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Trump seul ?

G7 : Un sommet sous tension entre protectionnistes à l’offensive et multilatéralisme faible

Les tensions mondiales ne font que s’accroître dans un contexte de crise économique que les grandes puissances n’arrive pas à refermer et qui met en lumière les limites du modèle néolibéral à se recomposer. Les désaccords profonds entre une aile protectionniste et nationaliste et les grands défenseurs de la gouvernance multilatéraliste qui se retrouve en position de faiblesse vont se faire d’autant plus ressentir avec des dossiers tels que les accords iraniens, le commerce et le climat au programme des débats.

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Crédits photos : JONATHAN ERNST / AFP

Le principe même au fondement du G7 : celui de fournir un cadre de débats (et de décisions en informel) aux plus grandes puissances impérialistes pour administrer leur système va à l’encontre des vélléités états-uniennes. Trump a par ailleurs déjà déclaré que ce sommet serait certainement une perte de temps. Les avancées fulgurantes de Trump ces derniers mois dans sa volonté de gestion unilatérale de l’économie (l’éclat des accords iraniens, les récentes taxes sur l’aluminium et l’acier) marquent sa volonté de sortir des cadres de discussions inter-puissances et de repositionner les États-Unis comme grand administrateur général.

Dans ce contexte, le sommet du G7 qui se tiendra à La Malbaie – Canada, ces 8 et 9 juin risque d’être particulièrement polarisé entre une aile protectionniste et nationaliste fortes et les grands représentants du multilatéralisme, en perte de vitesse. D’un côté, les États-Unis avec la politique agressive de Trump, mais aussi l’Italie avec le nouveau gouvernement d’extrême-droite, marqué par la figure de Giuseppe Conte représentant de la coalition de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles, qui s’il n’a pas encore de programme économique clair, est le premier promoteur d’un repli nationaliste.

De l’autre, le Royaume-Uni (malgré ces tendances au repli avec le Brexit), l’Allemagne, le Japon, le Canada et la France, formant une fronde contre l’augmentation des taxes douanières et qui veulent calmer l’escalade de la guerre commerciale initiée par les États-Unis, qui les affecte tous.

Cette fronde qui tente de maintenir une gestion commune de l’économie mondiale est elle-même en conflit pour s’imposer comme interlocuteur privilégié. Macron notamment tente de doubler Merkel pour être l’interlocuteur, impuissant, vis-à-vis des États-Unis, en rencontrant le président états-uniens ce vendredi matin.

Macron, assez isolé à l’échelle internationale, espère donc que ce G7 pourra être un appui pour refonder son modèle de gouvernance multilatéraliste. De là, une visite chez son acolyte canadien Justin Trudeau, plus tôt dans la semaine, durant laquelle il a pu déclaré à la presse : « Peut-être que cela est égal au président américain d’être isolé aujourd’hui, mais nous, ça nous est égal aussi d’être à six si besoin était. ».

Trump lui maintient sa méthode de bulldozer et ne fait qu’affirmer sa gouvernance unilatérale. Celui-ci partira du sommet plus tôt, sous prétexte de sa rencontre à Singapour avec Kim Jong Un. Il a déjà répondu à la paire franco-canadienne en maintenant son positionnement sur les hausses brutales des taxes concernant sur l’aluminium et l’acier. Autre enjeu important de son côté : après avoir insisté pour que la Russie fasse son retour dans le Groupe des 7, il s’est vu interdit par Berlin, Paris, Londres et Rome. Giuseppe Conte avait néanmoins témoigné son accord avec cette proposition, et a obtenu que les discussions soient ré-ouvertes concernant la Russie.

Ce G7 inquiètent particulièrement les grandes puissances impérialistes qui craignent de ne pas pouvoir en ressortir avec un communiqué de résolutions communes. Mais il inquiète surtout l’aile prônant un maintien d’une gouvernance mondiale multilatérale, étant donné que Trump ne semble pas prêt à lâcher quoi que ce soit.


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