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Aussitôt l'accord signé, aussitôt expulsés de l'Odéon

Intermittents : le gouvernement veut casser la mobilisation alors que tout reste à jouer !

Alors que la mobilisation des intermittents battait son plein, avec les occupations de plusieurs théâtres, notamment celui de l’Odéon, de la Comédie Française et le théâtre du Nord à Lille, les syndicats de la branche et les employeurs du secteur du spectacle ont trouvé un accord sur le projet de réforme du régime spécifique d’assurance chômage des intermittents, concernant les annexes 8 et 10 de la convention UNEDIC. Un projet d’accord qui marque une véritable avancée : contrariant les propositions du MEDEF, ce projet propose un maintien du régime d’indemnisation pour les intermittents avec un retour à la situation de 2003. Mais aussitôt l'accord signé et le chemin du « dialogue social » revendiqué, le théâtre de l'Odéon a été délogé manu militari de ses occupants, veillant à couper court au mouvement et à ses aspirations à la convergence des luttes, alors même que rien n'est assuré : en effet, si l'accord marque une première avancée significative, il reste avant tout conditionné par la validation du MEDEF et des partenaires sociaux. Avec un accord à l’état de promesse et la démobilisation orchestrée par le gouvernement, rien n’est encore joué, et il faut rester mobilisés. Yano Lesage

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Dans la nuit de mercredi à jeudi, dans le contexte d’occupation des théâtres hexagonaux, les employeurs du secteur du spectacle et les représentants syndicaux, en particulier la CGT spectacle, majoritaire, se sont accordés sur un projet de réforme du régime spécifique d’indemnisation chômage des intermittents à apporter lors des négociations Unedic sur l’assurance chômage. Ses contours sont plutôt positifs, certes, mais tout cela reste à l’état de projet.

Une avancée majeure en terme de couverture des intermittents précaires…


A première vue, l’accord paraît rejeter le cadrage financier suggéré par le MEDEF d’une réduction de 185 millions d’euros par an. Il instaure une plus grande solidarité entre les travailleurs du spectacle, offrant une couverture chômage facilitée pour les plus précaires et un plafonnement des droits pour les plus actifs. En effet, les techniciens, comme les artistes, auront 12 mois et non plus 10 ou 10,5 pour effectuer les 507 heures de travail ouvrant droit à l’indemnisation. Cela devrait permettre de couvrir plus largement le nombre de chômeurs, une des revendications du mouvement qui dénonce la précarité grandissante des intermittents et le fait que 6 intermittents sur 10 n’aient pas accès à l’indemnisation chômage en dépit des heures travaillées sous ce régime. Une « clause de rattrapage » sera également introduite à cet effet, afin de donner 6 mois supplémentaires pour réaliser les heures pour ceux ayant au moins 338 heures au compteur sur les 12 derniers mois. En contrepartie, le plafond d’indemnités mensuel sera abaissé de 20%, à 3797 euros par mois, pour les intermittents les plus actifs et les mieux rémunérés. Un pied de nez au MEDEF donc, et une avancée pour les intermittents précaires.

...qui reste conditionnée à l’accord du MEDEF et des partenaires sociaux

Autant dire que rien n’est acquis. D’autant que le Medef, en la personne de Pierre Gattaz, a fait savoir qu’il voulait en finir avec ce régime spécifique en instaurant un cadrage financier extrêmement serré. Ce à quoi bon nombre de centrales syndicales, CFDT, la CFTC et la CFE-CGC se sont ralliées. Autant dire que l’accord peut être tout simplement rejeté lors des négociations sur la nouvelle convention Unedic au niveau interprofessionnel. Face à cela, il y a deux risques : soit celui de voir l’accord, fruit de la mobilisation et du mouvement d’occupation des théâtres, être purement et simplement rejeté. Soit, de voir cette concession faite par les partenaires sociaux compensée par des attaques encore plus grandes sur le régime général au moment où les analystes révèlent que le régime d’intermittence n’a qu’un impact mineur sur le déficit de l’Unedic comparé aux CDD et à l’intérim.

Dans les deux cas, cela nous fait signe que la lutte peut payer.

Un accord, fruit de la lutte et des possibilités de convergence


Bien entendu, il faut analyser la victoire en demi-teinte que constitue ce projet de réforme du régime de l’intermittence comme le résultat de la lutte et du mouvement d’occupation des intermittents, et de son déroulement sur fond de mobilisation générale et plurisectorielle contre la loi travail. Sans représenter un secteur stratégique, en terme de capacité à bloquer les structures productives, les travailleurs de la culture en lutte ont prouvé, par leur degré d’organisation et leur détermination, leur capacité à bousculer l’ordre symbolique de la bourgeoisie et à faire entendre leurs voix. Pour peu que ces potentialités soient mises au service de la lutte contre la loi travail, et servent à organiser la convergence d’autres secteurs en lutte, le gouvernement a du souci à se faire. Voilà pourquoi celui-ci n’hésite pas à utiliser à la fois la carotte, mais surtout le bâton, avec au lendemain de la signature de l’accord, la mise en place de l’expulsion violente du théâtre de l’Odéon, cœur de la mobilisation.

Alors que rien n’est joué, et que se déroule actuellement le second round de la mobilisation contre la loi travail, les intermittents ont tout à gagner à maintenir la lutte pour l’application de leurs propres revendications mais également pour faire en sorte d’avancer vers le tous ensemble contre la loi travail, le seul véritable outil à même de faire reculer le gouvernement dans la mise en application de son projet anti-social.


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