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Mensonges et sentiment d’impunité

Guillaume Vadot démonte les allégations des policiers parues dans la presse

Dans une affaire, il faut entendre toutes les parties si l’on veut se faire un avis. On connaît l’exercice. Guillaume Vadot a profité de la conférence de presse de jeudi matin pour répondre point par point aux déclarations faites à la presse par les policiers incriminés dans son agression. Passage en revue et petit florilège de la bêtise policière. Corinne Rozenn

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Plus c’est gros et plus ça passe. Couplé au sentiment d’impunité, c’est un peu ce dont se sont prévalus les policiers en donnant leur propre version des événements survenus le 22 septembre à une journaliste du Monde.

Ne pouvant se retenir de sourire, Vadot est revenu point par point sur ces allégations aussi mensongères que ridicules et faibles sur la forme et le fond. Les propos, pointe le militant, « ne tiennent pas à l’examen de la cohérence ».

Commençant par le plus drôle, il a bien entendu pointé les propos qui lui ont été mis dans la bouche par les policiers expliquant qu’il aurait « poussé à l’émeute » en hurlant « ensemble, allons défendre cette innocente ». Cela fait bien longtemps, quelques siècles en réalité, depuis la fin de la croisade contre les Albigeois à la fin du XIII° ou au bas mot depuis la guerre des paysans de Thomas Müntzer, en 1534-1535, que les gauchistes ne parlent plus comme ça.

Les policiers se défendent d’avoir pu faire quoi que ce soit contre Vadot car ils avaient tous les deux les deux mains occupées à procéder à des clefs de bras « réglementaires » afin d’assurer son immobilisation. Ni coup de taser dans le bras, ni attouchement, ni fouille de son portefeuille, donc. D’où venait la cinquième main ? La version des policiers est d’autant plus improbable que, pour des questions de « sécurité » et de « règlement », les agents sont censés procéder à des clefs avec une seule main, pour ne pas avoir les deux mains prises et ne pas se mettre en danger.

Pour ce qui est de la micro-décharge de taser, la journaliste du Monde se charge de pointer combien il est courant, dans les commissariats, que les policiers « déconnent » en s’envoyant des micro-décharges qui ne s’enregistrent pas sur la carte mémoire de l’arme. Par ailleurs, pointait Vadot, si une décharge de taser déclenche effectivement « une rupture du système nerveux central de l’individu qui se traduit par une chute au sol de ce dernier », argument des deux policiers pour dire qu’il n’y aurait pas eu décharge, on peut légitimement se demander pourquoi une telle arme « non-létale », mais visiblement extrêmement dangereuse aux dires mêmes de fins connaisseurs de la chose, continue à équiper la police.

Le dernier élément a trait aux coups, qui n’auraient pas été assénés parce que les policiers n’avaient pas assez de leurs quatre mains pour empêcher le jeune militant de se débattre… Il se serait donc fait mal en « heurtant » la « jambe » d’un des deux hommes ou l’étui d’une arme. Après autant de contorsionnisme, on comprend mieux pourquoi, malgré leurs quatre mains immobilisées, les policiers ont tout de même réussi à fouiller dans le portefeuille de Vadot, ce que la procédure ne permet pas. Mais, on l’aura compris, si les deux policiers ne sont pas très à cheval sur le caractère vraisemblable de leurs propos, ils le sont encore moins sur la procédure.

Le plus ridicule arrive par la suite. En dépit des vidéos récupérées, ainsi que de la bande de vidéo-surveillance qui a été demandée à la SNCF, les deux hommes assurent ne pas avoir le « crâne rasé », description faite par Vadot, mais au contraire, avoir « les cheveux en pétard » pour l’un et une « coupe de cheveux fourni » pour l’autre. Tout ceci ne correspond guère au look des policiers du commissariat de Saint-Denis, faisaient remarquer plusieurs dionysiens présents à la conférence de presse, ne sachant s’il fallait en rire. Vadot, néanmoins, reste absolument ferme sur la description des deux agresseurs.

L’impunité est telle, concluait le militant, que cela se traduit également par cette capacité à « dire n’importe quoi pour imposer n’importe quoi comme vérité ». Ces pratiques, dénoncées par plusieurs personnes présentes, dont deux mères de famille témoignant pour leurs enfants, mineurs, interpellés et gardés-à-vue, sont monnaie courante dans la police mais systématique ou presque à Saint-Denis, notamment contre les populations racisées ou tou-te-s celles et ceux qui, à un moment ou à un autre, s’opposent à l’arbitraire policier.

La « défense » des deux fonctionnaires de police ne tient pas et les arguments que leur oppose Vadot le démontrent. Qui plus est, soulignait-il pour finir, « on comprend mal pourquoi un individu incitant à l’émeute », comme l’ont fait valoir les policiers, n’a pas été interpellé. A ces pratiques de guerre civile contre notre camp social, il faut une riposte politique organisée, tou-te-s ensemble. Cette libération de la parole, cet appel à dénoncer, à s’organiser et à structurer un front de lutte entre l’ensemble des organisations en butte à la répression ou intervenant sur ce front, voilà également l’objet de l’affaire de la Gare de Saint-Denis.


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