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Témoignage de manifestant

"L’objectif de la police c’est d’empêcher le plus de gens de participer à la manifestation en les interpellant arbitrairement"

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J’allais rejoindre le cortège de Nation quand dix policiers me placent sur le rebord de la chaussée. La fouille de sac les arrête. Dans ce sac, il y a ni plus ni moins que ce qui a fini par devenir l’attirail typique d’un manifestant au cours de cette mobilisation marquée par une répression croissante : casque de moto, masques à poussière que je comptais distribuer aux autres manifestants, lunette de plongée, k-way… et un dernier objet qui me causera le plus de tort qu’ils appelleront entre eux un « engin pyrotechnique » pour ensuite inscrire « arme prohibée » sur mon procès verbal pour ce qui était en réalité un tube lanceur de confetti. Malgré mes protestations, ils insistèrent qu’il s’agissait seulement de termes administratifs et que si je n’avais rien à me reprocher, si je n’étais pas un « casseur », je ferai mieux de ne pas en mettre en cause la procédure. J’ai compris alors qu’ils cherchaient simplement un motif factice pour procéder à l’interpellation et me ramener au commissariat. Pendant ce temps, un autre officier passait en revue des photos prises lors des précédentes manifestations sur son Smartphone : « on va te retrouver en casseur, petit ! » et finit par me dire « on t’a trouvé à la manifestation anti-flic (réf à la manif de mercredi matin), c’est grave pour toi ».

Une fois au commissariat, on m’expliqua d’abord que j’étais chanceux, étant arrivé quelques minutes trop tard pour faire de la GAV où il n’y avait plus de places disponibles pour ensuite me dire, lors de mon audition, que j’étais libre de mes mouvements depuis le début mais que si je partais, je recevrai une convocation et je ferai alors sans aucun doute de la GAV. C’était donc « dans mon intérêt de faire confiance à la procédure » et connaissant mal mes droits je m’y suis plié : j’ai répondu aux questions lors de l’audition, j’ai fourni mes empreintes et mon ADN. Une fois la manifestation terminée, ils m’informèrent que le magistrat avait en fait rejeté le motif d’interpellation et que je ne serai plus inquiété. Ils me rendirent même mes affaires sauf le dangereux lanceur de confetti à propos duquel on avait prononcé un « ordre de destruction » !

L’intention de l’appareil policier à mon égard comme pour beaucoup d’autres lors cet événement est évident : empêcher le plus de gens de participer à la manifestation en les interpellant arbitrairement et en les intimidant, dissuader les manifestants de s’organiser en vue de se protéger dans l’avenir et surtout récolter un maximum d’informations sur ceux qui osent aujourd’hui continuer à exprimer leur opposition à la loi travail et son monde dans la rue. J’étais aussi devenu un chiffre de plus dans les statistiques données aux médias en fin de manifestation qui sont la pure et simple expression de l’arbitraire des pratiques policières mais participent sans doute à effrayer le public de BFM TV : « 9 interpellations à Paris pour port d’arme prohibé ».

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