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La journée du 17 est suspendue, pas la lutte contre le plan Hirsch

L’AP-HP en "état d’urgence". Oui mais laquelle ?

Les terribles attaques du 13 novembre ont, comme certains médias l’ont relayé, suscité une forte émotion dans le milieu hospitalier. Avant même que le « plan blanc » ne soit mis en place, de nombreux agents se sont rendus spontanément à l’hôpital là où ils étaient de repos, et l’application de l’ensemble du personnel a été remarquable, malgré le contexte de forte dégradation des moyens dont ils disposent. À l’heure où ce qui semble devenir à la mode est plutôt l’embauche de policiers et matons, il y a de quoi réfléchir sur les enjeux du conflit qui oppose depuis des mois le personnel de l’AP-HP à leur directeur Martin Hirsch sur les moyens de l’hôpital. Daniela Cobet

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Les évènements dramatiques de vendredi dernier interviennent à seulement trois jours de la date de mobilisation prévue par l’Intersyndicale de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP). Le contexte particulier dans les hôpitaux et la déclaration de l’état d’urgence, et donc de l’interdiction de manifester, jusqu’au 19 rendait difficile le maintien et la réussite de cette échéance, pourtant centrale. Centrale, car le mouvement des hospitaliers se trouvait déjà sur une sorte de croisée de chemins, entre la possibilité d’un rebond après la signature d’un accord entre la direction et la CFDT et l’essoufflement définitif de la mobilisation.{{}}

L’envers du décor

Pourtant, s’il y a bien une chose qui a été révélée par cet épisode tragique, c’est que la bataille qui était engagée par les hospitaliers reste juste dans la mesure où elle s’oppose à un plan d’économie draconien sur un service public pourtant essentiel. Car à côté de l’implication exemplaire qui a été celle du personnel soignant auprès des victimes, on a aussi pu constater un manque de moyens déjà bien réel : des salles de réveil totalement saturées comme à Saint-Louis, ou des sous-effectifs malgré le « plan blanc » dans des services décisifs comme à la réanimation à Beaujon.

La structure physique même de certains hôpitaux pose de graves dangers pour les personnels comme pour les patients. Il y a une sorte de paradoxe à faire ce que fait la direction d’un hôpital comme Beaujon, jouant au plan vigipirate en bloquant certains accès et en gênant ainsi le personnel qui doit faire des détours inutiles, alors même qu’il y a à peine deux semaines un incendie aux urgences a mis en lumière l’absence totale de système de désenfumage des locaux et a eu de conséquences graves, notamment la perte du bébé d’une infirmière enceinte. Comme on peut le constater, l’hôpital public était déjà en « état d’urgence » bien avant les mesures prises par le Président.{{}}

Pas de « trêve sociale » à sens unique

C’est contre une aggravation de cet état de fait que se battent les hospitaliers, pour des moyens pour la santé et pour des conditions de travail leur permettant de bien soigner les patients. On voudrait au nom de l’émotion du moment et du respect à l’état d’urgence qu’ils s’arrêtent. Le problème est qu’en face, ceux qui veulent s’attaquer à l’hôpital public ne s’arrêtent pas, ne retirent pas leur projet.

L’intersyndicale le signale correctement dans son communiqué, et « exige un moratoire sur le projet de Hirsch de réorganisation du temps de travail » tout en réaffirmant le maintien de « l’exigence du retrait du plan Hirsch, qui va désorganiser le travail quotidien des agents ». L’intersyndicale ne propose néanmoins pas de nouvelle date de mobilisation dans le cas, très probable, où Hirsch refuse de « suspendre » son projet.{{}}

Unité des luttes (plutôt qu’unité nationale)

Cela est d’autant plus important qu’il ne s’agit pas d’une question concernant la seule AP-HP, mais touchant au contraire toute une série de secteurs qui se mettaient en mouvement dans un contexte très marqué par les évènements d’Air France et par l’horizon possible d’un retour de la colère ouvrière. Le gouvernement et le patronat voudraient en quelque sorte saisir l’occasion des attentats pour imposer une bienvenue « trêve sociale » sous couvert du tout sécuritaire et de la lutte contre la « menace terroriste ».

Pendant ce temps, ils ne bougent pas d’un iota leurs attaques antisociales et, au contraire, ils les aggravent par des atteintes aux libertés démocratiques élémentaires telles que le droit de grève et de manifestation. État d’urgence ou pas, les salariés, de l’AP-HP, comme d’ailleurs, n’auront pas d’autre choix que de reprendre très bientôt la rue, si possible ensemble, s’ils ne veulent pas se faire écraser. Là aussi il y a « urgence ».


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