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En toile de fond, une guerre pour le pouvoir

L’état de famine a été déclaré au Soudan du Sud

Ce n’est pas moins de 4,9 millions de Sud-Soudanais qui sont actuellement en proie à de graves difficultés en termes de sécurité alimentaire. Au point que le gouvernement a décrété l’état de famine dans plusieurs de ses provinces, notamment l’Etat de l’Unité. Mais c’est bien tout le pays, ainsi que ses voisins comme le Yémen, la Somalie et le Nigeria qui, à terme, risquent d’être dramatiquement impactés.

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Rosa Potemkine

De la crise alimentaire à la famine


Le Cadre Intégré de Classification de la sécurité alimentaire (IPC) est un dispositif standardisé qui permet de déterminer et donc de classer le niveau et l’ampleur de l’insécurité alimentaire. Selon cette échelle, utilisée notamment par les Nations unies, certains Etats du Soudan du Sud sont en état de « famine », c’est-à-dire en état de catastrophe, ce qui est le niveau le plus élevé après l’« urgence » et la « crise ». Cet état de famine a donc été décrété en vertu du fait que plus de 20% de la population est dite en « catastrophe », mais également parce que le taux de mortalité est supérieur à 2 personnes sur 10 000 chaque jour et qu’une malnutrition aigüe touche plus de 30% de la population. Ainsi, selon le programme Alimentaire mondial (PAM), le Fonds pour l’enfance (Unicef) et le Fonds pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), 100 000 personnes sont donc touchées par cette famine dans la province d’Unité, alors que le monde n’avait pas connu ce type de fléau depuis 6 ans. Mais, c’est au moins la moitié de la population du plus jeune Etat du monde, soit 4,9 millions de personnes qui, déjà en état de crise alimentaire, risque de basculer également dans le stade ultime de la famine.

D’autre part, trois agences de l’ONU estiment que pas moins d’un million de personnes pourraient être touchées rien que ces prochains mois, et d’ajouter, dans une déclaration commune, que « lorsqu’on déclare officiellement l’état de famine, cela veut dire que les gens ont déjà commencé à mourir de faim ». Enfin, selon les estimations du Fonds des Nations unies pour l’enfance, près d’1,1 million d’enfants courent aujourd’hui un risque « imminent » de mort face à la progression de cette famine.

La guerre comme cause majeure

C’est en 2011 que le Soudan du Sud a acquis son indépendance. Mais cela s’est fait dans la douleur puisqu’une guerre civile s’est ouverte courant 2013 au moment où de terribles affrontements ont eu lieu entre l’armée du président Salva Kiir et les miliciens fidèles à l’ancien vice-président, Riek Machar. Sur fond de rivalité ethnique, les armées des deux camps ont commis d’innombrables exactions contre les populations civiles. En effet, si le président Salva Kiir est issu de l’ethnie Dinka, son opposant Riek Machar appartient quant à lui à la communauté Nuer. Instrumentalisant cette rivalité ethnique entre Dinka et Nuer, les deux hommes ont ainsi mis à feu et à sang le pays pour garder ou conquérir le pouvoir. C’est ainsi qu’en plus d’avoir tué plusieurs dizaines de milliers de personnes, sans parler des tortures, mutilations, ou viols, environ trois millions de personnes ont été contraintes de s’exiler dans des pays voisins, survivant dans des camps de fortune, depuis le début du conflit. De la sorte, toute production agricole devient impossible pour certaines populations Sud-Soudanaises où la guerre les contraint d’abandonner leurs terres et souvent leurs outils agricoles. D’autre part, les exactions commises par les différentes milices empêchent le transport de denrées alimentaires, ce qui isole nombre de localités livrées à elles-mêmes.

Mais à cela s’ajoutent également des conditions climatiques catastrophiques, puisque une grave sécheresse réduit drastiquement le peu de production agricole du territoire, tant pour les cultures que pour l’élevage. Et, cercle vicieux du capitalisme oblige, ce contexte politique et social a un effet dévastateur dans l’économie, générant une inflation considérable puisqu’au mois de juillet 2016 elle atteignait un taux annuel de 661%.

Si le sol africain et ses populations ont toujours fait l’objet de vives convoitises par les pays impérialistes, USA en tête, prêts à y mener des guerres pour défendre leurs propres intérêts, c’est par un fatalisme hypocrite qu’aujourd’hui ils détournent le regard d’une situation dont ils sont en partie responsables. Car l’histoire récente du Soudan du Sud est très liée à la politique des USA en Afrique, où ils appliquent de très nombreuses sanctions économiques contre le Soudan, qu’ils accusent de « collaboration avec le terrorisme ».


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