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Loi Travail et 49.3

L’UNEF est de retour dans la bataille : quels sont ses plans ?

Cécile Manchette Face au coup de force du gouvernement pour faire passer la loi travail, l’UNEF revient dans la course. Marginalisée dans le mouvement depuis début avril, l’autoritarisme du recours à l’article 49.3 de la constitution par le gouvernement « socialiste » ouvre la possibilité pour l’UNEF de remonter sur le ring et de repartir à l’offensive. Mais quelle bataille compte mener l’UNEF ?

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Lors des dernières rencontres intersyndicales, l’UNEF s’est ralliée à l’appel aux journées de grèves du 17 et 19 mai prochain mais n’a pas repris la question de la grève et de sa reconduction, peu convaincue d’une victoire par la rue. Ils ont alors défendu, dans la lignée de Force ouvrière, la mise en place d’une « votation citoyenne » pour le retrait de la loi travail. Contre cette dynamique, les révolutionnaires sont aussi prêts à repartir à l’offensive et ont leur réponse à apporter à ce coup de force orchestré par la « démocratie » bourgeoise. Il est possible de gagner contre ce gouvernement dans la rue et avec « notre » démocratie : nos cadres d’auto-organisation, la convergence avec les travailleurs.es et la grève générale.

Ce gouvernement, dont la popularité est en chute libre et aux politiques largement contestées, a décidé de passer outre l’avis de 70% de la population qui s’oppose à la loi travail. Dans les heures qui ont suivi ce coup de force, le recours au 49.3 a été autant décrié par la population que par un ensemble d’opposants de gauche et de députés de droite. Ces derniers ont décidé de déposer une motion de censure. Ce sont également les syndicats des travailleurs.es et de la jeunesse qui se sont exprimés d’une seule et même voix pour dénoncer ce « déni de démocratie ».

L’UNEF était de la partie. Alors même que le syndicat a peu à peu disparu depuis près d’un mois, cette attaque d’un gouvernement « socialiste » apparaît « inacceptable » pour l’UNEF qui veut repartir à l’affrontement dans la rue avec les « frondeurs de gauche », mais aussi et surtout par les urnes, contre la loi travail, et se prépare déjà à retourner aux négociations avec Hollande.

Rappelons-nous comment la tendance à la grève générale lancée le 9 mars a été coupée en quelques semaines par le gouvernement, appuyé par une intersyndicale adepte des journées de grève « saute-mouton ». Le gouvernement recevant une à une les organisations syndicales a eu tôt fait d’obtenir le soutien de la CFDT, puis de concéder quelques broutilles par-ci par-là, obtenant que des journées de grève soient décommandées. William Martinet, président de l’UNEF, a cédé aux invitations du gouvernement à venir négocier à sa table et a fini par repartir, contenté d’avoir obtenu des concessions sur quelques-unes de ses revendications phares dont principalement la « garantie jeunes » et la surtaxation des CDD. L’UNEF a alors déserté progressivement les cadres d’auto-organisation de la jeunesse, les assemblées générales, les coordinations, disparaissant peu à peu de la mobilisation et se délimitant de cette première phase d’un mouvement très radicale.

Toutefois, même ces miettes accordées à l’UNEF, Manuel Valls est venu les reprendre, en y renonçant mardi. C’est dans la même journée que le premier ministre a décidé de passer une vitesse avec l’usage de l’article 49.3, afin de faire voter un projet de loi le plus fidèle possible aux intérêts du gouvernement et du patronat. Face à ce coup de force, l’UNEF a immédiatement réagi en dénonçant ce recours anti-démocratique, un projet de loi qui reste inchangé ainsi qu’un gouvernement qui passe outre une contestation en marche depuis deux mois.

L’UNEF repart donc à l’offensive mais comment revient-elle dans la course et avec quelle stratégie ? Ce recours au 49.3 par un gouvernement de « gauche » vient nourrir ou réveiller un rejet du projet de loi travail ainsi qu’une colère, déjà très importante dans l’avant-garde, contre les institutions et la « démocratie » républicaine. L’UNEF qui partage le camp des réformistes semble avoir comme politique de revenir dans le mouvement en essayant de canaliser cette colère anti gouvernement sur un terrain institutionnel. En effet, l’UNEF semble peu croire à une victoire par la construction de l’affrontement et la mobilisation dans la rue. Le syndicat a plutôt en vue le lancement d’une « votation citoyenne » contre la loi travail s’accordant ainsi avec les propositions d’un référendum par FO et d’une « consultation populaire » par la Jeunesse Communiste. Derrière tout ça, se dessine bien sûr 2017, et les élections présidentielles.

Conscients de l’espace ouvert par ce recours autoritaire, c’est en réalité un véritable plan de bataille offensif qu’il nous faut préparer. L’appel de l’intersyndicale va dans ce sens en proposant pour la semaine à venir deux journées de grève, le 17 et le 19 mai, accompagnées du départ en grève reconductible chez les routiers le 16, et chez les raffineurs le 17. Souvenons-nous de 2006 et du CPE, où le recours à l’article 49.3 ne nous avait pas empêché, bien au contraire, d’obtenir le retrait du projet de loi.


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