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« Nous marcherons ! »

Jeunesse : Marcher dimanche contre les violences policières et le racisme

Ce dimanche 19 mars se tiendra la Marche pour la Justice et la Dignité à 14h à Nation, appelée par de nombreuses organisations, collectifs de familles de victimes de violences policières, associations, syndicats. Car la réalité n’est autre que celle décrite dans l’appel : « Un par mois. C'est, en moyenne, le nombre de pères, de frères, de fils que nous perdons à cause de la brutalité des forces de l’ordre ». Contre le racisme qui structure la société française, contre les violences policières qui intimident, mutilent, violent, tuent. Pour affirmer notre droit à vivre, et celui de nous révolter. Ce sont les travailleurs, racisés comme blancs, qui doivent se rappeler des « grèves de la dignité » : du début des années 80. Mais également la jeunesse, victime de racisme ou non, scolarisée ou non, travailleuse ou chômeuse, actrice de la mobilisation contre la loi travail, des révoltes suite au meurtre d’Adama ou au viol de Théo, qui a également le devoir de marcher ce dimanche 19 mars. Mar Martin

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Parce que la loi Travail, c’était aussi son monde


Les violences policières en ont marqué plus d’un au printemps 2016. Jeunes, pour la plupart, lycéens ou étudiants, le mouvement contre la loi Travail ayant refusé les tentatives d’endormissement par les négociations avec le gouvernement, nous avons fait face à, et pour beaucoup découvert, l’arsenal répressif qu’a mobilisé le gouvernement pour nous intimider. Encadrement voire empêchement des manifestations, gaz, matraques et même canons à eau. Nasses de plusieurs heures, arrestations multiples, mises en garde-à-vue, procès et condamnations politiques. Armée à l’entrée de nos facs, flash-balls pointés sur nos blocus lycéens, démantèlement des piquets de grève. L’enjeu était clair : aux miettes présentées comme des concessions par le gouvernement Hollande-Valls et ses « partenaires sociaux » s’étaient substitué le bras armé pour nous ôter toute envie de continuer à nous battre. Les violences et provocations policières s’intensifiaient dans les rues tandis qu’elles servaient de prétextes pour nous décrédibiliser dans les médias, nous réduisant à des « casseurs » sans autre revendication politique.

Criminalisation médiatique… Ce sont les mêmes méthodes qui ont tenté de nous faire croire en juillet qu’Adama Traoré était drogué le jour de sa mort, qu’Abdoulaye Camara était en pleine « crise de démence meurtrière », ou encore qui jugeaient coupable la fuite de Zyed et Bouna. Celles qui permettent de tout justifier, de transformer des propos et crimes racistes enquelque chose de « convenable » ou en « légitime défense ». Des procès et jugements politiques quicondamnent à 6 mois fermes les jeunes mobilisés pour Théo, tandis que le policier qui a tué Amine Bentounsi d’une balle dans le dos ne prend que du sursis. Des violences policières qui n’attendent pas les grèves et manifestations pour frapper chaque jour ceux que le système juge trop arabes, trop noirs, trop musulmans, trop étrangers.

Des gaz dispersants aux matraquages racistes, des « casseurs » aux « délinquants », le 19 mars peut être l’occasion de rattraper le rendez-vous manqué entre printemps et été 2016, entre la jeunesse de la loi travail et celle des quartiers. Parce qu’un an plus tard, le monde de la loi Travail a aussi été celui d’Adama, Théo et tous ceux dont on ne connait pas le nom. Un monde qui loin d’avoir été évincé, s’est approfondi, et promet, à travers les programmes des grands candidats aux présidentielles, de nous confronter encore à la police et à ses différents corps spéciaux, lors des prochaines batailles qui devront nous réunir pour faire front.

Parce que nous ne marcherons pas au pas de leur histoire coloniale et de leur président impérialiste


Ils sont nombreux, les grands candidats, politiciens de droite comme de gauche, à réclamer un service civique, voire militaire. Parfois teinté d’un discours social, d’autre fois protectionniste, des « valeurs de la République française », il nous faudrait être enrôlés par l’Etat pour apprendre l’aide aux autres et la discipline. Si ces propositions ont notamment refait surface après les attentats de novembre 2015, elles accompagnent en réalité un embrigadement plus profond. Des manuels scolaires qui préfèrent faire l’éloge de la politique coloniale de la France et du « sauveur » de Gaulle, plutôt que de la reprise du pouvoir par les travailleurs de la Commune de Paris et des insurrections, en Algérie, contre la colonisation qui l’ont suivie.

Dans les universités, les réformes s’enchainent pour plus de sélection, promettent la hausse des frais d’inscription et ouvrent des filières directement liées aux entreprises dont les chefs siègent dans les conseils de direction. Des mesures qui restreignent toujours plus l’accès de l’enseignement supérieur aux enfants des classes populaires, déjà plutôt « destinés » aux bacs pro et technologiques formant de la main d’œuvre à bas coût.

Parce que nous ne sommes pas les descendants des « gaulois », parce que nous ne sommes pas « soit étudiants soit zonards », nous marcherons.

Insoumission ou dignité ?


La veille, Jean-Luc Mélenchon et les partisans de la « France insoumise » appellent eux aussi à une marche dans Paris. Une marche oui, mais cette fois pour la « 6ème République ». Et si leParti de gauche appelle bel et bien à la Marche du lendemain, c’est en revendiquant la restauration d’une « police de proximité ». Posé de cette manière, le viol de Théo, l’assassinat d’Adama et les gazages massifs de nos manifestations, seraient cantonnés à des actes isolés. La République française n’aurait pour problème que le chiffre qui la précède. De la même manière, le Mélenchon-candidat en appelle au rassemblement de tous… autour d’un « patriotisme de gauche ».

Mais qu’y a-t-il à revendiquer de la République française, qu’elle soit 4, 5 ou 6ème, bâtie et alimentée sur l’extorsion des richesses de l’autre côté de la méditerranée et le contrôle administratif et militaire de ces populations ? De quel patriotisme voudrait-on unir Théo et ses violeurs en uniformes ? De quel sentiment d’appartenance commune parle-t-on entre Adama et ses assassins ? Quelle proximité voudrait-on rétablir quand les jeunes d’Aulnay témoignent de la connaissance précise de chacun des policiers municipaux qui les harcèlent quotidiennement en bas de chez eux ?

Le 19 mars, il ne s’agira pas seulement de marcher en refusant de se soumettre à la 5ème République, mais bien d’affirmer la dignité de ceux et celles dont les grands-parents ont fait grève en 1982 contre le racisme qui servait à leur exploitation, la dignité qui permet de marcher la tête haute contre le régime de la république bourgeoise, mais aussi de son système, anciennement colonial, et dont on voit aujourd’hui encore la longueur du bras armé qui s’abat en France, en même temps qu’en Afrique et au Moyen-Orient. Pour porter ce discours, le secteur jeune du NPA sera présent avec un cortège, contre le racisme et la politique impérialiste de la France, contre les violences policières et aux côtés de tout ceux et toutes celles qui s’organisent contre les violences d’Etat. Rendez-vous à 13h à Nation au début de l’avenue Philippe Auguste.

Jeunes, scolarisés ou non, étudiants, travailleurs, chômeurs, le 19 mars, nous marcherons.


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