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Solidarité artistique avec les travailleurs

L’art au service des luttes. Le Mascarade Shop d’Alexandre Delaunay au Havre

Propos recueillis par Maryline Dujardin Alexandre Delaunay, artiste, s'est fait remarquer pour son soutien apporté aux employés en lutte de chez SIDEL. D'abord en dessinant des panneaux de soutien à l'entrée du site, puis plus tard en réalisant une fresque au cours d'un concert organisé en soutien aux travailleurs en lutte. L'artiste s'était déjà fait remarquer en 2011, au Havre, lors d'une biennale sur le thème de l'art urbain, en dénonçant le fait que seuls trois artistes du Havre avaient été invités et le peu de moyens qui leur avaient été accordés en comparaison des artistes prestigieux, qui eux étaient nourris, logés, et payés par les organisateurs.

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A l’époque, il avait réalisé un énorme collage immanquable, puisque réalisé sur le Volcan de l’architecte Oscar Niemeyer, élément majeur du patrimoine havrais. Les médias n’avaient pas pu passer à côté, contraints de l’interviewer et de rendre public son message politique et ses revendications. Depuis, Alexandre Delaunay continue à faire de l’art urbain et travaille toujours sur des collaborations avec d’autres artistes de la région. En parallèle, il répond à des propositions et enseigne son art dans des ateliers de jeunes d’horizons divers. Il a ouvert récemment son atelier et l’a transformé en lieu d’échange. A la fois galerie et bar, lieu d’exposition non-élitiste et convivial, où viennent se retrouver ceux qui le souhaitent. C’est là que nous avons rencontré Alexandre Delaunay, à la fois pour revenir sur l’histoire de ce lieu, le Mascarade Shop, mais aussi sur la lutte des employés de Sidel et l’aide qu’il a pu leur apporter, en tant qu’artiste.

Alors, quelle est l’histoire de ce lieu, le Mascarade Shop ?

Avant, ce lieu, c’était mon atelier et on a fait plein de travaux, je bossais là depuis deux ans et je laissais un peu la porte ouverte, et les gens passaient, regardaient et parfois, ils rentraient. Et c’est arrivé un peu comme ça, je me suis dit qu’on pourrait réorganiser le lieu, surtout qu’il manque d’un lieu d’expositions au Havre, alors qu’il y a un vrai bouillonnement artistique. Il manquait un lieu avec une dynamique, et il en faudrait un presque dans chaque ville. Maintenant mon atelier est en dessous dans la cave.

Les gens qui exposent ici au Mascarade Shop, je les connais depuis toujours, ils sont tous plus ou moins issus du graffiti. Bref, c’est mes potes. Et comme je n’aime pas le truc « galerie stricte », on a réfléchi et on s’est dit qu’il fallait un bar dans ce lieu. Parce que sinon, tu rentres dans une galerie, tu mates les trucs 10 minutes, et puis tu t’arraches parce que tu t’embêtes. J’avais envie que ce soit un lieu de vie pour organiser de petits événements, et puis au final, il y a eu plein de projets qui sont partis d’ici, des artistes qui se sont rencontrés et qui ont fait des choses ensemble. Par exemple, l’autre fois, un mec est venu acheter quelque chose, il a vu que je vendais de la bière, il est resté et finalement, on a parlé une heure ensemble et c’était une belle rencontre. Comme il a habité au Mexique et que moi, je suis assez influencé dans mon travail par l’Amérique latine, du coup, c’était hyper intéressant. S’il n’y avait pas eu le bar, ça ne se serait pas passé comme ça. Donc c’est ouvert toute la semaine et c’est super.

Peux-tu nous parler de tes projets du moment ?

Du coup, l’un des projets de cette année serait de sortir un livre à colorier pour les enfants pour les vacances. Et puis, je vais aussi participer au festival « Le goût des autres » du 21 au 24 janvier. A côté, je bosse pour des institutions, des foyers de jeunes et je donne aussi des cours, plus ici, le Mascarade Shop, tout cumulé, ça ressemble à un salaire. Je suis aussi en préparation d’une grosse expo à Rouen pour avril-mai, au Vicomte, un bar-restaurant sur 5 étages où je présenterai entre 40 et 50 peintures. Et j’ai envie pour les prochaines années de présenter mon travail aussi en dehors du Havre.

Peux-tu nous raconter comment s’est passé ton soutien aux travailleurs en lutte de chez Sidel ?

Mon travail pictural est plus poétique, parfois je réponds à l’actualité mais c’est plutôt rare. Et là, quand ils m’ont proposé, j’ai eu direct envie de travailler avec eux, d’apporter mon soutien ; une première fois, pour les panneaux à l’entrée de la Sidel et puis, il y a une rencontre humaine qui s’est faite et du coup, une deuxième fois, à Gonfreville-l’Orcher, lors d’un concert de soutien aux travailleurs en lutte et là, j’ai travaillé sur une fresque en direct dans l’entrée de la salle de concert. La manière dont ils ont mené l’action, je trouvais ça hyper intéressant, hyper fort, et après, quand j’ai commencé à m’y intéresser, à discuter pas mal avec eux, j’ai fait de super rencontres. Ça a été vraiment super, les gens étaient trop contents que je sois là et il s’est vraiment passé un truc, surtout devant Sidel, c’était incroyable, j’ai halluciné devant tant de monde. Et comment les gens m’ont remercié … J’avais l’impression de n’avoir rien fait et pourtant, ils me remerciaient et puis, ils sont d’une gentillesse, c’était un super moment, un moment fort.


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