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Saison 4

Hollande, les lèches-bottes et les patrons à la Conférence sociale

Damien Bernard La « conférence sociale » instaurée par Hollande à sa prise de fonction rythme annuellement un nouveau round de « dialogue social ». Elle a réuni cette année les organisations patronales dont le Medef, la CGPME et l’UPA, et les syndicats « réformistes » dont la CFDT, la CFTC, l’Unsa et la CFE-CGC, mais aussi un syndicat « contestataire » Force ouvrière, qui l’avait boycottée l’an passé.

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La CGT, qui avait participé en 2014 à ce dialogue puis refusé de siéger aux tables rondes, a décidé de pratiquer la politique de la chaise vide. Pour son secrétaire général, Philippe Martinez, qui a mis en avant les tensions à Air France, il s’agit, comme il l’a déclaré à L’Humanité du 19 octobre, d’adresser « un message d’alerte au gouvernement ». Solidaires a aussi refusé l’invitation « en raison du lynchage des salariés d’Air France » et du passage en force du gouvernement sur le PPCR et la rémunération des fonctionnaires fin septembre.

Bisounours, Laurent Berger ?

Cette non-participation de la CGT a polarisé les débats. « Le statu quo n’est plus possible. L’alternative, c’est la réforme ou la rupture, la rénovation du modèle social ou sa disparition », a appuyé Francois Hollande, fustigeant l’attitude de la centrale de Montreuil qui mènerait à l’« immobilisme ».

De son côté, la CFDT a jugé qu’« aller à la conférence sociale, ce n’est pas être le Bisounours de service », jugeant le dialogue social « absolument indispensable ». Cela n’a rien d’étonnant pour Laurent Berger qui a une nouvelle fois trahi, en signant honteusement la nouvelle contre-réforme des retraites. Ainsi, la CFDT s’avère être une courroie de transmission des contre-réformes glissant presque à en devenir un porte-parole du MEDEF.

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Hollande le meilleur complice du patronat pour 2017 ?

Politiquement, pour Hollande, la rupture, ce serait la droite et l’extrême droite, soit de « ceux qui prônent le démantèlement du contrat de travail, du Code du travail, voire du smic, pour prétendument sauver les entreprises au détriment des travailleurs et du dialogue social » (lire Sarkozy), soit ceux qui seraient opposés à toute forme de « corps intermédiaires », en l’occurrence les syndicats (lire Le Pen). Le FN, pour Hollande, ce serait opter pour la tentation d’un « repli » chimérique alors que « le tiers de la production de notre pays est exporté ». Côté directions syndicales, donc, le discours est assez clair : si je ne reste pas en place, c’est vous aussi qui sautez.

Côté patronal, la drague est plus active. Tout juste auréolé d’une victoire après cette nouvelle attaque sur les retraites, le plaidoyer d’Hollande s’adresse bien évidemment directement au grand patronat. Francois Hollande serait, via le « dialogue social », le seul garant « du mouvement, du dialogue, du progrès ». Il vise ainsi à démontrer à un Medef pressé par la crise et la concurrence exacerbée, qu’il serait toujours le meilleur pourfendeur des acquis du mouvement ouvrier contre la droite, et l’extrême droite.

Relégitimer le « dialogue social » ?

Au programme de lamesse, pas de droit du travail, pas de contre-réforme des retraites, mais le compte personnel d’activité. Ce serait « la » grande réforme. « Chaque actif sera doté, dès son entrée dans la vie professionnelle, d’une forme de capital […] qui sera fructifié tout au long de sa vie par des droits qui s’accumuleront, le plus souvent exprimés en temps », a résumé François Hollande. Une façon pour lui de parler, avec un volet de son discours sur la COP21, des sujets qui semblent faire le plus consensus possible, alors qu’il reste englué dans l’impopularité.

La tactique de Hollande vise à utiliser « dialogue social » avec parcimonie, pour sortir des coups gagnants, comme la contre-réforme des retraites paraphée vendredi dernier. Ainsi les grands enjeux sont soit négociés en coulisses, soit légiférés quand il faut aller plus vite, pour donner des gages au patronat, comme l’a illustré la loi Macron, voté par trois fois avec le 49-3.

Après que le « dialogue social » a été sérieusement mis à mal par les salariés d’Air France, réprimé par la violence patronale et les forces de répression, cette nouvelle conférence sociale, ponctuée par la contre-réforme des retraites comme hors d’œuvre, vise à relégitimer Hollande vis-à-vis du patronat en réimpulsant le « dialogue social ».

Une façon pour le gouvernement de préparer un approfondissement des attaques contre les acquis du mouvement ouvrier, avec la contre-réforme du Code du travail, dans un projet de loi fortement inspiré du rapport Combrexelle, prévu début 2016.


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