Il voulait répondre aux nombreuses critiques venant parfois de son propre parti le pressant de se retirer de la course à la présidentielle. Il voulait à nouveau tenter de convaincre le « peuple de France » que sa candidature valait le coup et qu’il était l’homme pour sauver la France. Mais la belle façade se craquelle au coin d’une phrase qui se voulait être la rhétorique d’un futur président, et François martèle trois fois avec ferveur, pour se défendre des accusations d’aveuglement et d’isolement : « Je ne suis pas autiste ! » Il renchérit : « Je vois bien les difficultés, je vois bien les critiques ![…] Je suis pas du tout enfermé, je ne suis pas autiste ! […] Il faut que je rassemble ma famille. C’est là évidemment que je vous dis que je ne suis pas autiste »

Beaucoup de téléspectateurs et d’internautes ont réagi à cette phrase, le CSA ayant reçu sur l’instant 55 signalements de téléspectateurs. Sur Twitter, de nombreuses personnes atteintes de troubles autistiques ainsi que leurs proches ont signifié leur mécontentement et leur désarroi vis-à-vis d’une expression bien ancrée dans le langage commun véhiculant nombre de préjugés vis-à-vis des personnes autistes, entendue pour beaucoup comme une insulte. De nombreux twitts hashtagués #jesuisautiste ont ainsi dénoncé une « faute lourde », un « profond mépris », souvent qualifié d’« inadmissible », rappelant toute la souffrance et toute la réalité d’être autiste au quotidien, rappelant aussi qu’une personne autiste reste une personne très sensible au monde qui l’entoure. SOS Autisme France, saisissant aussi le CSA, a aussitôt demandé des excuses et une rencontre à l’ancien Premier Ministre, twittant sa désapprobation avec le hashtag #Stopauxclichés.

Car, comme une personne autiste le rappelle très justement dans une vidéo publiée sur le HuffingtonPost, l’utilisation des mots n’est jamais anodine, mais reproductrice de la réalité et de la violence d’un système social. Cette utilisation rabaissante du terme « autiste » est révélatrice, non seulement d’un profond retard en France sur les questions liées aux troubles autistiques, renforçant l’idée que l’autisme est une tare ou une erreur, mais aussi d’une oppression violente et douloureuse pour des milliers de personnes, tout comme l’utilisation de termes quotidiens peuvent être révélateurs d’une transphobie, d’un racisme ou encore d’un sexisme, par nature structurels, qui vit jusque dans notre manière de communiquer.

Dans la bouche d’un Fillon, il va sans dire que ce « dérapage » n’est qu’un énième aperçu de ce qui se trame sous le vernis de sa campagne. Il va sans dire qu’un candidat aussi proche de la droite et extrême droite réactionnaire ne fait de bavure qu’en coïncidence avec son programme. Programme qui porte en lui-même toute la domination oppressive que la grande bourgeoisie peut exercer au pouvoir, organisant cruellement les luttes entre exploiteurs et les exploités, les oppresseurs et les opprimés, manœuvrant sans relâche pour maintenir la victoire des uns sur les autres. Ironie de ce bal d’hypocrites, la femme de François Fillon, Pénélope Fillon, pour qui il a détourné tant d’argent, était marraine de l’association Asperger Aide France, une organisation nationale de parents, de professionnels et de personnes concernées par le Syndrome d’Asperger et l’autisme.

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