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Après le maquillage des chiffres, la dégressivité…

La dégressivité des allocations chômage : criminalisation des chômeurs sur fond d’économies budgétaires

C’est autour des négociations de la nouvelle convention assurance chômage avec les partenaires sociaux, que Myriam El Khomri a sorti l’idée… pas du chapeau bien entendu puisqu’il s’agit d’un retour à un système instauré tout au long des années 1990 : la dégressivité des allocations chômage. Assurément inefficace pour créer de l’emploi, cette mesure n’en est pas moins un message clair envoyé par le gouvernement aux 5 millions de personnes qui souffrent du chômage et du sous-emploi en France : instaurer une pénalité financière contre les chômeurs de longue durée, les culpabiliser voire les criminaliser, en les rendant responsables d’une situation économique dont ils ne maitrisent aucun paramètre et dont ils souffrent au quotidien. Yano Lesage

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C’est autour des négociations de la nouvelle convention assurance chômage avec les partenaires sociaux, que Myriam El Khomri a sorti l’idée… pas du chapeau bien entendu puisqu’il s’agit d’un retour à un système instauré tout au long des années 1990 : la dégressivité des allocations chômage. Assurément inefficace pour créer de l’emploi, cette mesure n’en est pas moins un message clair envoyé par le gouvernement aux 5 millions de personnes qui souffrent du chômage et du sous-emploi en France : instaurer une pénalité financière contre les chômeurs de longue durée, les culpabiliser voire les criminaliser, en les rendant responsables d’une situation économique dont ils ne maitrisent aucun paramètre et dont ils souffrent au quotidien.

Il s’agit de « tout faire » pour encourager le retour à l’emploi, selon les mots d’El Khomri. « Tout faire », pour acculer, affamer, pousser les chômeurs à la détresse afin qu’ils acceptent n’importe quel emploi, à n’importe quel prix. De quoi faciliter par la suite les embauches précaires, la réduction des salaires, et les nombreuses entorses au Code du travail actuellement en pleine déconstruction. De quoi mieux diviser les travailleurs entre les « privilégiés » défendant leurs conditions de travail et leurs droits à un salaire digne, et les « bosseurs, ceux qui triment » et subissent la précarité au quotidien. Décidément, ce gouvernement continue à nous surprendre. En ressortant cette vieille idée que la droite avait inaugurée dans les années 1990, à l’époque du tournant néolibéral, c’est l’orthodoxie économique des Thatcher et des Reagan qui revient au galop.

Le système a déjà pourtant fait la preuve de son inefficacité : le principe de la baisse progressive des allocations chômage est introduit entre 1992 et 2001, remplacé à cette époque par une mesure tout aussi progressiste : le PARE, Plan d’Aide au Retour à l’Emploi, devenu par la suite le Projet Personnalisé d’Accès à l’Emploi, PPAE, en 2006. Tous ces sigles et toutes ces formules ne doivent pas faire perdre de vue les ambitions de ce dernier projet : la conditionnalité de l’aide, le pointage réalisé par l’Assedic et ensuite par Pôle Emploi. La traque aux chômeurs continue, sous d’autres formes. En prime, la dégressivité est également remplacée par une limitation de la durée de perception des allocations chômage (maximum deux ans), et proportionnelle à la durée de l’emploi occupé. D’une allocation dégressive mais continue, on passe à un contrôle plus strict des chômeurs et à une limitation de la durée d’indemnisation. Entre les deux, le cœur balance… La nouvelle proposition du gouvernement voudrait donc compléter cette limitation et ce strict contrôle à la dégressivité. Les deux pour le prix d’un ! Mais la cagnotte, au final, est réduite à peau de chagrin.

Retournement majestueux de cette gauche, qui va jusqu’à renier sa vision de l’emploi, dernier rempart à son passage définitif du côté de la droite. En reprenant à son compte la vision selon laquelle les chômeurs seraient « désincités » à travailler du fait des protections supposément trop larges qu’offrent l’assurance chômage et le droit du travail, elle ne fait rien d’autre que criminaliser les chômeurs rendus responsables de la situation désastreuse du marché du travail en France.


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