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IV° Congrès du NPA. Introduction aux débats d’orientation de la Plateforme Z

Nous retranscrivons ci-dessous l’introduction d’ouverture faite par un membre du Courant Communiste Révolutionnaire, qui est l’initiative de Révolution Permanente et de la Plateforme Z, aux côtés d’autres militants, pour le quatrième congrès du NPA.

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Je vais essayer de décliner quelques axes, quelques perspectives politiques pour la période à venir, par rapport à la situation, à partir du texte « Faire vivre les acquis de la campagne Poutou, pour un NPA ouvrier et révolutionnaire » [défendu par la PfZ]. Tout d’abord, c’est un texte qui entend se situer dans la continuité de ce qui a fait les lignes de force de la dernière séquence réussie pour l’ensemble du parti, à savoir la campagne de Philippe Poutou. Dans la continuité de ce qui a fait sa radicalité, de ce qui a fait sa capacité à faire mouche, sa capacité à dialoguer avec notre camp social, dans nos entreprises, là où on travaille, dans nos quartiers, dans la jeunesse. C’est ce qui a fait sa force subversive, anticapitaliste, de rupture avec le système, à la fois dans la définition des termes de l’affrontement, de nos moyens de combat, le "tous et toutes ensemble", la grève générale (par rapport au cas de la Guyane, mais pas simplement). Par rapport aussi à sa dénonciation systématique des violences policières et plus généralement de cet état d’exception qui devient aujourd’hui la règle et son opposition intransigeante à l’ensemble de la caste politicienne, qu’elle soit de gauche ou de droite.

Cette radicalité a donné, il nous semble en tout cas, une cohérence au NPA à travers une orientation : c’est ce qui nous a mis en ordre de bataille, c’est ce qui nous a insufflé de l’enthousiasme. Ou en tout cas pour presque tout le NPA puisque encore à l’avant-veille du premier tour une partie du porte-parolat de l’organisation pouvait affirmer sur Public Sénat le 19 avril qu’« une victoire de Mélenchon, ce serait une très très bonne chose » -. Néanmoins, cette campagne a en tout cas su générer une dynamique et un bagage qui nous semble être précieux et qu’il ne faudrait pas dilapider, qu’il ne faudrait pas disloquer. Et de ce point de vue-là, il nous semble que la gauche du parti aurait tout son rôle à jouer pour à la fois clarifier mais également consolider et renforcer ces acquis.

Mais que nous propose l’ancienne majorité du parti représentée dans la plateforme U au congrès du NPA par rapport à cela ? Tout l’inverse ou presque. D’abord il suffit de regarder le titre de la plateforme, « Projet de texte de congrès ». Il s’agit d’un titre qui en dit long, tellement le texte en tant que tel ne dit rien, tout et son contraire, ou plutôt un texte qui se garde bien de tout dire. Mais ceci n’est pas un hasard : c’est absolument fonctionnel à la façon dont cette plateforme a été élaborée et surtout à la politique, ou aux politiques, qui sont suggérées.

Je reviendrai sur deux points, deux éléments qui sont à notre avis intimement liés : la question des néo-réformismes et la question du parti à travers l’exemple du Bloco [membre du SU-QI] au Portugal. L’internationalisme n’est pas un supplément d’âme, ni une façon d’échanger, de temps en temps, avec des camarades, sur ce qu’il se passe ailleurs. L’internationalisme est avant tout une boussole qui nous permet de tenir dans l’intervention, de tirer des bilans et de se projeter dans l’action. Et après avoir promis avoir tiré toutes les leçons de l’expérience Tispras, d’il y a trois ans, qu’est-ce que nous apprend la PfU ? Qu’est-ce qu’elle nous dit par rapport à cette question de la "dialectique" qu’il devrait y avoir entre "l’activité dans les institution"s et "la participation dans les luttes", notamment sur cette question portugaise ?

Dans un texte intitulé « Réflexions sur la question du parti », publié il y a quelques mois dans Inprecor, en juin 2017, Pierre Rousset nous dit que « l’activité parlementaire (et plus généralement institutionnelle) répond à des besoins très réels : défendre sur toutes les arènes possibles les droits des dominés, leur assurer une représentation politique, combattre l’hégémonie idéologique dominante, utiliser le groupe parlementaire pour aider les luttes ici et ailleurs ». Voyons comment cela se décline au Portugal, et pas seulement dans le fait que depuis 2015, les députés du Bloco sont essentiels à la stabilité du gouvernement socio-libéral portugais. On nous répondra qu’en fait il n’y a rien d’autre à faire parce que le rapport de force est tellement dégradé que c’est la seule option pour éviter le retour de la droite au pouvoir. C’est vrai qu’imaginer que le seul horizon possible pour des révolutionnaires soit l’augmentation de 50€ (attention 50€ sur quatre ans) du salaire minimum et des pensions, c’est-à-dire comme seule politique sociale, c’est un peu fort en café. Cela revient à s’inscrire dans la continuité d’un social-libéralisme post-Mario Soares, et s’inscrire en faux par rapport à la grève des pilotes de TAP, par rapport à la grève des travailleurs de Volkswagen, par rapport à la grève des enseignantes et des enseignants de la fonction publique : il nous semble que c’est un choix qui est pour le moins hasardeux, vous y conviendrez. Mais on peut y compris aller plus loin dans cette histoire.

Il suffit de penser à l’une des personnalités les plus emblématiques de la gauche radicale portugaise, un camarade qui adhère en 1973, donc sous la dictature, à la LCI, qui participe à la Révolution des œillets, qui est fondateur du PSR, qui est fondateur du Bloco, qui fait 5 % aux présidentielles en 2006. Aujourd’hui ce camarade n’est pas seulement membre du conseil consultatif de la Banque du Portugal, nommé par le ministre des finances. C’est la façon dont l’extrême-gauche donne un coup de main, à la banque centrale, aux ménages qui seraient surendettés ? Mais ce camarade est également membre, nommé également, du conseil d’État. Le conseil d’État au Portugal conseille directement l’exécutif. Alors vous me direz, qu’effectivement, si c’est ça défendre dans "toutes les arènes possibles les droits des dominés", si c’est ça "leur assurer une représentation politique", c’est extrêmement problématique.

Mais la question du Portugal ce n’est pas quelque chose qui est loin, dont on parle les jours de fête. Le Portugal, c’est ici. La question internationale, elle est ici également. Et c’est une façon de dire, d’analyser, de voir à quoi mène la logique de « la nouvelle représentation politique des opprimés et des exploités ». C’est ça effectivement que d’autres camarades dans le parti, ou au CPN, nomment « l’espace politique des 99 % », sans délimitation par rapport au réformisme. Un projet d’ailleurs qui est juste renvoyé à un peu plus tard, car les conditions d’émergence d’un « Podemos à la française » ne sont pas réunies aujourd’hui. Pour finir avec la question du Bloco, et pour reprendre Fernando Pessoa, ce genre de stratégie ne mène pas à "une mort accidentelle", elle mène à la mort programmée du marxisme révolutionnaire et de sa capacité de transformation sociale. Toutes ces ambiguïtés qui vertèbrent le texte de l’ancienne majorité n’ont pas convaincu une majorité de camarades du parti, et quand bien même ses représentants se voyaient déjà aux commandes de la direction avant même le début des AG électives.

Face à l’ancienne majorité, le panorama a quand même été assez désolant, nous le regrettons. Nous avons en tout cas tenté de tout faire pour essayer d’y remédier. Je parle ici de la fragmentation catastrophique de la gauche du parti, d’autant plus quand cette ancienne plateforme fait d’avantage que la PfU, à la fois en termes de pourcentage et de scores, qu’en 2016. C’est d’autant plus désolant qu’au-delà de nos divergences de lectures, de nos différences d’appréciation aux uns aux autres, nous partageons un certain nombre de points d’accords essentiels sur la nature et sur l’orientation dont aurait besoin le parti : sur les questions d’implantation, sur les questions d’interventions. Et ces éléments, qui font socle, il y en a un certain nombre. L’actualité de la perspective révolutionnaire , tout d’abord. Il ne s’agit pas évidemment de son imminence, il ne suffit pas de crier à la révolution pour qu’elle arrive. mais il s’agit de défendre cette actualité, à l’opposé du "pessimisme de la raison" et du "pessimisme de la volonté" auquel nous invitent les camarades de la plateforme U dans le texte. Le deuxième point, c’est la centralité de la classe ouvrière et des pratiques d’intervention qui lui sont corrélées. Bien évidemment, là aussi, à l’opposé de tout ouvriérisme, et de tout sectarisme.

Cette orientation s’est illustrée pour notre part dans la façon dont nous avons essayé d’aborder ces questions à travers l’intervention de nos camarades dans la grève d’Onet. C’est une grève qui a été avant tout la grève des travailleuses et des travailleurs d’Onet mais dans laquelle dans laquelle des cheminots et des cheminotes du parti sont intervenus. Cette grève n’est évidemment pas l’Alpha et l’Oméga de tout ce qu’on fait en termes de lutte des classes en France depuis 1936. Mais nous avons essayé d’y mener mener cette politique en montrant la façon dont on pouvait nouer des liens dans un front unique, à la fois ambitieux et large, qui allait de la CFDT jusqu’aux députés de la France Insoumise, en mettant systématiquement un axe d’indépendance de classe, et au service de la victoire de la lutte. Cette lutte a aussi été un point de jonction puisque le piquet des ouvriers, ou plutôt le piquet des ouvrières du nettoiement en grève a été un point de rencontres de l’assemblée Metoo, du comité Justice et Vérité pour Adama, des enseignantes et enseignants du 93, des étudiants également.

Ce congrès, pour conclure, advient dans un moment clef, pas uniquement par rapport à la Macronie, sa soi-disant nouveauté et ses contradictions, également ses premiers signes d’affaiblissements qu’on a pu encore voir à l’œuvre hier. Mais surtout dans la mesure où l’ancienne majorité du parti n’a pas convaincue. En réalité, la politique qu’elle mène depuis la fondation du parti ne convainc plus. C’est en cela que nous devons prendre nos responsabilités : nos responsabilités par rapport aux militantes et militants du parti, pour une gauche de proposition dans l’action, pour le parti ; pour une gauche qui est intransigeante dans les délimitations, condition nécessaire pour avoir une politique ; une gauche internationaliste et anti-impérialiste ; une gauche qui n’ait pas renoncé, en tirant les bilans des partis larges, à créer, à structurer, à construire une expression politique révolutionnaire du monde du travail et de la jeunesse. La tâche est devant nous, elle est ambitieuse, mais enthousiasmante, et il faut s’en emparer.

Crédits photo : NPA35


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