×

Mayotte

Gestion coloniale à Mayotte : Darmanin veut détruire les bidonvilles et expulser massivement des Comoriens

Le 21 avril prochain est prévue le début d’une opération de destruction massive des bidonvilles et d’expulsions sur l’île de Mayotte. Orchestrée par Darmanin en pleine présentation du projet de loi immigration, cette opération promet de marquer un saut dans la gestion coloniale et sécuritaire de l’île.

Maëva Amir

18 mars 2023

Facebook Twitter

Le Canard Enchaîné révélait en février dernier, le prochain projet criminel du gouvernement baptisé « Wuambushu ». Cette « action spectaculaire » est promise par le ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer, Gérald Darmanin sur l’île de Mayotte pour la fin du ramadan aux alentours du 21 avril. Il s’agira d’une opération massive d’expulsions d’habitants en situation irrégulière et de destruction de bidonvilles, sur une île qui abrite les plus grands bidonvilles de France. L’opération durera environ deux mois, à grands renforts d’effectifs policiers et de bulldozers. Un pas de plus dans la politique militariste et ultra-répressive du gouvernement contre les immigrés.

Le gouvernement prévoit trois axes pour mener à bien ce projet. Tout d’abord, une accélération sans précédent des interpellations policières des étrangers, en particulier comoriens, en passant de 80 interpellations actuellement à plus de 250 par jour. Le but : expulser les étrangers vers Anjouan, île comorienne voisine. Deuxièmement, une vaste entreprise de « décasage » c’est-à-dire de démantèlement des habitats informels. L’objectif est de détruire environ 10% de l’habitat informel de l’île alors même que la moitié des habitants de l’île vivent dans ces habitations dans des conditions de précarité extrêmes, faute de solution alternative.

Le dernier axe de cette opération concernera l’interpellation de « jeunes délinquants violents », sans cesse accusés d’être responsables du climat de violence sur l’île, notamment pendant les affrontements entre bandes rivales en novembre dernier. Pour justifier toute cette opération, le préfet s’appuiera sur la mise en œuvre la loi Elan de 2018 qui permet par dérogation à Mayotte de faciliter les expulsions des occupants.

C’est donc bien une vaste opération de destruction et d’expulsions qui est prévue avec la complicité de la classe politique locale de droite et d’extrême droite qui ne cesse d’agiter une xénophobie nauséabonde contre les Comoriens et de demander plus de moyens pour davantage de répression.

Les élus de l’île alimentent ainsi un discours profondément raciste et anti-comorien à l’image de députés comme Mansour Kamardine, député Les Républicains qui appelle à ce « que l’opération Wuambushu se déploie pour nous débarrasser des bandes barbares qui terrorisent la population », lors d’une manifestation en soutien à cette future opération le 14 mars dernier.

Tout comme Estelle Youssofa, membre du groupe LIOT qui en novembre dernier s’attaquait aux mineurs isolés comoriens les présentant comme des « barbares en culotte courte sèment la terreur à Mayotte », elle appelait à « un choc de souveraineté » et de « sécurité ».

De plus, le calendrier de cette nouvelle opération coïncide avec celui de la loi immigration. L’objectif sera donc sans doute d’en faire une vitrine pour défendre le projet de loi immigration du gouvernement, deuxième pierre angulaire du quinquennat Macron après la réforme des retraites. Dans le projet, des dispositions spécifiques à Mayotte sont par ailleurs prévues. Par exemple, l’interdiction du placement en CRA pour les moins de 16 ans ne concernera pas Mayotte. Ces dispositions seront doublées d’un « projet de loi spécifique pour Mayotte ».

L’annonce de cette nouvelle opération s’inscrit dans la continuité de la gestion coloniale du territoire de Mayotte, territoire arraché à l’archipel des Comores lors du référendum de 1974 aux résultats encore contestés. Loin de résoudre la situation, ces opérations sécuritaires, ne feront qu’aggraver ce que Saïd Bouamama décrit comme « la production d’un flux migratoire structurel vers l’île de Mayotte » du fait de la politique impérialiste de la France dans la région. Il y a quelques semaines, c’était un nouveau drame qui surgissait avec la mort de 34 malgaches qui tentaient de rejoindre les côtes mahoraises.

Par cette opération, Darmanin et le gouvernement opèrent un nouveau saut dans leur gestion sécuritaire et coloniale de l’île. Dans l’hexagone comme dans ses colonies, la politique migratoire du gouvernement n’a rien à envier à l’extrême droite. Il durcit les conditions d’accueil des étrangers et mène une véritable chasse aux migrants.

Loi immigration, opération à Mayotte, toutes ces offensives racistes s’intègrent dans un projet global du gouvernement. En plein mouvement contre la réforme des retraites, l’ensemble des organisations de la gauche politique et syndicale doivent dénoncer la responsabilité de l’impérialisme français, exiger le retrait du projet de loi immigration mais aussi la régularisation de toutes et tous.


Facebook Twitter
Marche antiraciste du 21 avril interdite à Paris. Face à la répression, faisons front !

Marche antiraciste du 21 avril interdite à Paris. Face à la répression, faisons front !

Marseille : des surveillants condamnés à de la prison avec sursis pour avoir dénoncé la répression et le racisme

Marseille : des surveillants condamnés à de la prison avec sursis pour avoir dénoncé la répression et le racisme

Répression coloniale. A Pointe-à-Pitre, Darmanin instaure un couvre-feu pour les mineurs

Répression coloniale. A Pointe-à-Pitre, Darmanin instaure un couvre-feu pour les mineurs

Peines contre les parents, internats : Attal s'en prend encore aux jeunes de quartiers populaires

Peines contre les parents, internats : Attal s’en prend encore aux jeunes de quartiers populaires

« Place Nette » à Mayotte : le gouvernement relance l'opération Wuambushu pour des expulsions de masse

« Place Nette » à Mayotte : le gouvernement relance l’opération Wuambushu pour des expulsions de masse

Solidarité avec les sans-papiers et les mineurs isolés : tous dans la rue ce vendredi 12 avril !

Solidarité avec les sans-papiers et les mineurs isolés : tous dans la rue ce vendredi 12 avril !

JO : À la Maison des Métallos, la lutte des mineurs en recours s'organise contre les expulsions

JO : À la Maison des Métallos, la lutte des mineurs en recours s’organise contre les expulsions

Tir de fusil sur la mosquée de Cherbourg : le climat islamophobe continue d'exciter l'extrême-droite

Tir de fusil sur la mosquée de Cherbourg : le climat islamophobe continue d’exciter l’extrême-droite