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Dans les pas de Laurent Berger

Force Ouvrière : Jean-Claude Mailly de plus en plus contesté à la base

On a vu depuis plusieurs semaines comment le dirigeant du syndicat Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly s'est montré "prêt à discuter", en vantant les concertations avec le gouvernement (une "méthode totalement différente" selon lui) et relativisant constamment le contenu du projet de loi d'habilitation, expliquant vouloir "juger le texte" quand les ordonnances seront publiées.

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Tellement que la plupart des médias se sont demandés si Mailly avait été "marabouté" par Macron, ou se sont en tout cas montrés plus que surpris par son passage d’une position "contestataire" en 2016, à une position proche de Laurent Berger, pro-gouvernement. 

Non seulement Mailly se montre plus qu’ouvert aux concertations sur la casse du code du travail, mais il a besoin pour cela de taire la contestation en interne au syndicat de nombreux militants, dont la base combative a s’est échauffée pendant le mouvement contre la loi Travail en battant le pavé pendant 4 mois aux côtés des militants de la CGT. Une politique dont on avait pu sentir les prémisses pendant la fin de la mobilisation du printemps 2016, lorsque Mailly avait décidé d’abandonner la rue lors de la mobilisation du 5 juillet prétextant les « progrès du texte » de la loi El Khomri. Ou encore sa réponse à propos de la participation de l’Union Régionale FO Ile-de-France à la manifestation du 27 juin : "C’est une initiative isolée à laquelle je n’ai pas participé".

"FO c’est pas Mailly, c’est nous"

"Ce n’est pas moi qui ai changé, c’est le contexte" explique Mailly en évoquant les "48 concertations", faisant référence au nouveau « dialogue social » intensif version Macron visant à endormir les syndicats. Pourtant, il semble que l’argumentation du dirigeant de FO ne passe pas chez un très grand nombre de militants du syndicat. Ceux qui gardent une velléité de combattre répondent souvent : "FO, c’est pas Mailly, c’est nous". 
Cette position s’exprime dans différentes fédérations et unions départementales (UD), avec des nuances notables néanmoins.

La position la plus combative d’abord, se trouve exprimée par l’UD du Finistère, et sa secrétaire générale fraichement élue Nadine Hourmant, syndicaliste de Doux. Dans son communiqué, l’UD "dénonce le simulacre de « dialogue social » de Macron", parle de "casse totale du code du travail", et appelle à la mobilisation le 12 septembre. Même appel au 12 pour la Fédération des Transports et Logistique de FO. 

Une position "dure" donc au sein de FO, et revendiquant en interne la tenue d’un CCN (le "Parlement" de FO) extraordinaire au plus vite, pour pouvoir convaincre une majorité potentielle dans l’organisation, le prochain étant normalement prévu pour fin septembre.! Preuve de plus de cette potentielle majorité combative ? L’opposition de la direction du syndicat à ce CCN.
Mais il existe d’autres positions, qui ne sont pas directement ces deux pôles-là, contrairement à l’article du Canard Enchainé du 12 juillet qui les place toutes dans la "jacquerie contre Mailly". 

L’UD de Loire-Atlantique a même répondu dans un court communiqué : 

"Contrairement à ce que le Canard Enchaîné écrit ce jour, l’Union Départementale FO de Loire-Atlantique tient à préciser qu’elle ne participe nullement à une « fronde » ou « jacquerie » contre le secrétaire général de la confédération Jean-Claude Mailly.

Elle inscrit son action dans la continuité des résolutions adoptées par le Comité Confédéral National (6 et 7 avril 2017) et de la Commission Exécutive Confédérale (15 juin 2017)."

Cette UD44 est connue comme étant dirigée par la branche "lambertiste" de FO (c’est-à-dire par le Parti Ouvrier Indépendant, jusqu’à sa division en 2015 en POI et POID), une ligne politique jouant un rôle clair de "caution de gauche" de Mailly dans FO (dont les fondements ne peuvent être analysés ici, et remontent loin).

Entre la "ligne Finistère" et les "lambertistes", plusieurs semblent avoir une position intermédiaire, revendiquant surtout de maintenir l’unité de 2016 avec la CGT, FSU et Solidaires. Cela semble être le cas des UD de Seine-Maritime ou de l’Allier, ainsi que de l’UR Ile-de-France que nous mentionnons plus haut. 


Imposer à la direction de FO un appel à la grève le 12 septembre 
 

Face à la loi travail XXL et à la guerre éclair du gouvernement contre le monde du travail, les directions syndicales restent pourtant l’arme au pied. Que la CFDT de Laurent Berger, qui a quasiment co-écrit la loi Travail en 2016, n’hésite pas un seul instant à accompagner Macron dans ses contre-réformes n’est en soi aucunement une surprise. Mais à la différence de l’an passé, Jean-Claude Mailly s’affiche en collaboration ouverte avec Macron. Il se considère comme un interlocuteur avec le pouvoir, telles sont les raisons du tournant pro Macron de Mailly, au-delà des préoccupations de la base

Pourtant ce changement de cap pro-gouvernemental de la direction de Force Ouvrière ne peut qu’accentuer les contradictions qui secouent la centrale. En effet, la prise de position Mailly dans les pas de Berger fait gronder une partie de la base. En effet, loin d’être démoralisée, malgré la défaite dans la bataille contre la loi Travail, une frange de militants combatifs de Force Ouvrière ont, au travers du mouvement de 2016, repris confiance en leurs forces. C’est en ce sens qu’un certain nombre de structures syndicales FO, comme l’UD du Finistère et la Fédération des Transports et Logistique, ont été poussées par les équipes militantes combatives à appeler à la grève nationale interprofessionnelle du 12 septembre. Des appels qui, tout en exigeant l’arrêt immédiat des négociations avec le gouvernement, pourraient être amenés à se généraliser, comme forme de point d’appui pour imposer à Mailly de reprendre la rue tout comme la grève, seule à même de construire le rapport de force contre Macron, son gouvernement et sa loi Travail.


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