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Retour sur la colère dans le 93

Grève du 10 octobre dans l’Education. Les personnels sont à cran et veulent se battre

La journée de mobilisation appelée par l’Intersyndicale de la fonction publique, ce mardi 10 octobre, a été particulièrement suivie dans l’Education. Enseignants, personnels d’éducation (AED, AVS, APE) et agents territoriaux, sont témoins d’une dégradation des conditions de travail dans les établissements scolaires. C’est particulièrement le cas en Seine-Saint-Denis, où la mobilisation a été exceptionnelle.

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Un début de renouveau dans la mobilisation chez les profs et les personnels ?

1 enseignant sur 3 a fait grève ce mardi dans toute la France. Ils étaient 1 sur 2 en Seine-Saint-Denis, primaire et secondaire confondu. « C’est beaucoup, souligne Thomas, professeur d’espagnol au lycée présent à la manifestation parisienne, et ça fait longtemps qu’on n’avait pas vu ça ». En effet, c’est sans doute l’une des plus fortes mobilisations de la fonction publique depuis 2003 et qui pourrait laisser à penser qu’après le matraquage sarkoziste et l’endormissement (complice) des directions syndicales sous Hollande, on pourrait bien se trouver face au début d’une nouvelle séquence et d’une remontée de la colère dans la fonction publique et chez les personnels de l’éducation en particulier. Il est clair que le mandat de François Hollande a fait l’effet d’un coup d’extincteur sur la colère des profs, mal contenue par les gouvernements Sarkozy. En réponse à sa politique de non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois qui avait entrainé la suppression de 80.000 postes et créé des remous dans le corps enseignants, Hollande promettait en 2012 la création de 60.000 postes dans l’éducation. Une promesse à moitié tenue mais qui a permis aux organisations syndicales de se tenir tranquilles et de contenir les bases pendant 5 ans.

Sous le nouveau gouvernement, et en dépit des efforts de communication de Michel Blanquer pour faire croire à un regain de considération à l’égard des professeurs – voir sa réponse faussement indignée au tweet insultant du Medef contre les profs -, l’enchainement des contre-réformes annoncées par Macron et Darmanin contre la fonction publique, et en particulier contre les enseignants, ne passent pas comme une lettre à la poste. La mobilisation de mardi est-elle le signe d’un déclic ? En tout cas, elle laisse à penser que cela pourrait aller plus loin.

Parmi les sources de mécontentement, il y a bien sûr, la question des rémunérations – nouveau gel du point d’indice et restauration de la journée de carence -, et celle de la suppression de 120.000 postes qui pend au nez de toute la fonction publique. Et, dans les établissements, là où ça bouge, les revendications portent également sur le manque de moyens qui s’aggrave de rentrée en rentrée : la suppression des contrats aidés qui touche de plein fouet l’organisation de la vie scolaire et les agents en charge du nettoyage et de la restauration, l’augmentation des effectifs dans les classes, sous la pression de la croissance démographique, et qui dégradent les conditions d’enseignements. Si les établissements ont été fortement perturbés ce mardi, c’est aussi parce que les agents territoriaux (ATTE), et les surveillants (AED) ont également participé massivement au mouvement, ce qui marque un point d’inflexion avec les mouvements de grève de ces dernières années.

Des initiatives organisées par en bas

En région parisienne, c’est en particulier dans les établissements de la Seine-Saint-Denis, l’un des départements les plus pauvres de France, que la colère s’est fait sentir. Dès la première semaine de rentrée, au Blanc-Mesnil, à Stains, au Bourget, à Aulnay-sous-Bois, à Saint-Denis, les lycées, anciennement classés dans les dispositifs de l’éducation prioritaire et qui ont vu leurs moyens diminués, se sont lancés dans des grèves dures, dès la rentrée ici pour exiger un CPE en plus, là pour faire valoir de nouveaux postes d’AED, une diminution des effectifs par classe ou encore, au Lycée Suger de Saint-Denis, le maintien d’un collègue muté de force pour avoir participer à des mouvements.

Mardi, donc, les établissements de Seine-Saint-Denis ont répondu nombreux à l’appel des organisations syndicales et défilaient derrière des banderoles d’établissements, dans un cortège éducation, aux côtés d’enseignants parisiens, du Val d’Oise, de Seine-et-Marne. En tout, ce sont près de 50 établissements et 1000 personnes qui ont gonflé ce cortège auto-organisé de l’éducation, distinct des traditionnels cortèges du Snes, du Snuipp et de Sud Educ.

L’AG des personnels de Bobigny appelle à poursuivre le 19

Le matin même, à la bourse du travail de Bobigny, une Assemblée Générale réunissant tous les établissements mobilisés du secteur a appelé à reconduire la grève le 19 octobre, journée de mobilisation appelée par la CGT. Aux côtés des enseignants des collèges Auguste Delaune, Jean-Pierre Timbaud, Pierre Sémard et République, et du lycée Louise Michel, étaient présents des responsables de la CGT territoriaux et de Sud protection sociale. Ce genre d’AG de ville, qui avaient un peu disparu dernièrement, refont surface, en écho aux modalités d’auto-organisation que l’on avait vu apparaître lors du mouvement de 2003, notamment, lors des 3 semaines de grève généralisée.

La FSU n’appelle pas et attend le prochain rendez-vous « salarial » du 16 octobre

Tandis que les attaques pleuvent et malgré la réussite du 10 octobre, les directions des organisations syndicales de la fonction publique n’ont pas encore appelé à une nouvelle date de mobilisation. Elles attendent la tenue du rendez-vous « salarial » avec Darmanin, le 16 octobre, dont les résultats ne présagent rien de bon au vu de ce qui a été annoncé. Pis, alors que le gouvernement a d’ores et déjà annoncé souhaiter « ouvrir au privée certaines missions de services publiques », refonder les statuts des fonctionnaires, elles pourraient bien être instrumentalisées pour obtenir le consentement des organisations syndicales, lâchant sur les salaires, mais attaquant de front les statuts.

Pour faire réellement pression sur nos directions syndicales et exiger d’elles qu’elles refusent le faux-dialogue mais se placent réellement à la hauteur des enjeux de la situation, en décidant d’un véritable plan de bataille, ce sont avec ces méthodes d’auto-organisation qu’il faut renouer : les grèves marchantes, faisant la jonction d’un établissement à l’autre, l’organisation d’Assemblée Générale de ville ou d’intercommunalité, ou toute forme d’initiative par en bas permettant de construire la mobilisation et de décider de sa direction, tou-te-s ensemble, primaire, secondaire et supérieur, enseignant-e-s et personnels, fonctionnaires et contractuels. C’est ce que craint le plus le gouvernement.

[Crédits photos : PR, pour RP.fr]


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