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État d'urgence : la répression des militant.e.s et des journalistes se poursuit

Interview d’un militant expulsé du salon Solutions COP21... pour avoir posé des questions

Depuis le début de la COP21, nombreux sont les militantes et militants qui subissent la répression forcenée du gouvernement Hollande-Valls, renforcée par les mesures rendues possibles par la déclaration d'état d'urgence. La semaine dernière, Révolution Permanente avait publié le témoignage d'un des 317 militant.e.s arrêté.e.s puis gardé.e.s à vue arbitrairement le soir de la manifestation à République. C'est le récit de F., un militant expulsé de force du salon Solutions COP21, grand rendez-vous de verdissement des pollueurs les plus monstrueux de la planète, qui nous parvient aujourd'hui. Propos recueillis par Dom Thomas

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J’ai été physiquement expulsé du salon Solutions COP21 à Paris, où les financeurs/pollueurs (BNP Paribas, Ikea, Veolia, Engie…) de la COP21 tentent de se refaire une image en vantant leurs fausses solutions. Bienvenue donc au salon du greenwashing où l’on s’apprête à sauver le monde grâce à des projets, des associés, des financements et des éléments de langage.

Mon crime ?Avoir posé en public et avec insistance une question à un des représentants de l’entreprise Engie (ex-GDF) sur les gaz de schiste qu’ils s’apprêtent à commercialiser dans nos chaudières. J’aurais aussi pu demander à BNP Paribas comment il est possible d’investir 14,5 milliards d’euros dans le charbon (depuis 2005) et être malgré tout admis dans ce salon ; ou encore à EDF comment on peut être responsable de la moitié des émissions de CO2 du pays (avec 46 centrales à charbon) et se faire en même temps passer pour un défenseur de la nature sans être couvert de honte.

Je voulais seulement avoir leurs versions officielles, j’ai donc commencé avec Engie et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils sont susceptibles. Devant mon insistance je sens un malaise, et la sécurité est avertie dans les 30 secondes par talkie-walkie : les agents arrivent et se rapprochent de moi. Par sécurité je me mets à faire semblant de les filmer pour éviter tout abus, mais l’intervention reste mouvementée.

Ils me prennent mon portable des mains et m’ordonnent de leur montrer la vidéo et de la supprimer, mais cette vidéo n’existe pas et ils réalisent à ce moment qu’ils se sont fait avoir.

Je suis alors expulsé manu militari du salon et reçois des menaces venant de gendarmes me conseillant de « la fermer si je ne veux pas que ça finisse mal pour moi », avant de me demander à quel « groupuscule d’extrême gauche » j’appartenais.

En résumé : j’ai été menacé et violenté pour avoir posé une question polémique. Ils n’avaient pourtant rien à me reprocher officiellement car je n’avais enfreint aucune de leurs « règles » : je n’ai pas formulé de revendication explicite, et je n’ai rien filmé – même si j’en aurais eu le droit. Cet événement répressif ne fait que renforcer ma détermination à dévoiler les incohérences des puissants de notre civilisation.
Bref, des (fausses) solutions oui, mais surtout pas de question !

La vidéo ci-dessous, réalisée par le New Internationalist Magazine, montre des militant.e.s et des journalistes qui ont subi des traitements similaires.


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