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Grand meeting internationaliste : des milliers de personnes dans 14 pays contre le racisme et les violences policières

Diffusé en simultané dans 14 pays et 6 langues, le meeting organisé par la Fraction Trotskiste - Quatrième internationale (FT-QI) contre le racisme et les violences policières a été vu en simultanée par 6000 personnes dans le monde et plus de 100 000 reproductions sur les différents réseaux sociaux. Un événement internationaliste qui a permis de poser une question centrale : comment mettre fin au racisme et aux violences policières ?

12 juillet 2020

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Animé par les députés révolutionnaires argentins du PTS Nicolas del Cano et Myriam Bregman, un meeting de la Fraction Trotskyste – Quatrième Internationale, organisation internationale à laquelle appartiennent les militants qui animent Révolution Permanente avait lieu hier autour du soulèvement mondial contre le racisme et les violences policières.

L’occasion de revenir sur la dynamique qui traverse de nombreux pays, du Brésil au Etats-Unis en passant par la France, la Bolivie ou le Chili, et de penser à l’échelle internationale les défis qui attendent la classe ouvrière et tous ceux qui subissent l’oppression dans le cadre du système capitaliste.

De la pandémie au puissant vent de révolte venu des États-Unis

Depuis la mort de Georges Floyd déferle jusqu’aux plus petites villes des Etats-Unis, la plus grande mobilisation de l’histoire du pays. Une situation particulièrement dangereuse pour l’impérialisme américain, décrite par les trois intervenants militants à Left Voice aux les Etats-Unis, Julia Wallace, Mike Pappas et Maryam Alaniz.
Entre première et deuxième vague épidémique, absolument dévastatrice parmi les classes populaires, la révolte multi-ethnique née de la mort de ce père de famille africain-américain sous le poids du policier Derek Chauvin « est le pire cauchemar pour la bourgeoisie américaine ». Face au Covid-19 que le gouvernement de Trump a laissé se propager comme de la poudre au point d’atteindre les records de mortalité mondiaux, ce sont les Africain-américains et les populations racisées qui sont en première ligne. Une situation qui a mis en lumière de façon brutale le racisme systémique né de l’esclavage aux Etats-Unis, comme le décrit Mike Pappas, médecin à New-York, et qui a posé les jalons du soulèvement anti-raciste dans tout le pays.

Au coeur du cyclone épidémique, les populations racisées et la jeunesse ont en effet trouvé la force de se révolter contre tout un système d’oppression raciste. Les jeunes Africain-américains ont été la principale figure de proue d’un mouvement historique, organisant des manifestations et des rassemblements allant jusqu’à la remise en question du rôle de la police comme outil de coercition des classes populaires et des populations opprimées derrière des mots d’ordre comme « Black lives matter » ou « Defund the police ». Depuis l’occupation de l’esplanade de l’Hôtel de Ville de New-York, où les manifestants entendent mettre la pression sur le vote du budget millionnaire de la police, Manny, étudiant, décrit cependant l’urgence d’exiger non pas simplement un désinvestissement dans la police mais son abolition afin de « défendre la vie de tous les opprimés dans le monde ».

Cette dynamique qui va de l’expérience de la pandémie au réveil de couches entières de la société, sur le terrain de la lutte anti-raciste mais aussi des mobilisations pour les conditions de travail, s’est retrouvée dans de nombreux pays comme l’ont rappelé les différents intervenants. Au Brésil, épicentre de la crise pandémique en Amérique du Sud, les discours négationnistes de Bolsonaro à propos du Coronavirus se sont ainsi combinés à des attaques ultra-libérales contre les populations travailleuses et pauvres. La militante du MRT Leticia Parks raconte ainsi avec émotion que « dans les mots de cette jeune fille noires États-uniennes scandant « no justice no peace », j’ai pensé à toutes les mères brésiliennes qui ont perdu leurs enfants du Coronavirus, sous les balles des policiers, mais aussi de l’exploitation capitaliste brutale, héritage de l’esclavage ».

De même, en France, comme en Allemagne et en Grande-Bretagne, cette situation où « la crise sanitaire historique a révélé de façon importante les inégalités sociales et raciales, que l’on pourrait qualifier également de renforcement des antagonismes de classe, entre une bourgeoisie confinée et une large partie de la classe ouvrière et de la jeunesse précaire en première ligne. » s’est exprimée dans la mobilisation anti-raciste massive. A Paris, le Comité Vérité et Justice pour Adama a ainsi réuni des dizaines de milliers de jeunes pour dénoncer le racisme et les violences d’Etat.
Ce racisme qui s’exprime dans les pays centraux est évidemment indissociable de la domination impérialiste qui continue de s’exercer sur les pays semi-coloniaux. En Bolivie, Carlos Cornejo a ainsi rappelé les racines communes de la mort de George Floyd et du récent coup d’Etat qui a vu le renversement de Evo Morales et l’arrivée au pouvoir de la droite pro-patronale et raciste. « Les mobilisations contre la répression policière aux Etats-Unis nous donnent de la force ici pour lutter contre le bloc putschiste. Car le même gouvernement impérialiste qui a assassiné George Floyd, a impulsé le coup d’Etat en Bolivie, avec l’OEA et Trump au service du capital bancaire, financier et agro-industriel, dans lequel s’enracine la droite en Bolivie. a rappelé le militant de la LOR-CI.

Face à ces questions communes de racisme et de violences d’Etat, inséparables d’un contexte plus général de crise économique, c’est la question de l’outil à même de permettre aux mobilisations d’aller plus loin qui est revenue dans de nombreuses interventions.

Des Etats-Unis au Chili : quel outil pour mettre fin au racisme et aux violences policières ?

Sur le terrain de l’organisation, les trois intervenants états-uniens sont ainsi revenus sur un débat d’importance capitale entre les militants de Left Voice, et les militants du DSA soutenant le Parti Démocrate, derrière les figures de Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez. Ils ont tous trois insisté sur le fait que, dans période convulsive qui débute par une crise économique et une révolte de magnitude historique, il est nécessaire de construire une organisation indépendante des partis bourgeois. Comment continuer de prendre part au parti démocrate qui porte comme candidat Joe Biden, éminent homme politique bourgeois et raciste qui avait conseillé à la police de « tirer dans les jambes des Noirs plutôt que dans leur cœur » ?

« Pour mettre fin au racisme systémique ou de la brutalité policière nous avons besoin d’une stratégie de libération, qui combatte à la fois le capitalisme et la police qui les défend. Nous devons nous organiser en tant que classe ouvrière. Construire un parti révolutionnaire au sein de la plus grande et la plus dangereuse nation impérialiste est un grand défi. Mais cela aurait des conséquences historiques, il est indissociable de celui de construire un parti mondial de la révolution. » a ainsi souligné Julia Wallace rappelant que c’est à cette tâche que s’attellent les militants de Left Voice.

A l’heure de profondes convulsions politiques, l’absence d’un tel outil condamne les mobilisations massives à se subordonner aux directions réactionnaires ou conciliatrices existantes. Au Brésil, Leticia Parks a ainsi dénoncé l’attitude du PT et des directions syndicales, divisant les exploités et les opprimés « en actant une trêve avec le gouvernement Bolsonaro au moment même où des milliers de jeunes livreurs noirs ont fait grève », tandis qu’en Bolivie, Carlos Cornejo a rappelé l’échec des tentatives conciliatrices du MAS d’Evo Morales, qui « pensaient qu’en négociant avec les capitalistes on pouvait mettre fin à la violence raciste et atteindre le socialisme » avant de finir renversés par ces mêmes capitalistes.

Contre ces illusions de réforme du système, la situation internationale et le tournant à gauche que constitue le mouvement contre le racisme et les violences policières font naitre un espace de taille pour le projet de construire des organisations révolutionnaires, alors que des piliers du capitalisme aussi centraux que la police sont remis en question à échelle de masse. Or, si les phénomènes évoqués dans le meeting s’inscrivent à l’échelle internationale, un tel projet ne peut de même se penser que de façon internationaliste.

« Le rôle des révolutionnaires dans la période va être de poser plus que jamais l’urgence d’arracher le pouvoir des mains de la bourgeoisie, pour une transformation sociale, afin d’en finir avec le capitalisme, le racisme et le patriarcat. Mais pour cela il va nous falloir lutter contre les politiques capitalistes qui cherchent à opposer les prolétaires des différents pays en faisant de l’immigré ou de l’ouvrier du pays voisin le bouc émissaire de la misère dont les capitalistes eux-mêmes sont les seuls responsables. » rappelle ainsi Anasse Kazib.

Un meeting internationaliste qui sonne comme un appel à construire une organisation révolutionnaire internationale

À l’instar du meeting du 1e mai qui avait réuni des milliers de connexion en simultané dans 14 pays pour célébrer la Journée internationale des travailleurs, le meeting de ce samedi 11 juillet aura donc réuni des intervenants des quatre coins du globe. La même préoccupation a animé ces derniers tout au long de l’évènement international : celle de construire une organisation révolutionnaire internationale, capable d’être à la hauteur des futurs affrontements qui se profilent à l’aune de la crise épidémique et du mouvement contre les violences policières et le racisme.
Au Brésil, épicentre de la crise en Amérique du Sud, les discours négationnistes de Bolsonaro à propos du Coronavirus se sont combinés à des attaques ultra-libérales contre les populations travailleuses et pauvres. La militante du MRT Leticia Parks raconte ainsi avec émotion que « dans les mots de cette fille noires États-uniennes scandant « no justice no peace » j’ai pensé à toutes les mères brésiliennes perdent leurs enfants du Coronavirus, des balles des policiers, mais aussi de l’exploitation capitaliste brutale, de l’héritage de l’esclavage ».

En ce sens, les intervenants ont formulé chacun à leur manière un appel à l’adresse des acteurs de la séquence politique que nous vivons à lutter aux côtés de la FT-QI pour œuvrer à la reconstruction de la IV° Internationale. En France, comme l’a rappelé Anasse Kazib, le NPA/Révolution Permanente « se bat pour que le NPA, qui vient d’élire un de ses principaux porte-paroles ouvriers, Philippe Poutou, au Conseil Municipal de Bordeaux, devienne un outil pour la construction d’un véritable parti révolutionnaire de combat en France, intégrant diverses traditions de l’extrême-gauche, ainsi qu’une partie de l’avant-garde qui a émergé dans la lutte de classes qui traverse le pays depuis 2016 » !

La manifestation du 18 juillet en hommage à Adama Traoré sera ainsi une occasion concrète de se retrouver dans la rue pour exiger Justice et Vérité pour toutes les victimes de violences policières et de racisme, et de commencer depuis Beaumont et aux cotés des Générations Adama et Climat la construction de notre monde d’après.


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