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Le Hollandais pur jus, Stéphane le Foll, organise un raout de vingt-cinq ministres fidèles pour sauver Hollande d’un bilan désastreux.

« Hé-oh » du bateau, le PS prend l’eau !

Les fidèles de François Hollande se sont réunis lundi à Paris pour défendre son bilan. Une opération de survie délicate à un an de la présidentielle, alors que les sondages sont au plus bas, que les militants désertent en masse le PS et que l’orage social continue à gronder. Claire Manor

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Une perte des forces militantes qui tourne à l’hémorragie

Comme d’autres partis institutionnels, le PS connaît, depuis plusieurs années, une érosion régulière. Selon une enquête citée par Le Monde, Il est passé de 256 000 adhérents revendiqués à la fin 2007, à 131000 aujourd’hui, soit une chute de près de 50 %. Résultat encore plus douloureux à admettre si l’on se réfère à l’ambition affichée en 2014 par le premier secrétaire Jean Christophe Cambadélis de parvenir à 500000 militants en 2017.

Mais plus inquiétante encore, pour Hollande et ses soutiens, que cette lente érosion : la dégradation accélérée de l’état de santé du PS qui tourne à l’hémorragie. En 2012, au congrès de Toulouse, ils étaient encore 173000 adhérents « actifs », autorisés à voter à condition de se mettre à jour de cotisation. En juin dernier à Poitiers, ils n’ont été que 71000 à voter sur un peu plus de 130000adhérents. Aujourd’hui, les adhérents à jour de cotisations ne sont plus que 86000.

Rien d’étonnant à ce phénomène cependant, lorsque l’on sait que le PS, pourtant parti d’un président en exercice, accumule les échecs électoraux et que la cote de popularité de Hollande est la plus basse pour un chef de l’État depuis le début de la Vème République. Cette situation, largement explicable par la politique anti-ouvrière et pro-Medef menée par Hollande, n’en est pas moins désespérante pour les adhérents et surtout pour les rares militants que compte le PS. Nombreux sont ceux qui rendent leur carte ou ne renouvellent pas leur adhésion. A un an de la présidentielle, ce phénomène massif est extrêmement préoccupant pour le parti de Hollande, tant du point de vue de ses finances que de sa capacité à mobiliser des militants en vue de la campagne des présidentielles.

La méthode Coué, une technique toujours utile face à la faillite

« Ca va mieux » a lâché le président le soir du 15 avril sur France 2, tant pour se rassurer lui-même, peut-être, que pour reconquérir ses militants et ses électeurs. Reprise au bond par Valls et de nombreux membres du gouvernement, sauf Emmanuel Macron qui n’en est pas bien sûr, l’expression est désormais à la mode au sein de l’exécutif.

C’est ce que ne cesse de chanter le ministre de l’Agriculture et porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll. Invité du Grand Jury d’RTL dimanche dernier, il a déclaré : « La situation est bonne » et « elle s’améliore ». Il a d’ailleurs égrené dans la colonne crédit du bilan quelques motifs de satisfaction : 83000 emplois nets créés et une hausse de 1,8 % du pouvoir d’achat en 2015 par exemple. On ne lui demandera pas ses méthodes de calcul, l’essentiel est qu’il soit content. Et c’est arc-bouté sur ce bel optimisme, feint ou réel, qu’il a lancé lundi 25 avril son collectif « hé-oh la gauche » ! A un journaliste du Monde qui l’interrogeait sur la signification de cet événement, il a déclaré souhaiter que « ce rassemblement rappelle à la gauche qui critique et qui doute que ce que nous avons fait mérite d’être valorisé ». Et d’ajouter : « Face à la gauche de la gauche qui nous accuse de trahir, nous voulons dire qu’aux responsabilités dans un moment difficile, nous sommes, avec le président de la République et le premier ministre, restés fidèles à nos valeurs. Nous n’avons pas renoncé, loin s’en faut ».

Et pour le croire il faut en effet une bonne dose d’optimisme ou un très grand aveuglement, justement les deux principaux ingrédients de la méthode Coué

Un amphi rempli de ministres, ça change des étudiants

Plus d’une vingtaine de ministres et près de 600 personnes dans un amphithéâtre de l’université de médecine Paris Descartes, à l’appel de Stéphane Le Foll. La vieille Hollandie est là. A la tribune, Marisol Touraine, Najat Vallaud Belkacem, Jean Yves Le Drian, mais aussi, comme signe d’ouverture, les ministres du Logement (l’écologiste Emmanuelle Cosse) et de la Ruralité (le radical Jean-Michel Baylet).Au premier rang, Rebsamen, ex ministre reparu pour la circonstance. Les frondeurs ne sont pas là, mais deux absences sont particulièrement remarquées : celle de Manuel Valls et celle d’Emmanuel Macron. Pour le premier, on évoque simplement des problèmes d’agenda. Pour le second, la donne est claire, il a été évincé. Mais même s’il n’était pas invité, il aura forcément compris, lui qui vient de créer un mouvement « ni de gauche ni de droite » le message de Marisol Touraine qui « assume haut et fort d’être de gauche ».

La ministre de l’éducation nationale et la ministre de la santé sont montées au créneau pour défendre leur action et valoriser le bilan Hollande « en positif ». Marisol Touraine revendique au bénéfice du gouvernement « des avancées sociales que seul un gouvernement de gauche peut apporter ». Et utilisant la droite comme repoussoir elle affirmela différence : « Non, nous ne sommes pas pour l’assistanat. Oui, nous revendiquons l’accompagnement et la solidarité. »

De gauche, oui, mais pas trop quand même…

La dernière tentative pour éviter les poubelles de l’Histoire

L’optimisme affiché, le « ça va mieux » partagé, la vieille garde serrée autour du Président Hollande, relèvent plus de la formule magique de survie que du bilan. Hélas pour Hollande et le Foll, ce qui est en jeu n’est pas une question de « com » ni d’explication ou de « valorisation » d’un bilan dont les militants et les travailleurs savent très bien, au demeurant, remplir les colonnes tous seuls.

Les initiateurs de « Hé oh la gauche » le savent bien eux-mêmes. Déjà d’autres dates de rassemblement sont annoncées et plutôt que d’un bilan, c’est bien d’un début de campagne qu’il s’agit, une campagne engagée avec toute l’énergie du désespoir.

Peu de chances qu’à quelques jours du quatrième anniversaire de l’élection de Hollande, il soit possible de faire revenir les sympathisants socialistes qui ne se sont pas déplacés lors des derniers scrutins et les militants PS qui ont déserté le parti.

Mais Hollande, qui ne fera connaître sa décision sur son éventuelle candidature qu’en décembre, ne semble pas avoir d’autre choix que d’être candidat à sa propre succession s’il ne veut pas être enterré définitivement. « S’il renonce, il passe dans les poubelles de l’histoire » déclarait à la presse, il y a quelques jours un membre du gouvernement. C’est cet enterrement de première classe de Hollande et du PS que Stéphane le Foll et ses derniers soutiens tentent d’éviter avec ce raout ministériel, qui n’effacera pas quatre ans de politique anti-ouvrière et n’arrêtera pas la colère de la rue.


  
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