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Dehors Condé !

Guinée. Manifestation massive contre le 3ème mandat d’Alpha Condé

En Guinée aussi le peuple ne veut plus être gouverné par des dirigeants corrompus qui ne servent que leurs intérêts et ceux de la classe dominante. Cette profonde crise du pouvoir s’exprime massivement dans la rue : les Guinéens veulent une démocratie, la leur !

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Election présidentielle 2020 : Alpha condé veut se représenter

Les prochaines élections en Guinée seront en 2020 et Alpha Condé, actuel président, veut se représenter. Mais cela provoque une grande colère dans le pays. En effet Condé a été le premier président élu « démocratiquement » en 2010 et celui-ci a aujourd’hui 81 ans. Or la Constitution établit un maximum de deux mandats, ce qui le pousse donc à engager une réforme de la Constitution pour se représenter. Il soutient cette réforme depuis janvier et la contestation n’a pas tardé à se faire entendre. Dans l’opposition s’est formé le Front national pour la défense de la constitution (FNDC), composé des principales forces politiques du pays. Le 14 octobre cette organisation appelait à une manifestation qui a massivement mobilisé dans l’ensemble du pays et surtout à la capitale Conakry. Car le peuple ne veut plus être gouverné par des politiciens qui ne servent que les intérêts de la classe dominante, les Guinéens veulent vivre décemment et dignement.

Répression politique et militaire

Lors de cette manifestation, une dizaine de dirigeants de l’opposition ont été arrêtés, dont 5 du FNDC : ils ont écopé de 6 à 12 ans de prison. Celui qui avait été élu « démocratiquement » réprime donc ses opposants politiques. De surcroît il y a eu officiellement 8 morts et une dizaine de blessés par balle. L’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée) affirme également que 103 jeunes manifestants ont clandestinement été tués. En fait ce gouvernement ne tient plus que par son armée, il n’a plus aucune légitimité et c’est dans la rue que cela s’exprime !

Nouvelle manifestation massive le 24 octobre

Cette profonde crise de légitimité n’est donc pas prête de se refermer. C’est notamment ce qu’a démontré la manifestation du 24 novembre où le FNDC affirme que 1 500 000 manifestants sont descendus dans les rues de Conakry.

Le rassemblement était appelé sur l’esplanade du stade de la ville. Or ce lieu est fortement symbolique dans l’histoire de la Guinée. Car en 2008, le président qui dirigeait le pays mourut et Moussa Dadis Camara accéda au gouvernement provisoire, ce dernier promettait qu’il ne se présenterait pas aux élections de 2010 et c’est pourtant ce qu’il a fait. En 2009 des manifestations massives ont eu lieu sur cette dite esplanade et la répression a fait 157 morts, sans compter les viols, sévices, tortures, etc... Condé nie la gravité de l’événement, ce qui révèle deux choses :

  •  la première étant que dans ce système corrompu, les politiciens ne peuvent qu’agir pour leur propre intérêt, autant Camara qui n’a pas tenu sa promesse afin de se présenter que Condé qui souhaite renouveler son mandat.
  •  Deuxièmement Condé n’hésitera pas à réprimer davantage que ce qu’il n’a fait, à l’image de Camara en 2009.

    Malgré tout cela, le FNDC, qui dirige le mouvement, cherche à « faire respecter la loi » affirme un de leurs responsables, il veut en réalité établir un État qui sera dirigé par de nouveaux politiciens dans un régime qui paraîtra un peu plus démocratique que ce qu’il n’est maintenant. Les masses travailleuses ont quant à elles des aspirations plus grandes lorsqu’elles scandent « ça ne passera pas ! » et « à bas la dictature ! ». Ce qu’elles veulent ce n’est pas le respect d’une Constitution qui est aux fondements de ce système corrompu mais au contraire son abolition.

    C’est ainsi que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) prend position en appelant les acteurs à la retenue et s’engage à la construction de la démocratie en République de Guinée. Au contraire nous soutenons la mobilisation du peuple guinéen car c’est par la lutte que le système peut, non pas être réformé, mais renversé !

    Anti-impérialisme et indépendance de la Guinée

    En 1958 la Guinée déclarait son indépendance vis-à-vis de la France. Le Général De Gaulle qui avait des intérêts économiques et politiques à y défendre déclare alors « Déstabilisez la Guinée ! ». Il confia ainsi aux services secrets français d’injecter des faux francs guinéens qui ruineraient l’économie du pays. Par la suite, en 1982, Seka Touré libéralisa l’économie, notamment en se tournant vers les Etats-Unis auxquels il demanda d’investir en Guinée afin de dynamiser l’économie en échange de matières premières. Ces deux puissances impérialistes ont encore aujourd’hui d’énormes intérêts en Guinée, notamment sur la bauxite.

    Nous devons in fine combattre l’impérialisme et en outre le nôtre, celui de l’Empire colonial français. Nous pouvons en ce sens dénoncer le rôle de la France dans l’appauvrissement des richesses en Guinée mais plus encore la responsabilité de la bourgeoisie française dans la destruction économique actuelle du pays par l’exploitation des travailleurs et des ressources. Nous soutenons par conséquent la volonté d’indépendance du peuple guinéen pour son auto-détermination. Et enfin, plutôt que de rétablir un État de droit comme l’avance le FNDC, nous poussons à l’auto-organisation des travailleurs et de la jeunesse guinéenne : la revendication démocratique dans la situation actuelle serait de former une Assemblée constituante dans laquelle les décisions sont dans les intérêts des opprimés et des exploités.


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