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Interview de Guillaume, cheminot, délégué CGT

’Si le site SNCF de Béziers ferme, il y aura des conséquences sur l’emploi dans une région déjà dévastée’

Nous avons interviewé Guillaume, délégué CGT du personnel et élu au Comité d’Entreprise, concernant la lutte que les cheminots du dépôt SNCF de Béziers mènent contre la fermeture du site. « Sur le site il y avait historiquement 1000 cheminots, aujourd’hui si on fait le compte on est à peine au-dessus de 100 ». Sous fond de réforme ferroviaire, les cheminots défendent l’emploi et le service public. Un rassemblement a eu lieu le 12 octobre en présence de Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, et de Gilbert Garrel, de la Fédération CGT des Cheminots. Propos recueillis par Laure Varlet

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Est-ce que tu peux nous expliquer la situation aux ateliers SNCF de Béziers ?

La situation devient catastrophique malheureusement. Ça fait 23 ans qu’il y a une menace de fermeture sur le site, même si avec la force de la lutte nous avons réussi à freiner la chose. Sauf qu’actuellement la direction est en train d’enlever la charge de travail, notamment au dépôt SNCF de Béziers, on a le train jaune, on fait la maintenance. La peinture, on n’est plus en capacité de la faire, parce qu’ils ont tout fait pour dégager les cheminots qui faisaient ce travail, l’un a été révoqué et l’autre a été poussé à la démission, la direction lui a mis la pression parce qu’elle voulait arrêter la peinture à Béziers. Maintenant, on fait du low cost. Il y a également de l’externalisation de charges, soit dans le privé, soit dans d’autres technicentres, comme par exemple les moteurs qui vont ailleurs. Une des principales activités est donc le train jaune, qui existe depuis une centaine d’années, et puis aussi les contacteurs. Les contacteurs des engins roulant (comme le TGV) sont démontés partout en France et ils sont envoyés sur Béziers. Nous on démonte complètement cet appareil et on le remet en état, on change les pièces en cuivre, etc. Ça fait quelques temps qu’on a des échos comme quoi ils veulent transférer cette charge sur Romilly. Actuellement, on sait qu’ils ont fait une place pour accueillir les contacteurs sur Romilly, mais comme la tension sociale est forte à Béziers, ils n’ont pas fait le transfert pour l’instant.

Le discours officiel de la direction n’est pas de dire qu’ils vont fermer le site, mais par contre si tu veux partir de l’entreprise, il n’y a pas de problème, les départs volontaires sont à disposition.

Quel est votre combat ? Quelles sont vos revendications ?

Notre principale revendication est le maintien de la charge de travail. Par rapport au train jaune par exemple, le travail de maintenance, de chaudronnerie, de rénovation, ce sont des travaux qui peuvent permettre de faire durer ce train pour 100 ans de plus. Si le site ferme, il y n’aura pas de retombées économiques, sur l’emploi dans la région, sur le tourisme, il y aura des conséquences. Ce train emblématique part de Villefranche-de-Conflent et va jusqu’à Latour-de-Carol. C’est très important pour l’activité touristique et le service public de la région. Donc aujourd’hui, on veut pouvoir continuer à faire la maintenance du train. A Villefranche il y a un atelier aussi, mais là-bas ils font un autre type d’entretien. Il y a donc une complémentarité entre Béziers et Villefranche. La direction, elle, veut tout monter sur Villefranche, sauf que le site est protégé, puisqu’il est sur un lieu historique, et il est trop petit pour accueillir l’ensemble de l’activité. Donc la solution qu’ils trouvent, ce n’est pas de maintenir la charge de travail sur le site de Béziers, mais plutôt soit d’externaliser le travail et le faire ailleurs, soit de faire comme avec l’atelier peinture, ils essaient de trouver un autre moyen et délocaliser. Après, nous avons aussi la charge concernant les locotracteurs, des engins moteurs thermiques, que la direction veut transférer sur le Technicentre de Nîmes-Courbessac. On demande la création d’un centre de maintenance régionale sur Béziers pour entretenir dans un premier temps des rames thermiques, et dans un deuxième temps accueillir la maintenance du matériel électrique que sont les rames à deux niveaux, pour les TER.

Quelle est la réaction des cheminots face à cette situation ?

Les cheminots sont mobilisés. Récemment nous avons organisé un rassemblement, le 12 octobre, en présence de Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, et Gilbert Garrel, pour la Fédération CGT des Cheminots pour alerter aussi au niveau de la région. Il y avait entre 350 et 450 personnes présentes, parce qu’on est touché au niveau de la SNCF mais il y aussi une entreprise qui est en face de chez nous, qui s’appelle la Cameron, où il y a aussi des suppressions d’emploi. Le chômage est déjà important au niveau de la région du Biterrois, et avec les politiques mises en œuvre on rajoute encore de la misère et de la pauvreté. Par contre, au niveau de la direction on n’est pas du tout écouté, on est même méprisé. Le rôle des instances n’est pas respecté, les annonces concernant le transfert de charges de travail ne sont pas faites. Tout est fait en catimini. On se retrouve devant le fait accompli. Par exemple sur le transfert à Romilly, ce sont les copains de là-bas qui nous ont alerté, donc heureusement qu’on est solidaires entre nous et qu’on est en contact.

C’est important également le lien que nous avons avec les comités d’usagers. Nous avons fait des diffusions de tracts ensemble en gare, et on a mis en place une pétition pour demander le maintien du site.

Quel est l’impact de la réforme ferroviaire sur votre métier ?

Les conséquences de la réforme ferroviaire, on les voit sur beaucoup de plans, il y a par exemple des lignes qui ferment, derrière il y a donc moins de maintenance. On cherche à imposer la multi-activité aux agents, c’est-à-dire qu’avant on avait un métier et on se spécialisait, par exemple, dans l’électrique, et on avait des compétences à part entière sur ce domaine. Aujourd’hui, on nous impose de faire aussi de la maintenance d’emménagement intérieur, freiniste et bien d’autres choses. Derrière tout ça, l’objectif de la direction c’est sortir le matériel de l’EPIC SNCF. En gros, la SNCF veut faire circuler les trains mais pas les entretenir. Sauf que cette politique entraîne une baisse importante dans la qualité du service proposé. Ce n’est pas déconnecté de la politique générale de la boîte, faire de moins en moins de maintenance, externaliser ce qui est possible de faire ailleurs, remplacer petit à petit le train par des bus là où c’est possible… Tout cela repose sur des décisions politiques. C’est comme à Alstom, les décisions politiques sont prises en fonction de la compétitivité et du profit qu’ils peuvent en tirer, si c’est plus rentable la maintenance que la construction, ils vont faire de la maintenance.

Le sens de la grève en juin dernier c’était aussi de montrer ça. En face, on a un gouvernement qui est revanchard, qui cherche à faire passer ses lois, et par ce biais ce sont tous les acquis sociaux qui sont en train d’être mis en péril. La lutte contre la réforme ferroviaire de juin dernier était liée de ce point de vue à la lutte contre la loi travail. Le gouvernement a décidé de passer en force avec le 49.3. A mon sens, les mobilisations n’ont pas encore été à la hauteur des coups qu’on est en train de subir. Si on regarde la lutte contre le CPE en 2006 ou d’autres mobilisations, on voit bien qu’il faut encore se mobiliser davantage, qu’on fasse grève et qu’on soit des millions dans les rues. On est en train de remettre à plat le code du travail, donc il faut encore continuer à se battre. Notre lutte à Béziers s’inscrit dans cette situation.

Signez et diffusez la pétition des cheminots du dépôt de Béziers pour le maintien du site : http://www.petitions24.net/sauvons_les_ateliers_sncf_de_beziers


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