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La santé, à quel prix ?

L’augmentation des tarifs des médecins généralistes pour les consultations « complexes », les femmes seront le plus touchées

À partir de ce 1er novembre, les consultations « complexes » et « très complexes » chez les médecins généralistes coûteront respectivement 46 et 60€. S'il s'agit d'une nouvelle attaque contre les plus précaires, ce sont encore une fois les femmes qui se retrouvent en première ligne.

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Ce que cette mesure prévoit

Au programme : 46€ pour les cas dits « complexes  », ce qui comprend les consultations pour les enfants de 3 à 12 en risque avéré d’obésité, les trois premières consultations obligatoires des nourrissons et celles des jeunes filles de 15 à 18 ans souhaitant obtenir pour la première fois une contraception ou une prévention contre les maladies sexuellement transmissibles. Les patients souffrant d’asthme, d’une pathologie oculaire grave, la prise en charge d’un couple stérile ou la première consultation pour la prise en charge d’un trouble du comportement alimentaire pourront être majorés de 16€

Pour ce qui est des consultations « très complexes », à 60€ donc, il s’agit de consultations d’annonce de cancer, ou de suivi de pathologies lourdes et/ou chroniques comme les cancers, les maladies neurologiques ou encore le VIH. À noter aussi que les consultations « longues » (pour les personnes atteintes de maladies neurodégénératives) passent de 56 à 70€. Double peines pour les personnes atteintes de pathologies sévères, voilà ce que ça coûte de prendre du temps à son médecin généraliste.

Pour justifier cette hausse, plusieurs arguments sont mis en avant de la part des représentants des différentes associations et syndicats de médecins généralistes. Cela permettrait de sortir de la « course à l’acte » qui « oblige » les médecins à enchaîner les consultations (qui dure en moyenne 14 minutes) pour garantir un bon niveau de revenu. Empêchant donc les médecins de consacrer plus de temps aux patients en ayant le plus besoin. Pour une profession qui voit son salaire net moyen avoisiner les 8000€ par mois, c’est à relativiser.

Un accès aux soins toujours plus difficiles pour les précaires... et donc pour les femmes

L’Assurance maladie prendra toujours en charge ces nouveaux tarifs à la hauteur de 70%. Ce fameux tiers payant qui devait être généralisé suite à une des rare mesure sociale du quinquennat Hollande dès le 1er décembre, mais qui s’est vu reporté à on-ne-sait-quand car jugé trop « complexe  ». Pour autant le remboursement n’exempte pas de l’avancement des frais qui ne cessent de croître. Les personnes n’ayant pas de complémentaire santé devront déboursé de leur poche (et dans ces cas-là ce ne sont pas ceux qui les ont les plus pleines), les 30% restant qui, si la part ne change, le chiffre réel lui, augmente bien.

Cette mesure accentue l’inégalité qui existe déjà face à l’accès aux soins. C’est une réalité que même avec un tiers payant, les tarifs de base des médecins découragent déjà certains personnes en situation de précarité d’accéder aux soins. Sans compter toutes les personnes qui ne sont même pas couvertes par l’assurance maladie.

Et qui sont les précaires ? En majorité les femmes qui représentent 70% des travailleurs pauvres. Selon une étude datant de juin 2016, sur douze mois 64% des personnes ayant reporté ou renoncé à des soins sont des femmes. Et si une partie des consultations visées par la réforme va toucher les enfants, il faut aussi rappeler que après séparation, c’est le plus souvent la mère qui a la garde des enfants (dans 72% des cas en 2013) et qui devra donc prendre en charge ces frais supplémentaires.

L’accès à la contraception rendu toujours plus difficile

À propos de la marge de bénéfice faite sur les premières consultations pour les jeunes filles de 15-18 ans voulant accéder à la consultation de contraception et de prévention des maladies sexuellement transmissibles, l’Assurance maladie affirme que “ces consultations seront prises en charge à 100%, peuvent faire l’objet du tiers payant et peuvent être anonymes à la demande de la jeune fille”. Le tiers payant n’étant donc pas près d’être généralisé, la patiente risquera donc de devoir avancer les frais. En plus bien sûr de devoir payer une partie de sa contraception (et d’en supporter les effets secondaires).

Cette augmentation du coût d’accès à la contraception et à la prévention (ainsi que celui du suivi des personnes atteintes de VIH) est à mettre en parallèle avec la diminution du budget alloué aux centres de prévention (qui se chargent de permettre des consultations vraiment gratuites, et anonymes), et plus généralement, la fermeture des centes IVG. Le système de santé français qui a longtemps été considéré comme l’une des références dans le monde ne cesse de dépérir. Il écarte de plus en plus les plus précaires de son accès alors même que les médecins généralistes ne cessent de voir leurs revenus augmenter en lien avec les laboratoires pharmaceutiques qui engrangent des bénéfices records.


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