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Verdict troublant pour justice abjecte

L’assassin de Rémi Fraisse remis en liberté par le juge

Ce 18 Mars 2016, à Toulouse, avait lieu l’audience de Jean Christophe J, le gendarme à l’origine de la mort de Rémi Fraisse. L’instruction prendra plusieurs mois, mais d’ores et déjà, la piste d’un non-lieu paraît la plus probable. Kasia Razowski

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L’audience

Il y a plus d’un an, Rémi Fraisse, jeune militant écologiste, était tué suite à l’explosion d’une grenade sur le site du barrage de Sivens, dans le Tarn. L’auteur de sa mort est Jean Christophe J., gendarme mobile de La Réole, jugé ce matin à Toulouse. L’enquête avait été ouverte pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Mais après des mois de recherches, apparaît une enquête bâclée dans sa totalité par certains policiers, laissant entrevoir de nombreuses contradictions.

Une sentence déroutante

Les agents n’ont pas enquêté sur les faits, mais sur « le climat qui régnait sur la ZAD (zone à défendre) » qu’ils ont jugé violent, justifiant de fait leur répression. Les gendarmes du 4° peloton disent s’être sentis agressés alors qu’ils étaient protégés dans une zone de 30m² mise sous leur surveillance. Le seul blessé s’est plaint d’une douleur au genou suite à sa chute en se dirigeant vers la sortie. Il faut ajouter à cela les précautions soigneusement prises par les gendarmes avant de lancer la grenade, et qui s’avèrent pourtant pleines de contradictions. Ils disent s’être assuré de la sécurité du périmètre, entouré d’un grillage et de fossés. Comment ont-ils procédé, avec un projecteur en panne et un gardien avec jumelles à intensification lumineuse, ne se souvenant pas de leur demande de matériel ? De plus, comment avertir les potentiels individus présents avec un mégaphone hors d’usage ?

Et pourtant, après toutes ces contradictions mises en évidence, Jean Christophe J. a été libéré à 13h : blanchi par l’inspection général de la Gendarmerie, avec un statut de témoin assisté. En d’autres termes, on lui a désigné un statut intermédiaire entre celui de « mis en examen » et celui de « simple témoin ». Et son avocat s’en réjouit. Jean Tamalet se dit « satisfait » selon Europe 1 et même « surpris que cela corresponde aux faits ».

Le gouvernement ne peut plus se cacher

On peut également souligner que le statut de témoin assisté correspond étrangement à la thèse officielle de Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, qui défendaient en quelque sorte la légitime défense des gendarmes. Ils n’auraient fait que riposter « à des violences caractérisées, croissantes et incessantes. » [1]

Ces déclarations ne sont pas étonnantes de la part d’un gouvernement qui n’a cessé de renforcer l’appareil répressif et l’impunité de la police depuis le début de son quinquennat, particulièrement dans le cadre de la réforme pénale qui est actuellement débattue à l’assemblée nationale. Redéfinition très extensive de la notion de légitime défense, autorisation du port d’armes en dehors du service, armes de guerre pour la BAC : rien d’étonnant à ce que se multiplient les violences policières, toujours couvertes par une justice de classe.

L’impunité du meurtrier de Rémi Fraisse est encore la preuve supplémentaire que ceux qui refusent sa politique sont une cible à abattre pour le gouvernement. En témoigne la répression qui s’est abattue sur les étudiants mobilisés contre la loi Travail ces derniers jours, avec un étudiant arrêté en pleine assemblée générale à Lyon par la police, et la sanglante répression qui s’est abattue sur les étudiants de l’université Paris 1 qui avaient tenté de se réunir, malgré la fermeture administrative de leur fac décidée la veille.

Ainsi, derrière la violence policière débridée se cache bien le spectre d’un gouvernement délégitimé qui tente de passer en force. Aucune impunité donc pour les policiers assassins, mais pas que. En définitive, c’est bien Manuel Valls lui-même qui devrait répondre à la barre face à tous ces morts.


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