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Plan d'aide au patronat

Jean Castex annonce 20 milliards d’aide publique supplémentaire pour les patrons

Au lendemain de l'annonce d'un reconfinement d'au moins quatre semaines, Jean Castex annonce la mise en place d'une nouvelle aide de vingt milliards d'euros aux entreprises. Tandis que l'épidémie de coronavirus ne cesse de s'aggraver en France et dans le monde, l'État priorise une fois de plus les profits plutôt que la santé de la population.

Lucy Red

29 octobre 2020

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Crédits photo : AFP

Ce jeudi 29 octobre, Jean Castex a annoncé à l’Assemblée Nationale qu’un plan de 20 milliards d’aides supplémentaires allait être mis en place pour les entreprises dans le but de faire face au nouveau confinement qui entre en vigueur dès jeudi à minuit pour au moins 4 semaines.
Ces sommes seront intégrées lors du quatrième budget rectificatif qui sera voté en conseil des ministres mercredi 4 novembre.

Le premier ministre a expliqué notamment que l’activité partielle et le fonds de solidarité seraient renforcés et étendus. Bien que depuis le début de la crise sanitaire, ces plans de relance faramineux concernent généralement les plus grandes entreprises, le fonds de solidarité a été mis en place par l’État "pour aider les entreprises particulièrement touchées par les conséquences de l’épidémie du Covid-19 et par les mesures de confinement.". L’État se vante d’avoir instauré ce dispositif pour " aider les petites entreprises les plus touchées par la crise. "

Cependant, il existe un certain nombre de conditions pour pouvoir bénéficier du fonds de solidarité, et celles-ci ont constamment évolué au cours des derniers mois. En avril par exemple, certains commerçants se sont vu refuser cette aide car leurs entreprises avaient été créées après le 1er février 2020. C’est le cas pour Manuel, restaurateur dans le Morbihan car sa " nouvelle société a été immatriculée en mars 2020".

Jusqu’à maintenant, ce dispositif permettait à certaines entreprises de moins de 20 salariés ayant perdu au moins 50% de chiffre d’affaires par rapport à la même période en 2019, ou celles ayant subi une fermeture administrative, de prétendre à une aide de 1500 euros maximum. En plus de cela, certaines entreprises pouvaient bénéficier d’un financement exceptionnel et complémentaire, valable une seule fois et pouvant aller jusqu’à 10 000 euros, mais cela dépendait une fois de plus de nombreuses modalités.

Ce 29 octobre, le premier ministre annonçait que dans le cadre du fonds de solidarité que "tous les secteurs faisant l’objet d’une fermeture administrative bénéficieront ainsi d’aides pouvant aller jusqu’à 10.000 euros par mois via le fonds de solidarité. Nous mettrons en place pour eux l’activité partielle avec zéro à charge pour l’employeur."

Ces sommes et ces timides mesures impliquant de nombreuses conditions paraissent dérisoires compte tenu de la situation catastrophique dans laquelle les petits commerçants se trouvent depuis le début de la crise sanitaire.Et comme le dirait notre cher président, "ce n’est pas suffisant" !
De plus, même si Jean Castex affirme que les entreprises contraintes de fermer en raison du confinement feront l’objet "d’une activité partielle avec zéro charge pour l’employeur", cela n’empêchera pas les petits commerces et restaurants de devoir mettre la clé sous la porte et cela ne garantira pas les emplois des salariés.

Rappelons que depuis le mois de mars, des plans de relance à coup de milliards d’euros sont versés aux grandes entreprises par le gouvernement. En témoignent les 15 milliards d’euros annoncés par Bruno Lemaire au mois de juin à destination de l’aéronautique pour "sauver des emplois", ce qui n’ a pas empêché Airbus de mettre en place un plan de licenciement historique avec la suppression de 5000 postes en France.

Au mois de mai, l’État annonçait une aide de 8 milliards d’euros pour l’automobile, tandis qu’en juillet, Valéo, sous-traitant de ce secteur, déclarait avoir supprimé 2000 emplois en France,et PSA 25 000 dans le monde !

De plus, début septembre, le gouvernement se félicitait de la mise en place d’un plan de relance de 100 milliards d’euros et d’importantes baisses d’impôts pour le grand patronat

Il paraît important d’insister sur le fait que les grandes entreprises n’ont pas besoin d’être renflouées par de l’argent public avec les profits qu’elles ont pu accumuler ces dernières années sur le dos des salariés. En effet, comme l’affirmait en octobre Didier Godde, travailleur chez Huchtinson, sous-traitant de Total menacé par des plans de licenciements massifs : « il y a des milliards d’euros pour soutenir l’industrie française, le groupe Hutchinson fait 4 milliards de chiffre d’affaire, on ne va plus parler des milliards de bénéfices du groupe Total. Ils profitent de la pandémie pour supprimer des milliers d’emplois dans le monde et en France. ».

En ce sens, il est plutôt indécent de la part de Jean Castex de justifier ces aides publiques à destinations des grandes entreprises sous couvert d’une prétendue solidarité, car selon lui nous devons collectivement assumer ces dépenses

En effet, les grands patrons ne cessent d’attaquer les employés à coups de licenciements, de baisses de salaires et de pertes d’acquis sociaux. C’est une fois de plus aux travailleuses et aux travailleurs de payer une crise dont ils ne sont pas responsables ! En effet, ces financements publics ne sont pas mis au service des salariés pour protéger leurs emplois et leurs acquis, mais ils permettent aux directeurs des grandes entreprises de garder leurs profits intacts.

De plus, en pleine crise sanitaire et économique, les priorités du gouvernement sont claires : il verse des milliards d’euros d’argent public aux directions des grands groupes pour qu’elles licencient massivement ou il investit massivement dans les moyens de répression avec l’achat de 89 blindés pour 65 millions d’euros en septembre et l’augmentation de 325 millions d’euros du budget du ministère de l’intérieur

Alors que nous sommes face à une seconde vague de coronavirus inquiétante, les services publics comme l’hôpital et l’éducation, en première ligne face au confinement et à la crise sanitaire ne disposent toujours d’aucun moyen.

En effet, le système de santé n’a pas évolué depuis le mois de mars alors que le gouvernement était prévenu par les professionnels de santé qu’une seconde vague était plus qu’inévitable. Cependant, la situation dans les hôpitaux est toujours catastrophique et ils manquent cruellement de moyens pour affronter l’épidémie qui ne cesse de s’aggraver.

De plus, les salariés de l’Éducation nationale devront continuer de travailler pendant le confinement sans moyens de protections supplémentaires, alors que selon les chiffres de Santé Publique France du mois d’octobre, le milieu scolaire est un des environnements où le virus circule le plus. La seule protection supplémentaire que leur promet le gouvernement est le port du masque obligatoire pour les enfants dès l’âge de six ans.


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