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Dignité de la "procréation humaine" ou dignité des femmes ?

L’Eglise catholique publie un rapport contre la PMA

Dans un texte d’une centaine de pages intitulé « La dignité de la procréation humaine » signé unanimement par les évêques de France et publié ce jeudi 20 septembre, l’Eglise catholique attaque directement les femmes qui veulent disposer de leurs corps en s'opposant à l'extension de la PMA. L’archevêque de Rennes, Dol et Saint Malo, Pierre d’Ornellas, qui est à l’origine de ce document, affirme ne pas faire de « politique » et que l’éthique est son ressort fondamental. Néanmoins, son discours ne cache pas la volonté de l’Eglise catholique de faire valoir son pouvoir de dicter un mode de vie correspondant à son idéologie conservatrice et patriarcale.

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Dans un long texte qui prétend défendre l’égalité, la fraternité et la dignité, l’Eglise catholique ne s’est pas privée d’assimiler de manière malhonnête la procréation médicament assistée (PMA) et la gestation pour autrui (GPA), ni de faire preuve d’homophobie face à la possible extension de la loi aux couples lesbiens et aux femmes seules.

La principale rhétorique sur laquelle se base le principe de dignité qu’elle dit défendre est en réalité purement moral. Le propos rappelle ainsi l’intervention de l’Eglise catholique dans les débats autour de la conception du statut de l’embryon en Argentine, à la suite lesquels l’Eglise catholique a réussi à priver les femmes du contrôle de leurs droits sexuels et reproductifs. Ainsi, si la "dignité" est souvent employé pour faire référence aux embryons ou à la procréation, aucune préoccupation ne semble accordée aux milliers de femmes qui meurent à cause d’avortements clandestins dans le monde entier.

Mis en avant dans la première partie comme l’un des des concepts les plus importants du cadre juridique de la bioéthique française, la notion de "dignité" est donc détournée par les auteurs du texte. Ainsi, une comparaison grossière est faite entre la PMA et la marchandisation en soulignant qu’« aucune souffrance relative au désir d’enfant ne peut donc légitimer des procédés de fécondation et des modalités de grossesse qui s’apparenteraient à une fabrication, une marchandisation ou une instrumentalisation d’un être humain au service d’autres êtres humains, ou encore au service de la science ou de la société ». Ce fragment culpabilisateur vise à accorder à l’embryon le statut de personne juridique en transférant sur lui l’enjeu de la "dignité" pour persuader les femmes de ne pas recourir à l’assistance médicale à la procréation.

En outre, le texte s’attaque aux couples homosexuels puisqu’il s’agit ici de défendre la famille hétérosexuelle traditionnelle et patriarcale. Les auteurs se préoccupent ainsi de la suppression juridique de la généalogie paternelle et le justifient à travers « l’intérêt supérieur de l’enfant » qui exigerait une référence paternelle. Si ceci s’avère non seulement discriminatoire envers les familles de couples homosexuels, le propos en dit aussi beaucoup sur leur vision des femmes, qui ne pourraient avoir le contrôle sur leurs propres capacités reproductives qu’aux côtés d’un homme.

Une fois de plus, sous prétexte de dénoncer la "fascination pour la technique" ou la marchandisation, il s’agit en réalité pour l’Église de toujours mieux défendre sa vision sexiste, patriarcale et conservatrice et ainsi de s’opposer aux droits des femmes.

Crédits : SPL/BSIP


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