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Scandaleux sont les licenciements !

Gouvernement, patronat, médias. Cynisme et mépris à l’unisson contre les salariés d’Air France

« Images du début de lynchage des dirigeants d'Air France » ; « des adeptes de la violence » ; « foule déchaînée métamorphosée en meute impitoyable » ; « les salariés en colère ne sont que des instruments ». Ce ne sont que quelques perles d’un article marqué par une profonde haine de classe publié par Challenges. « Trop c’est trop ?! Après les occupations d’usine, les dégradations d’outil de travail et les patrons séquestrés, voilà donc venu le temps de l’agression physique des dirigeants », s’indigne-t-on dans un édito des Echos. « Les patrons, cibles habituelles de la colère des salariés », titre Le Figaro.

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Et non. L’indignation de la presse pro-patronale n’est pas minceaprès les événements qui ont eu lieu lundi dernier au siège d’Air France. Plus on criera au scandale, plus on « naturalisera », plus on passera sous silence que, ce qui est en train de se préparer en ce moment même chez Air France, n’est ni plus ni moins que la liquidation de 2.900 postes de travail.

Mais le gouvernement est là ! Représentant de l’Etat français qui détient 17% des actions d’Air France, Manuel Valls a exprimé… tout son soutien à la direction de l’entreprise. François Hollande trouve « inacceptable » la violence contre les membres de la direction du « fleuron de l’aviation française » et s’inquiète pour les « conséquences sur l’image, sur l’attractivité » de la France.

En effet, les événements qui ont eu lieu lundi au siège d’Air France ont donné une « occasion en or » au patronat, au gouvernement et aux médias dominants d’exprimer ouvertement et sans aucune gêne leur mépris de classe, leur arrogance et leur cynisme mais aussi de déclarer de quel côté ils se trouvent dans cette véritable guerre de classe que le patronat d’Air France est en train de livrer contre ses salariés. Le tout trouverait sa « légitimité » dans la condamnation de… la « violence » des salariés !

Cynisme du patronat

On parle de « lynchage », de « violence » de la part des salariés. Or ce qui s’est passé lundi ce n’est rien. Les salariés n’ont voulu lyncher personne. Bien au contraire, ce sont eux qui sont en train de se faire lyncher, massacrer avec ces près de 3.000 emplois qui vont disparaître et qui s’additionnent aux 8.000 emplois déjà détruits par la direction d’Air France en seulement deux ans. Mais cela ne choque aucunement les médias capitalistes et encore moins le gouvernement.

Le vrai objectif des salariés, dans une action totalement improvisée, était d’humilier ne serait-ce que symboliquement leurs bourreaux ; ceux qui, le sourire aux lèvres, leur disent qu’ils vont devoir dégager pour que l’entreprise puisse améliorer ses marges et tirer toujours plus de profit sur la surexploitation d’un nombre toujours plus réduit de salariés. Il s’agissait juste d’une action symbolique qui est loin d’empêcher que leurs postes de travail soient supprimés.

Mais la vraie violence vient de la part du patronat. Et celle-là n’est pas du tout symbolique.

Mais là on n’est pas seulement en train de parler de cette violence « invisible » que sont la précarité, le chômage, la paupérisation et la destruction de familles ouvrière entières par les décisions prises de forme « civilisée » par les conseils d’administration des grosses multinationales comme Air France. Non. Car en France, terre du « dialogue social » le nombre de suicides et de morts au travail qui se comptent par milliers chaque année sont aussi la responsabilité du patronat. Le harcèlement ainsi que des pathologies psychologiques liées aux conditions de travail le sont aussi. Pour les salariés, la France représente un pays de souffrance au travail, de violence sociale.

Et les médias dominants ne sont pas là pour parler de partons « adeptes de la violence » ou pour crier « trop c’est trop ! » quand ce sont les salariés qui crèvent brûlés dans des fours, quand ils se suicident ou tentent de se suicider car ne supportent plus le harcèlement de la hiérarchie. Ces médias là s’indignent encore moins quand il s’agit de licenciements massifs…

Cynisme gouvernemental

Mais le gouvernement Hollande-Valls n’est pas moins cynique que le patronat quand il condamne la « violence » des salariés. N’oublions pas que c’est ce gouvernement qui est le responsable de la traque et de la répression brutale contre des milliers de réfugiés et migrants chaque année.

En parlant de violence, les forces répressives en France sont bien placées pour en parler car sur les jeunes des quartiers populaires, c’est tous les jours qu’elle s’abat. Et que dire de la répression et la violence contre des manifestants, des jeunes et des salariés...

La réaction du gouvernement condamnant « la violence » des salariés d’Air France contraste avec son attitude lors de l’assassinat de Rémi Fraisse par la gendarmerie il y a presque un an déjà. Non seulement, Rémi Fraisse n’a pas eu droit à l’indignation de la République mais la seule réponse que le gouvernement a offert aux manifestants condamnant ce crime a été plus de répression.

Plus de répression

Précisément, il n’y a aucun doute sur le fait que la direction d’Air France, le gouvernement et la Justice vont taper fort. Quelques salariés vont être ciblés « pour en faire des exemples » et une dure répression est à prévoir.

En ce sens il est fondamental pour le mouvement ouvrier d’exprimer son soutien inconditionnel aux salariés d’Air France en lutte pour la sauvegarde de leurs postes de travail. Car ce que le patronat et le gouvernement craignent le plus des événements de lundi ce n’est pas vraiment la « violence » mais bien que cela ne donne des idées à d’autres salariés à l’image de la vague de séquestrations de patrons et de luttes ouvrières comme en 2009.

En ce sens, la répression des salariés d’Air France sera un message envoyé à l’ensemble de la classe ouvrière. Notre solidarité et soutien doivent être également un message pour le patronat et le gouvernement.

Dénoncer les « violences » au nom du « dialogue social » ?

Regrettablement, des directions syndicales ont à leur façon aussi condamné « les violences », celle du patronat mais aussi celle des salariés. Évidemment on ne parle pas de celles qui sont complètement dévouées à la conciliation directe avec le patronat et le gouvernement comme la CFDT.

En effet, des directions comme celle du Syndicat National des Pilotes de Ligne (SNPL) à travers de son président ont exprimé leur condamnation « sans aucune réserve » des violences, tout en affirmant que cette violence venait également de la part de la direction.

Quant à la CGT Air France, elle a sorti un tract dont le titre était « Toutes les violences se condamnent » et, malgré le fait qu’elle démontre qu’Air France est en train de mener un combat à mort contre ses salariés, plaide pour « un véritable dialogue social ».

Mais au milieu d’une guerre de classe comme celle menée depuis des années par le patronat d’Air France contre les travailleurs il n’y a pas de place pour le « dialogue social », pour le « partenariat social ». La direction de l’entreprise cherche à augmenter ses marges sur la masse salariale. Pour les travailleurs et travailleuses d’Air France il n’y a pas d’autre alternative que l’affrontement direct avec Alexandre de Juniac mais aussi avec le gouvernement.


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