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Un renforcement du tournant bonapartiste ?

Investiture : Macron remonte les Champs-Élysées dans une voiture militaire

Membre du gouvernement Hollande, qui a été l’un des présidents les plus interventionnistes de l’histoire de la Ve République avec pas moins d’une guerre par an, Emmanuel Macron a donné une couleur bien martiale à son investiture.

Sadek Basnacki

15 mai 2017

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Il est le premier Président de la République à ne pas avoir fait son service militaire, supprimé par Chirac en 1996. Il a, pendant la campagne, avancé l’idée du retour d’un « service militaire obligatoire et universel d’un mois pour tous les jeunes de 18 à 21 ans ». En cas de « crise », ceux qui l’auraient effectué pourraient constituer un « réservoir mobilisable, complémentaire de la Garde nationale ». Cela concernerait près de 600 000 jeunes. Plus qu’une continuité avec le hollandisme, c’est une confirmation de son renforcement guerrier qu’a présagé l’investiture de Macron ce dimanche.

Dans le jardin de l’Élysée, Emmanuel Macron, l’air grave, passe en revue les troupes, la Garde républicaine en tenue d’apparat. Au même moment, sur l’autre rive de la Seine, 21 coups de canon étaient tirés depuis l’esplanade des Invalides. Une tradition qui remontrait à l’Ancien régime, où 101 coups de canon étaient tirés pour annoncer la mort du roi et la montée sur le trône de son successeur. Le général de Gaulle transforme les 101 coups royalistes en « 21 républicains », faisant référence à une tradition maritime du XIVe siècle.

Avant de prononcer son discours, il lui a été présenté le collier de grand maître de la Légion d’honneur. Collier créé par Napoléon Bonaparte pour son sacre en tant qu’empereur. Quelques grands noms d’assassins de masse ont eu « l’honneur » de se le voir attitré, comme Thiers, Mac Mahon, Napoléon III. Il représente la domination du chef de l’État. Le collier est composé de la croix de la Légion d’honneur. Au centre, le monogramme HP signifie « honneur et patrie » et les 16 médaillons représentent « les attributs des symboles de l’ordre et activités de la Nation ». La plupart guerrier, on y retrouve l’infanterie, la marine, les blindés, l’aviation et l’artillerie.

Le discours d’investiture ne dépareillait pas du reste de la cérémonie. Il a mis sur le même plan sa volonté ferme de réformer le pays et la question de la sécurité. Il a affirmé que son gouvernement prendrait ses « responsabilités pour apporter des réponses pertinentes » à la question du terrorisme et des inégalités. Il a promis de veiller « à construire la paix dans la durée » ainsi qu’« à la défense de la liberté ». Étant donné les signes et ses déclarations, on ne peut que constater qu’il continuera le tournant sécuritaire et interventionniste de son prédécesseur.

Après son discours, Macron, pour aller rallumer la flamme du Soldat inconnu, a remonté les Champs-Élysées dans une voiture militaire. C’est une première. Tous les précédents présidents ont remonté les Champs Élysée en voiture civile, excepté Giscard qui l’a fait à pied. C’est une image forte et qui en dit long. Macron, debout, se tenant à une barre à l’arrière d’un Command Car ACMAT fabriqué à Saint-Nazaire, escorté par des motards et des cavaliers de la Garde républicaine. Il veut montrer ainsi que c’est lui le chef des Armées, dans un pays marqué par des attentats. Pour l’accompagner sous l’Arc de Triomphe, plus de 1500 policiers et gendarmes étaient mobilisés. Il a ensuite déposé la gerbe traditionnelle sur cet homme non pas tombé pour la France, mais pour défendre les intérêts de nos dirigeants dans leur guerre impérialiste. En repartant, il s’est arrêté sur les lieux de la mort du policier Xavier Jugelé.

Pour son premier déplacement présidentiel, Macron a décidé d’aller à l’hôpital militaire Percy de Clamart pour rencontrer trois militaires blessés dans les interventions militaires impérialistes françaises au Mali et en Afghanistan. Les médias n’étaient pas conviés à accompagner le nouveau Président, qui par ce déplacement a voulu rendre hommage à ces hommes « blessés au combat pour défendre notre nation et la liberté dans le monde ». Des soldats français qui violent en Centrafrique, et tuent au service de l’impérialisme français. Chirac, pour son premier déplacement, est allé se recueillir sur la tombe du général de Gaulle, Mitterrand est allé au Panthéon de Jaurès et de Jean Moulin. Ce n’est donc pas anodin de la part de Macron, qui est décrié par ses adversaires sur la question du terrorisme et de la sécurité. Il fait sien tous les symboles régaliens à sa disposition pour imposer l’image de sa légitimité et de son autorité.

Après sa visite chez Merkel, Macron ira au Mali en fin de semaine pour voir les troupes françaises déployées sur place. Pendant l’entre-deux tours il avait dit : « Nos soldats à l’étranger se battent pour notre sécurité. Notre bataille est une bataille à l’internationale contre Daech. Je continuerai ce combat avec fermeté et détermination ». La logique de Macron sera la même que celle d’Hollande, c’est-à-dire approfondir le chaos qui règne au Moyen-Orient, en bombardant, massacrant, violant et pillant là où l’intérêt des multinationales et de l’État français prévaut. On peut être sûr que la paix de Macron aura un triste goût de sang.


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