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Après l’attaque de Levallois-Perret

L’Opération Sentinelle en débat sur fond de dissension entre le gouvernement et l’armée

Le principal suspect de l’attaque de Levallois-Perret, portée sur six militaires, a été arrêté mercredi dans le Pas-de-Calais. Avec en toile de fond la discorde entre l’armée et le gouvernement depuis la démission de l’ex-chef d’Etat Major Pierre de Villiers, cette sixième attaque ouvre pour la première fois une polémique sur l’utilité de l’opération Sentinelle et la militarisation de l’espace public. crédits photo Remy Gabalda/AFP

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L’Opération Sentinelle s’inscrit dans la succession des plans Vigipirate qui permettaient déjà la circulation de soldats dans les gares et les aéroports, une militarisation de l’espace public qu’elle n’a fait que renforcer et généraliser. Actuellement, car les effectifs n’ont cessé de grimper depuis sa mise en place au lendemain des attentats de janvier 2015, ce sont près de 10 000 soldats qui sont déployés sur le territoire national. Avec cette nouvelle attaque, la polémique sur son efficacité est désormais lancée… du côté de l’armée. Le Général Vincent Desporte, professeur de stratégie à Sciences Po, va jusqu’à prôner sa suppression. « Cela suffit » déclare-t-il au micro de France Culture. « On ne peut nier un certain impact psychologique [de ces opérations] mais pour le reste, l’impact est nul. […] Ces opérations représentent 1/3 des engagements des soldats […] les effectifs qui sont déployés actuellement […] nous empêche d’avoir des effectifs suffisants sur nos théâtres d’opérations ». Et ce constat est, selon lui, largement partagé au sein du corps militaire dont on a pu constater, à l’occasion de la démission de l’ex-chef d’Etat Major Pierre de Villiers, qu’il n’hésitait plus à exprimer ses divergences avec le pouvoir politique.
Pour la première fois, c’est l’efficacité même du dispositif dans la lutte anti-terroriste qui est discutée sur la place publique, tandis que son objectif politique est, à demi-mot, avoué. Car en effet, si les plans Vigipirate comme les Opérations Sentinelles ne sont d’aucune utilité pour prévenir, dissuader, empêcher, la perpétuation des actes terroristes, ils contribuent bel et bien, sous couvert de « protection civile », à renforcer les dispositifs de contrôle de la population, à restreindre l’accès aux espaces publics et l’expression des libertés comme celle de manifestation, à faire accepter dans l’opinion publique l’idée d’une « guerre civile permanente larvée » qui banalise les pouvoirs accordés aux forces de l’ordre qu’elles soient issues de la police ou de l’armée.
Bien entendu, du côté de l’armée, la critique n’a d’autres buts que de redéployer ces effectifs pour plus « d’efficacité dans la lutte anti-terroriste », à savoir à renforcer les opérations impérialistes françaises sur les terrains extérieurs, comme au Mali, en Syrie, en Centrafrique…, des interventions impérialistes qui sont à l’origine et continuent à alimenter, en réaction, le développement du terrorisme islamique. Elle brouille également les pistes sur le terrain politique, à savoir du côté de la droite républicaine, qui s’est rangée du côté de Pierre de Villiers lors de sa sortie anti-Macron, mais également du côté du FN qui, tout en appuyant l’armée, réclame le maintien de l’Opérations Sentinelle et l’augmentation des moyens pour les forces armées.
Face à la gronde qu’il sent monter dans les rangs de l’armée, Emmanuel Macron a promis de réviser le dispositif de l’Opérations Sentinelle dès le mois de septembre. Depuis les échanges houleux avec l’ex-chef Etat Major qui lui ont valu quelques points d’opinion dans les sondages, Macron s’applique à soigner son image auprès des militaires, comme il l’a fait à Istres, en juillet. Mais, alors que se préparent à la rentrée de nouvelles batailles sociales, il n’est pas sûr qu’il se sépare de cet outil militaire et politique de contrôle social que constitue la menace terroriste et la militarisation de l’espace public pour se plier aux exigences de l’armée.


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