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Ca ne suffira pas !

Grève des Urgences. Buzyn tente de calmer la colère à coup de primes

Le conflit des personnels paramédicaux dure depuis plus de trois mois et touche désormais plus de 100 services sur les 650 du pays. Face à cette colère, qui s’enracine et se structure, la ministre de la Santé a présenté ce vendredi 14 juin son « plan de sortie de crise » dont le contenu se résume à verser aux personnels hospitaliers des primes ridicules et très en deçà des besoins et de l’urgence sociale qui a cours dans les hôpitaux.

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Crédit photo : Albert Facelly / Libération

Après avoir été paralysé par le mouvement des gilets jaunes, le gouvernement entend démarrer [l’acte 2 https://www.revolutionpermanente.fr/Acte-2-La-macronie-continue-sa-strategie-du-en-meme-temps-et-prepare-son-retour-a-l-offensive] en reprenant l’offensive et les contre-réformes, notamment dans la santé et l’éducation. La loi « Ma santé 2022 » adoptée le 11 juin au Sénat, reprend une logique d’austérité des plus féroces. Elle vise en effet tout simplement à supprimer et transférer les services de petits centre hospitaliers vers des plus grands et pousser les patients à se diriger vers la médecine libérale.

Et pourtant, ce vendredi, Agnès Buzyn a annoncé fièrement le « déblocage » de 70 millions d’euros. En somme, si d’un coté le gouvernement entend déstructurer et poursuivre la casse de l’hôpital public à travers les réformes et laisser de plus en plus la main à la médecine libérale, de l’autre, ce dernier fait face à la colère sociale et est obligé d’y répondre.

Concrètement les annonces de la ministre de la santé promettent une revalorisation de la « prime individuelle de risque » à 118 euros bruts ainsi qu’une « prime de coopération » de 100 euros bruts pour les infirmiers et aides-soignants. Autrement dit, donner des miettes, « à coup de prime », sans s’attaquer au problème fondamental du manque de moyen. Les personnels hospitaliers mobilisés demande en effet quant à eux une augmentation de salaire de 300 euros à minima.

Au lieu d’obtenir de meilleures conditions de travail, ils se retrouvent avec une prime dont le montant paraît presque insultant par rapport à leur demande initiale. D’autant plus qu’à l’inverse d’une réelle augmentation de salaire, les primes ne garantissent pas une augmentation de salaire durable. Et ce alors que l’austérité orchestrée par le gouvernement Macron détruit nos hôpitaux.

Pour ce qui est du « long terme », Agnès Buzyn a annoncé la mise en place d’une commission dirigée par Pierre Carli ( président du Conseil national de l’urgence hospitalière et chef du Samu de Paris) et Thomas Mesnier (député LREM) qui sera chargée de rendre ses conclusions à l’automne. Cette commission se donne pour rôle d’étudier « la responsabilisation de la population sur ses demandes de soins ». Autrement dit, il s’agit de considérer les patients comme responsables de la surcharge des services hospitaliers.

Elle se donne aussi pour objectif « l’articulation des services d’urgences avec l’offre de ville » (comprenez avec la médecine libérale). En somme, la commission se donne pour objectif de pointer du doigt les patients comme responsables de la surcharge des services, pour ensuite légitimer le développement de la médecine privée comme solution au problème.

Ce sont donc bel et bien des mesurettes déconnectées des réalités que propose Agnès Buzyn. Malgré l’effet d’annonce que cela pourra probablement produire, il est évident que ça ne suffira pas à calmer la colère dans les hôpitaux. Par ailleurs, sur les réseaux sociaux, notamment sur les groupes où s’organisent les personnels hospitaliers en grève et mobilisés, cet enfumage est loin de convaincre et les mesures annoncées sont vivement critiquées.

A l’image du discours d’Emmanuel Macron le 10 décembre qui visait à calmer la colère des Gilets jaunes et qui n’a pas eu l’effet escompté, le malaise sociale, la dégradation des conditions de travail et la souffrance qu’elle engendre est trop grande pour que de simples mesurettes suffisent à calmer la gronde.


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