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Et oui, les étudiants ne sont pas seuls à se révolter !

La CNU des personnels en lutte de l’université appelle à la grève illimitée jusqu’au retrait de la loi ORE

Samedi 05 mai 2018 se tenait la première Coordination Nationale des Universités (CNU) à la Bourse du Travail de Paris, où 80 délégués mandatés en Assemblées générales représentaient 38 établissements de l’enseignement supérieur.

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L’objectif de cette CNU, dans le cadre de son Appel du 5 mai, est de construire un cadre pour « organiser nationalement les universités résistantes et de construire ensemble le mouvement d’ampleur qui permettra de faire reculer le gouvernement » sur la loi ORE, le dispositif ParcourSup et les arrêtés Licence.

Les étudiants se mobilisent, mais les personnels aussi

Si depuis plusieurs mois, les étudiants se mobilisent pour un accès ouvert à toutes et tous à l’Université, les personnels ne sont pas en reste, condamnant une sélection sociale institutionnalisée par le gouvernement Philippe, tout en étant conscients de la dégradation des conditions de travail déjà difficile qu’entrainera l’application de cette loi (réception, tri, classement et suivi des dossiers de candidature, etc.). Depuis la loi LRU (votée en 2007 sous Sarkozy-Pécresse) sur l’autonomisation des Universités, l’Etat s’est de plus en plus désengagé du financement des études supérieures, entraînant le gel des postes de titulaires, le recours massif aux vacataires et aux personnels précaires pour assurer la tenue des cours, ainsi que l’externalisation de certains services à des sociétés privées.

Mme Frédérique Vidal, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, n’a pas donné de garanties financières pour assurer cette nouvelle mission de taille aux personnels des Universités. Et nous pouvons faire le pari qu’elle ne le fera pas. Le précepte des néolibéraux, à savoir, de faire plus avec moins de moyens, est à l’œuvre depuis des décennies. Alors que les « grands établissements » qui pratiquent déjà la sélection disposent de départements administratif entier dévoués à la gestion des dossiers et sont déjà à la pointe du « marché de l’anxiété » auxquels les étudiants sont soumis, les travailleurs de l’Université publique sont condamnés à appliquer une nouvelle mesure discriminatoire, accablés pourtant par des tâches quotidiennes déjà toujours plus pressantes.

Si le mouvement des universitaires est bien inscrit dans les établissements, il paraissait indispensable de rassembler une coordination nationale de lutte. Bien qu’elle se soit peut-être réunie trop tardivement par rapport à la temporalité du mouvement étudiant - la majorité des personnels mobilisés le sont depuis le début de l’année civile -, et alors que le mouvement étudiant connaît des contradictions, il paraît toutefois indispensable d’apporter une réponse coordonnée à la hauteur de l’attaque d’Emmanuel Macron, et d’apporter des perspectives concrètes pour donner un nouveau souffle à la contestation.

Une première CNU vue de l’intérieur

Autour de 120 personnes ont participé à cette première CNU (délégués, observateurs et invités divers). Un premier tour d’horizon des luttes locales a permis d’identifier au moins deux choses. (1) Une forte combativité, et ce quel que soit le niveau de mobilisation, hétérogène selon les universités. (2) Une profonde indignation face aux réponses autoritaires de l’Etat qui sévit avec des interventions policières aujourd’hui banalisées (Sorbonne, Tolbiac, Nanterre, Montpellier, Censier, etc., et maintenant Toulouse de façon imminente).

La mémoire des combats précédents a permis d’avancer rapidement sur la question - au combien démobilisatrice - des examens. Des délégués ont rappelé à juste titre que la grève de 2009 contre la loi LRU est allée dans le mur, du fait, notamment, d’un manque de réflexions sur la tenue (ou non) des examens.

Sur la base de ces constats, et conscients de l’urgence d’un calendrier de plus en plus resserré en lien avec la suspension pédagogique estivale, les personnels mandatés de la CNU ont adopté, entre autre, les mesures suivantes :

  •  Grève illimitée et reconductible, avec cessation totale des activités administratives et pédagogiques ;
  •  La non tenue des examens et la rétention des notes ;
  •  Toute mesure utile pour que la question des examens ne soit pas instrumentalisée et ne pénalise aucun étudiant : report, rétention des notes, validation universelle, opposition à toute forme de délocalisation des examens, etc.

    Alors que le gouvernement actuel a choisi une stratégie néolibérale du choc, souhaitant taper partout, vite et fort l’ensemble des secteurs publics, la CNU appelle à la convergence des luttes. Mais si les énoncés et les annonces ne suffisent pas à construire un rapport de force réel et massif, les mandatés se sont prononcés pour prendre contact avec les secteurs mobilisés (cheminots, hospitaliers, enseignants du secondaire et du primaire, avocats, agents des impôts, etc) et participer à des actions communes. Les Assemblées générales locales devront évidemment être forces de propositions en ce domaine, alors que des exemples de convergence concrète réussis, comme à Toulouse, se sont déjà concrétisés.

    Il est vital qu’étudiants et personnels se réunissent !

    Les signaux lancés par la CNU sont positifs : la pugnacité des délégués s’est traduite par des votes allant dans le sens d’un mouvement déterminé, loin de baisser les bras face à un gouvernement autoritaire. Les Assemblées générales locales bénéficient maintenant d’un état de la mobilisation national clarifié, sapant le discours dominant qui martèle l’isolement des établissements mobilisés.

    Il paraît toutefois évident qu’il faut aller plus loin dans la construction unitaire du mouvement de contestation universitaire : étudiants (et en particulier la CNE) et personnels devraient se réunir dans un seul et même cadre pour construire ensemble le rapport de force. La prochaine CNU (prévue le 19 mai 2918) doit se saisir de cette question, et régler les questions problématiques soulevées aujourd’hui : le droit du vote de l’UNEF, tout particulièrement, a en effet animé le début de la coordination. Les syndicats de l’interfédérale appelant cette CNU bénéficient de deux votes distincts par organisation. Or, les délégués étudiants des Assemblées générales étaient présent en qualité de simple observateurs avec droit de parole. Certes, après un débat vif, les étudiants mandatés ont eu le droit de vote au même titre que l’UNEF, mais il paraît essentiel de clarifier le mode de fonctionnement de la CNU et de s’employer méthodiquement à contrecarrer les logiques bureaucratiques pour s’approcher au maximum d’une pratique commune de l’auto-organisation démocratique, et surtout de la réalité du mouvement social et de ses résolutions.

    C’est avec cette méthode que, tous ensemble, avec les autres secteurs en lutte, que nous réussirons à faire reculer Macron.


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