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Face à la déclaration de guerre du gouvernement

La CGT mobilisée le 31 mars contre la casse du Code du travail ? Même pas le minimum syndical

Alors que la colère gronde, parmi la base des militants, chez les salariés, mais également au sein de la jeunesse, la CGT s’est finalement décidée à appeler à une journée d’action… le 31 mars. Cette échéance de mobilisation, qui n’est pour le moment pas actée comme une grève interprofessionnelle, arrive bien tard. Et cela d’autant plus que les travailleurs ont démontré, dans les Unions Départementales et les Unions Locales les plus remontées, sur les réseaux sociaux ou lors de rassemblements contre la loi, comme à Mulhouse, ces jours-ci, une toute autre disposition, celle d’en découdre dans la rue avec la déclaration de guerre du gouvernement. La jeunesse sera-t-elle le détonateur ? Damien Bernard

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La CGT a donc annoncé une journée d’action contre le projet de réforme du Code du travail : ce sera le 31 mars. La centrale de Montreuil a indiqué dans une note interne adressée aux militants, ce mercredi en fin de matinée, qu’elle « s’engage » sur « une journée d’action, le 31 mars ». Ce mardi, à l’intersyndicale, la CGT avait déjà plaidé pour une « réaction forte et unitaire » mais « bien malin qui peut comprendre ce qu’elle veut », confiait un participant à la réunion qui a au final accouché d’une souris, se laissant dicter l’agenda par la CFDT, la CFE-CGC et l’Unsa.

Un plan de bataille contre la loi El Khomri ou une façon de préparer son congrès ?

A l’intersyndicale, les dirigeants de la CGT avaient déjà évoqué la date du 31 mars pour une « journée d’action », soit quatre jours avant le début de l’examen du projet de loi à l’Assemblée nationale. Alors qu’aucune décision n’avait été prise sur le type d’action, la note interne transmise ce mercredi aux militants reste toute aussi floue sur la question. S’agira-t-il d’une grève ? Sera-t-elle interprofessionnelle ? S’agit-il d’un appel national ? S’agira-t-il de se battre pour le retrait total du projet ? Autant de questions qui restent dans le vague ou sans réponses, ne donnant ainsi aucune perspective ni plan de bataille concret en mesure de riposter à cette guerre déclarée par le gouvernement.

Mais les militants à la base ne sont pas dupes. « La seule chose que l’on comprend, c’est qu’elle a besoin d’une grosse manifestation avant son congrès », raconte un participant à l’Intersyndicale. Alors que son mandat courre jusqu’au printemps 2016, date du 51ème congrès de la CGT, serait-ce une façon, pour Martinez, de préparer sa réélection, plutôt que de préparer un vrai plan de bataille pour le retrait total de la loi El Khomri ? Il s’agirait ainsi d’une façon de rassurer ses troupes, dont une partie ne goûtait que très peu l’attitude de la centrale de Montreuil, jugée peu offensive. « Ça a commencé à gueuler », raconte un responsable CGT à la presse.

Pourtant la colère gronde …

Pour Martinez, il s’agit ainsi de rester dans le flou pour cette journée d’action, se laissant ainsi les mains libres pour ne pas appeler à la grève et rester ouvert à une participation de la CFDT à cette action. Mais il faut contenter la base, tout en évitant de se faire doubler par des initiatives militantes qui prennent de l’ampleur, comme en témoigne la pétition en ligne relayée par des militants, qui dépassait mercredi en fin d’après-midi les 500 000 signataires. Ou cet autre appel, sur Facebook, avec déjà près de 140 000 invités, plus de 8 000 participants et 12 000 intéressés, appelant à manifester le 9 mars « avec ou sans les directions syndicales ».

Dans son texte de présentation, l’appel Facebook souligne que « pour la convergence des luttes des salariés, des chômeurs, des retraités, des jeunes, contre la loi Gattaz-Hollande-Valls-Macron-El Khomri et toutes les régressions sociales, avec ou sans les directions syndicales, le 9 mars (jour de présentation de la loi en conseil des ministres) on ira défendre notre peau. Le 10 on remet ça (avec les retraités qui ont déjà prévu de manifester) et les jours suivants jusqu’au retrait total de ce projet de loi ! »

Mais ce sont aussi certaines UD qui ont fait preuve de combativité dans la dernière période. Cela s’est exprimé lors du rassemblement d’une centaine de personnes, dont des militants de la CGT PSA Mulhouse, de l’Union Départementale du Haut-Rhin et de nombreux chômeurs, venus pour accueillir Emmanuel Macron et Myriam El Khomri, sous garde rapprochée des policiers de Valls. Mais ce sont aussi, les militants de l’UD CGT des Bouches-du-Rhône, qui se démontrent les plus combatifs, et ont d’ores et déjà décidé d’appeler à un rassemblement à Marseille le 9 mars à 11h30.

La jeunesse, le détonateur ?

Alors que les directions du mouvement ouvrier freinent des quatre fers, la jeunesse pourrait bien jouer les trouble-fêtes. L’UNEF, le principal syndicat étudiant, pourtant très proche du PS, a déjà annoncé des initiatives le 9 mars, jour de l’examen du texte en Conseil des ministres. L’UNEF met même en avant le précédent du contrat première embauche (CPE), retiré par le gouvernement de Dominique de Villepin, en 2006, sous la pression de la rue.

Cette peur d’une mobilisation étudiante, comme lors du CPE et de cette opposition qui commence à s’organiser, s’exprime notamment par l’initiative du Medef qui tente de ressouder une unité du patronat. Selon L’Opinion, il voudrait faire signer par toutes les organisations patronales un appel à soutenir le projet de loi dans sa version transmise au conseil d’Etat la semaine passée. L’objectif étant de prévenir un éventuel recul du gouvernement.

Ce dont nous avons besoin, c’est d’un véritable plan de bataille !

Les salariés ont démontré une toute autre disposition, celle d’une combativité et d’une envie d’en découdre dans la rue et les lieux de travail. Mais la réponse donnée par la CGT ne correspond même pas au minimum syndical. Sans même parler de la CFDT qui à travers sa secrétaire générale adjointe, Véronique Descacq a affirmé après la réunion de l’intersyndicale à France Info, qu’il ne s’agirait pas de faire grève immédiatement, mais bien de « peser sur le contenu du texte avant de rentrer dans le rapport de force ».

Mais lamentablement, pour le moment, la CGT reste ainsi dans l’ombre de la ligne de la CFDT, tout en ayant le temps de préparer son congrès. Ainsi à la sortie de la réunion de l’intersyndicale, tandis que les syndicalistes en ressortent plutôt avec la vision que « c’est pas comme ça qu’on va gagner… », pour les dirigeants de la centrale, l’impression est tout autre. Pour Fabrice Angei, qui a mené la réunion pour la CGT au siège de l’organisation à Montreuil, il ne s’agit pas de lutter pour une autre politique, au sein de l’intersyndicale, mais de partager un constat avec les autres directions : « On partage quand même le constat que la loi est mauvaise. », arrivant ainsi au plus petit dénominateur commun imposé par la CFDT. « On s’est mis d’accord pour travailler ensemble sur le texte, ce qui n’empêche pas chacun de mener les mobilisations qu’il entend. De ce point de vue, c’est assez inédit. », ajoute-t-il.

Vers une convergence des luttes le 9 mars ?

Mais pour Martinez, le congrès approche. Il ne s’agit pas de perturber un plan parfaitement huilé. Ce sont ainsi près de 2.000 syndicats de base que la direction confédérale va rencontrer, d’ici au congrès. Le premier rendez-vous sera en Ile-de-France, le 3 mars. La direction de la CGT sera ainsi bien plus occupée à préparer son congrès qu’à saisir l’opportunité d’un vaste mouvement d’opposition contre la loi Travail, le 9 mars.

Et pourtant, de nombreuses initiatives se lancent le 9 mars et le 10 mars, qui pourraient être sujet à une convergence des différentes luttes. C’est ce à quoi aspirent les équipes militantes, comme en témoigne le gros succès du meeting organisé par Fakir, à Paris, mardi soir, ou encore une bonne fraction de la jeunesse, comme en témoigne la prochaine mobilisation à NDDL ou le succès du dernier banquet contre l’état d’urgence de Belleville.

C’est aussi sur le front ouvrier que cela s’illustre, alors que l’on s’achemine sûrement vers une mobilisation commune du secteur des transports, avec la SNCF, et la RATP, de concert, en grève le 9 mars prochain. Face à la déclaration de guerre du gouvernement, l’extrême gauche et les militants combatifs devront œuvrer, plus que jamais, à faire entendre le mandat donné par les centaines de milliers de salariés opposés au démantèlement des acquis du mouvement ouvrier, fruit de nos luttes depuis des dizaines d’années.


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