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ORLANDO CRUZ VS. MANNY PACQUIAO

L’homophobie ordinaire dans le milieu de la boxe : Orlando Cruz vs. Manny Pacquiao

Claude Scorza Après les déclarations pathétiques faites par le boxeur Manny Pacquiao qualifiant les homosexuels comme « pire que les animaux », le rejet ne s’est pas fait attendre, notamment de la part de Orlando « El Fenomeno » Cruz, principale référence LGBTI de la boxe au niveau mondial.

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Il semblerait qu’après le « match du siècle » avec Mayweather, le boxeur Pacquiao a perdu non seulement le titre mondial, mais aussi tout aspect progressiste. Après de néfastes déclarations publiques où il déversait sa haine contre les personnes gays, il a été l’objet de critiques en premier lieu de la part de GABRIELA, ONG philippine, qui a rappelé que « homosexuels, bisexuels, trans, méritent les mêmes droits que le reste des personnes ». Au même moment, la marque Nike, qui avait signé un contrat avec Pacquiao en 2006, a stoppé son partenariat avec lui à cause de ses déclarations.

L’homophobie n’est pas une nouveauté dans le milieu du sport et dans celui de la boxe en particulier. Malgré cela, il faut remarquer que d’autres voix se sont toujours élevées au-dessus de l’homophobie ordinaire. On pourrait rappeler l’histoire de Emile Griffith, boxeur afro-américain bisexuel, et de son combat contre Benny Paret le 24 mars 1962. La veille du combat, lors d’une rencontre entre les deux boxeurs, Paret avait traité Griffith de « maricon » (pédé en espagnol), suscitant le rire de toutes les personnalités du monde de la boxe américaine présentes et au courant du secret de Griffith. La colère de ce dernier fut telle lors du match qu’il plongea Paret dans un coma de dix jours avant qu’il ne décède à l’hôpital…
On pourrait également rappeler l’histoire de Nong Toom, championne de muay-thaï, dont les victoires sur le ring ont fait taire la transphobie d’État à l’égard de la participation des personnes trans dans les compétitions sportives. Elle a également donné une autre sensibilité à un sport souvent viriliste et LGBTI-phobe lorsqu’elle embrassait son opposant après l’avoir vaincu. Son histoire a donné lieu au film Beautiful boxer (2003).

Alors que Griffith décédait en juillet 2013 à 75 ans, Orlando « El Fenomeno » Cruz montait sur le ring deux mois plus tard en arborant un pantalon aux couleurs du mouvement LGBTI et de Puerto Rico pour disputer le titre mondial de poids plume. Cruz, qui est le premier boxeur professionnel à assumer son orientation sexuelle, a défié publiquement Manny Pacquiao : « J’aimerais parler avec lui, monter sur le ring et faire une session de sparring, et oui, j’aimerais me rapprocher et lui parler, l’éduquer et lui apprendre qu’on n’est ni des monstres, ni des extraterrestres, nous avons les mêmes droits et devoirs que tous les humains ».

Les déclarations de Pacquiao ne sont que la partie émergée des LGBTI-phobies comme problème structurel tant dans le sport professionnel qu’amateur. En France, Paris Foot Gay a essayé, 12 années durant, de mener une lutte contre l’homophobie dans le milieu du football, sans succès, puisqu’ils ont du cesser leurs activités par manque de soutien institutionnel et par manque de forces militantes. Après s’être retiré de la boxe professionnelle, Emile Griffith avait déclaré à son biographe : « Je me demande toujours combien tout ceci est étrange. Je tue un homme et la majorité le comprend et me pardonne. Pourtant, j’aime un homme et ces mêmes personnes le considèrent un péché impardonnable. Même si je ne suis jamais allé en prison, j’ai été en prison presque toute ma vie. » L’exemple de Orlando Cruz peut aujourd’hui donner du courage à tous les sportifs professionnels et amateurs qui refusent de vivre dans leur passion l’enfermement de l’hétérosexualité obligatoire.


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