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Crise chez Les Républicains

Fillon : « suicide collectif » et détestation généralisée

François Fillon a appris en début de semaine qu’il devrait se présenter devant les juges d’instruction courant mars, avant le premier tour de la présidentielle, dans le cadre de l’enquête concernant le Penelope Gate. Le candidat des Républicains a pourtant réaffirmé dans une conférence de presse mercredi midi sa volonté « d’aller jusqu’au bout » et appelait les français à le suivre. Ce matin, le coup est dur pour le candidat. En effet selon une enquête d’opinion réalisée après sa déclaration, seules 25% des personnes interrogées souhaitent que Fillon poursuive sa campagne. Mais il n’y a pas que 3 français sur 4 qui détestent François Fillon, jusque dans son propre camp, les défections se généralisent… À un peu moins de deux mois de la présidentielle, « suicide collectif » pour Les Républicains ? Marina Garrisi

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Fillon s’entête et ne veut pas reculer

Celui qui taclait Nicolas Sarkozy sur ses nombreuses affaires avec la justice et qui s’était fait du « président irréprochable » le meilleur des costumes, se retrouve empêtré dans une descente aux enfers après le scandale du PenelopeGate. Lui qui avait pourtant déclaré qu’il ne se retirerait que s’il était mis en examen, a donné hier une conférence de presse après l’annonce de sa convocation devant les juges d’instruction courant mars, dans laquelle il a réaffirmé sa candidature pour les présidentielles de 2017. « Je ne cèderai pas, je ne me rendrai pas, je ne me retirerai pas » a tonné François Fillon, invoquant « l’assassinat politique » et le harcèlement de la justice et tentant si bien que mal de sauver son image. C’est un échec, et ce matin le constat est sans appel : pas plus d’un français sur quatre souhaitent aujourd’hui qu’il maintienne sa candidature, quand 83% pensent qu’il ne gagnera pas les élections. Plus inquiétant encore, François Fillon recule significativement chez les sympathisants LR qui ne sont que 53% à vouloir qu’il poursuive sa campagne !

Seul contre tous

Peu après l’annonce de son maintien, François Fillon a consommé sa rupture avec nombre de ses soutiens. Bruno Le Maire, estimant qu’il n’avait pas « tenue sa parole donnée », a quitté l’équipe de campagne de François Fillon. Son directeur de campagne, Patrick Stefanini, a déposé sa démission sans que Fillon ne l’accepte, l’UDI se retire de la campagne, plusieurs élus Républicains, comme Lellouche, demandent son retrait et appellent à ce que « le parti sorte par le haut » de cette situation critique. Des conditions de campagne toujours plus difficiles pour François Fillon qui se retrouve aujourd’hui seul contre tous, quand certains, comme le député George Fenech, appellent publiquement les élus républicains à parrainer Alain Juppé. Seulement 24 heures après sa déclaration, le candidat issu de la primaire de la droite se retrouve déplumé d’une part de ses soutiens, en plus d’avoir validé son impopularité auprès de la population, encourageant ceux qui hésitent encore à quitter eux aussi le navire…Arnaud Robinet, maire LR de Reims, parle d’un « suicide collectif » pour décrire la situation dans laquelle se trouve le parti.

Des élections made in "crise organique"

François Fillon s’était coupé d’une part importante de l’électorat après l’annonce de son programme anti social incarné par sa volonté d’en finir avec la sécurité sociale. Ceci rendait déjà difficile sa victoire, ou en tout cas laissait entendre de grandes difficultés, au cas où il aurait été élu, pour gouverner et mettre en place ses contre réformes sans provoquer une contestation large des travailleurs et de la jeunesse, après la détermination retrouvée du printemps dernier. Depuis le PenelopeGate la détestation s’est répandue jusque dans son propre camp, accélérant la crise de la médiation politique traditionnelle de la droite française, Les Républicains. Les primaires avaient déjà été le symptôme d’une difficulté pour se ranger derrière un même homme, bien que François Fillon ait réussi à être porté par une mobilisation forte des secteurs de la droite traditionnelle, avec une participation à près de 4.5 millions de votants.

Depuis les révélations du Canard Enchaîné et maintenant sa mise en examen, c’est l’hémorragie totale. Chaque semaine on se demande si Fillon va réussir à se maintenir jusqu’au premier tour des élections. Concurrencé par l’extrême droite et par le phénomène Macron, qui est repassé bien devant le candidat des républicains après le ralliement de Bayrou à sa candidature, François Fillon n’apparait plus aujourd’hui à même de représenter Les Républicains pour les élections de 2017 sans liquider l’ensemble du parti dans un " suicide collectif". Car au-delà de l’élection présidentielle, les Républicains ont en ligne de mire les législatives, et une radicalisation de la détestation à l’encontre de Fillon et une défaite importante du candidat à la présidentielle rejaillirait sur l’ensemble du parti. La polarisation politique et la haine de « ceux d’en bas » à l’égard de « ceux d’en haut », qui sont les premiers à nous demander de nous serrer la ceinture quand eux s’en mettent plein les poches impunément, précipite la crise du pilier de droite de la Vème République. L’incapacité de la droite de blanchir et de re-légitimer son propre candidat à moins de deux mois des présidentielles est un symptôme sans appel de ces « élections toboggan » et de la crise du capitalisme français.


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