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Le rassemblement a réuni 100 personnes à Toulouse

Gabon. « On veut que Bongo quitte le pouvoir, que tous les dirigeants de ce gouvernement quittent le pouvoir »

Frédéric Apoyo Ce samedi, plus d'une centaine de personnes s’est rassemblée place du Capitole à Toulouse, en soutien au peuple gabonais durement réprimé après la « réélection » d'Ali Bongo.

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« On en a marre, on veut qu’il parte !  » Voilà le message que souhaitaient exprimer les manifestants - en grande partie d’origine gabonaise - ce samedi place du Capitole à Toulouse. Réélu après une élection sur laquelle plane de gros soupçons de corruption, Ali Bongo a dû immédiatement faire face à la colère des masses populaires au Gabon, qui ont pris d’assaut et incendié l’Assemblée Nationale le soir même des résultats. Une colère que partagent les "exilés" gabonais à travers le monde. « Nous ce qu’on souhaite, c’est un Gabon serein, sans la famille Bongo aux manettes » nous explique un manifestant, avant de dénoncer les atrocités en cours pour étouffer la révolte. « On nous envoie des vidéos du Gabon, on voit nos frères mourir, des arrestations arbitraires, il n’y a pas de liberté d’expression. On tue nos mères, nos sœurs, nos frères. La famille Bongo a engagé des milices africaines  ».

Une intervention extérieure ? « Ils n’ont rien fait avant, pourquoi ça changerait aujourd’hui ? »

Alors que le gouvernement français s’est seulement dit « préoccupé » par la situation sur place, des voix se sont levées pour exiger une intervention, sous le contrôle de l’ONU. C’est ainsi que Jean-Luc Mélenchon a déclaré, place du Trocadéro à Paris le 3 septembre, que « c’est à l’ONU maintenant de prendre en urgence des dispositions pour que les troupes qui se trouvent sur le sol du Gabon ou en Afrique, qui ont une expérience professionnelle, soit en état de concourir au rétablissement immédiat de la paix et au recomptage des bulletins ou à la réorganisation à partir du point de départ d’une élection honnête, démocratique, et reconnue dès lors par tous  ». Une prise de position quelque peu contradictoire avec celle tenue quelques instants plus tôt, dans le même discours, où le candidat de « la France Insoumise » affirmait ne vouloir «  ni des impérialistes, ni des loups du pétrole et du gaz qui rôdent autour de toutes les nations africaines ». En effet, si les forces impérialistes sont persona non grata pour Mélenchon en Afrique et au Gabon, pourquoi leur demander d’intervenir pour rétablir une paix allant dans leur intérêt. Car les forces militaires sur place sont évidemment des armées impérialistes, et la France est en première ligne, même si souvent sous le camouflet de l’ONU.

Mais qu’en pensent les manifestants toulousains ? L’un d’eux nous explique ainsi qu’il «  n’attend pas grand-chose comme aide extérieure. Ce n’est pas le nombre de morts qui va changer grand-chose, ils n’ont rien fait avant, pourquoi ça changerait aujourd’hui ? [...] L’ONU a été créée pour ce type de problème pourtant. Hollande sait ce qu’il se passe au Gabon, le quai d’Orsay sait ce qu’il se passe au Gabon, la Maison Blanche le sait aussi, des pétitions ont été envoyées à la communauté internationale, à la Maison Blanche : ils n’ont rien fait  ». Et de poursuivre «  le peuple n’est pas d’accord sur la politique mise en place depuis plus de 50 ans. Une autocratie, dirigée par un « PDG », « manadgé » principalement par la famille Bongo ».

Alors que plus de la moitié des Gabonais ayant le droit de vote à Toulouse ont voté pour Jean Ping (130 votes sur 214 inscrits), l’illusion d’un changement radical sous une gouvernance autre que celle des Bongo laisse sceptique : « Les Gabonais souhaitent une alternative, un changement, on ne dit pas qu’on a entièrement confiance en Ping, mais on aura au moins une autre personne aux manettes du Gabon que la famille Bongo, on n’a pas entièrement confiance en Ping  ». Et pour cause, «  il était aussi dans le régime de Bongo, on se dit que ce sont du tabac de la même pipe, comme on dit chez nous  ». On ne lui accorde du crédit que parce que « c’était le seul qui pendant les élections a montré qu’il veut faire quelque chose pour les Gabonais  ».

« Moi j’appelle tous les Africains, pas seulement les Gabonais, j’aimerais que tous nos frères africains s’unissent »

 

Si Ping, ex-membre du gouvernement Bongo et formé dans les grandes écoles françaises, n’apparait clairement pas comme la solution miracle aux maux qui touchent les masses gabonaises, la colère exprimée est on ne peut plus légitime. Et la répression politique grandeur nature exige une réponse claire et sans équivoque. Bien entendu, par son passé colonial d’une part mais aussi étant donné que la France a mis au pouvoir la « dynastie » Bongo depuis plus de 50 ans, il est impensable d’espérer que toute solution progressiste ne vienne de ce côté, ni de n’importe quel conglomérat impérialiste de type ONU.

C’est bel et bien d’une solidarité de classe, internationaliste, que les Gabonais ont besoin. Un point de vue partagé par un manifestant toulousain : « Moi j’appelle tous les africains, pas seulement les Gabonais, j’aimerais que tous nos frères africains s’unissent. » Et au delà, les travailleurs et masses populaires des pays « centraux » impérialistes, à commencer par la France, doivent dénoncer les responsabilités et s’opposer à l’ingérence de leur propre classe dominante. Car, bien loin de vouloir agir dans les intérêts du peuple gabonais, les élites françaises entendent avant tout stabiliser la situation sur place, afin de préserver les intérêts économiques de leurs grandes firmes multinationales qui pillent l’Afrique, au Gabon comme ailleurs.


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