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Pou Lagwiyann Dékolé

Guyane. Une levée des barrages sur fond de manipulations du gouvernement

Dans la soirée du jeudi 13 avril, à l'issue d'une assemblée générale, le collectif Pou Lagwiyann Dékolé a annoncé la levée temporaire des barrages, le temps du week-end. En plein bras de fer avec le gouvernement, les contradictions internes dues à l'hétérogénéité du mouvement de contestation dessinent des clivages, notamment autour de la question des blocages.

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C’est à l’issue d’une assemblée générale qui a duré plus de trois heures que le collectif Pou Lagwiyann Dékolé a annoncé la levée des barrages, montés par les Guyanais et Guyanaises en lutte, jusqu’à nouvel ordre. Plusieurs porte-paroles ont souligné le caractère temporaire de la mesure et réaffirmé la détermination de la contestation. Depuis plus de trois semaines un mouvement, historique par son ampleur, touche la Guyane. Issu de l’empire colonial français, ce territoire présente une importance géostratégique et économique particulière pour la France, « puissance de la mer et de l’espace » pour certains mais surtout puissance impérialiste. Car si la Guyane permet, entre autre, à la France d’envoyer des fusées en orbite, l’administration française maintient la population guyanaise dans un état de sous-développement permanent.

Cette situation particulière, due au fait colonial, explique la grande hétérogénéité du mouvement de contestation. Parti notamment du Centre spatial guyanais de Kourou, un puissant mouvement de grèves s’est étendu à de nombreux secteurs sur tout le territoire. Rassemblant plusieurs syndicats réunis autour de l’Union des travailleurs de Guyane (UTG), la mobilisation dénonce les conditions de vie et de travail des Guyanais et les inégalités avec la métropole, dont le site de Kourou est le symbole. On trouve également, dans le mouvement de contestation des organisations plus éloignées du mouvement ouvrier, comme les « 500 frères contre la délinquance », qui réclame des mesures sécuritaires et anti-étrangers ainsi que l’augmentation des effectifs de police. Enfin, des organisations patronales, souvent désignées comme « socio-professionnelles » dans la presse, ont également pris part au mouvement de contestation. Ces trois secteurs, en plus de beaucoup d’associations citoyennes et culturelles, ont formé le collectif Pou la Gwiyann Dékolé afin d’organiser la mobilisation.

Depuis trois semaine, les Guyanais et Guyanaises tiennent bon dans le bras de fer qui les opposent à l’Etat et au gouvernement français. Le gouvernement a d’abord joué sur les leviers ministériels et parlementaires pour tenter de désamorcer la mobilisation, en vain. Pendant trois semaines, de missions ministérielles en promesse de « pacte d’avenir pour la Guyane », le gouvernement évite soigneusement la question du statut de la Guyane. Avec des réponses qui n’ont rien à voir avec les revendications de la majorité de la population et des appels répétés à « ne pas fragiliser l’économie de la Guyane », le gouvernement attise les clivages internes au mouvement. Les organisations patronales, réunies dans le « pôle économique » du collectif Pou Lagwyann Dékolé, ont déclaré leur opposition aux barrages. Elles revendiquent, avec les « 500 frères », une enveloppe de 5 milliards d’euros, soit 4 milliards de plus que les fonds annoncés par le gouvernement.

Mais comment 4 milliards d’euros pourraient résoudre les problèmes auxquels est confrontée la population Guyanaise ? Comment être sûr que ces fonds seront utilisés pour satisfaire les revendications en matière de logement, de chômage, de bas-salaires, de précarité, d’illettrisme, d’accès à la santé ? La seule chose qui est sûre, c’est que les organisations patronales et les 500 frères revendiquent moins d’impôts et plus de police. C’est à eux que s’adresse le gouvernement en proposant des fonds. En jouant sur le débat pro-barrages/anti-barrages, c’est la carte du pourrissement que joue le gouvernement : la vieille histoire du bon et du mauvais manifestant.


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