «  il faut que les enfants qui ne maîtrisent pas les fondamentaux n’aillent pas au collège tant qu’ils ne les maîtrisent pas » a-t-il déclaré lors du dernier débat de la primaire de droite.

2) Par ailleurs, François Fillon veut « mettre fin à l’interdiction des devoirs à l’école élémentaire (devoirs faits à la maison)  ». Certains peuvent s’étonner de cette annonce, compte tenu de certaines réalités tenaces effectives... Mais une circulaire du 29 décembre1956 (jamais abrogée) a en effet édicté « la suppression des devoirs à la maison ou en étude ». Cette ’’curiosité’’ figure toujours au premier plan sur le site du candidat à l’élection présidentielle. Mais il est vrai qu’elle s’apparente – elle - à un ’’coup de menton’’ dans le vide (ou dans le vent).

Un Fillon étrange ; un Fillon filou ; un Fillon variable. A coup sûr un Fillon aux positions conservatrices et ’’thatchériennes’’. Mais est-il du bois dont on fait les ’’dames de fer’’ ?


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