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Correspondances ouvrières

La destruction du ferroviaire et le tout-routier : un marché juteux pour le patronat

Le 17 novembre est un appel au blocage, initialement lancé contre la hausse du prix du carburant et expression d’une colère légitime face au ras-le-bol fiscal. Si cette hausse pénalise tout le monde et notamment en milieu rural, il est maintenant évident que nous ne pouvons pas prolonger notre utilisation abusive des carburants fossiles sans mettre en péril l’ensemble de la société humaine mondiale, alors comment se positionner ?

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Crédits photos : © Photo NR

Tout d’abord, les taxes sur les produits de consommation courante sont forcément pénalisantes pour les bas salaires. La TVA est l’impôt le plus injuste. Le seul impôt réellement juste, qui permet en plus de redistribuer relativement efficacement les richesses, est l’impôt sur le revenu. C’est le plus progressif possible et sur TOUS types de revenus. C’est d’ailleurs l’impôt contre lequel les gouvernements successifs ont le plus lutté, et pas seulement en France. Celui dont on essaie de nous faire croire qu’il faut absolument faire baisser pour garder les riches sur le territoire français…

De plus, seuls 20% des revenus liés aux taxes sur les carburants seront affectés à des mesures écologiques, et pas au chemin de fer, seule vraie alternative à la voiture, puisque ce gouvernement a signé son arrêt de mort. Pour faire baisser la consommation d’un produit polluant comme le carburant (sous toutes ses formes, même les « bio-carburants »), le moyen n’est bien sûr pas la fiscalité, qui au contraire fait perdurer la pollution par les classes aisées…

TOUS les gouvernements ont favorisé la route, et pour plusieurs raisons :
L’industrie automobile est un des principaux moteurs de la croissance du PIB
L’envie de posséder une voiture nous pousse à nous endetter, même ceux qui ne sont que locataires de leur logement, et nos crédits nous musellent
Les lobbys pétroliers, travaux publics et automobile agissent dans ce sens…

Certains historiens estiment d’ailleurs que c’est l’industrie automobile américaine qui a poussé les ouvriers à s’acheter des voitures à crédit. Notamment Ford au début du siècle, car à cette époque les ouvriers qualifiés gagnent bien leur vie et il fallait un moyen pour les fidéliser aux entreprises : un crédit auto bien-sûr. D’une pierre, deux coups…

Le capitalisme privilégie la route, qui est payée par nos impôts et qui permet des échanges de marchandises très juteux sur de longues distances.
Par exemple, en 2012, l’Etat permet la circulation des poids lourds de 44 tonnes avec des marchandises auparavant transportables seulement par le rail. A cette occasion, un rapport parlementaire de 2012 estimait que cette décision coûterait entre 14 et 20% d’augmentation de dépense pour l’entretien des routes. En réalité, en moins de dix ans, nous sommes passés de 15 à 25 milliards, puisque les véhicules légers n’abîment quasiment pas les routes. Sans être ingénieur des Ponts et Chaussées, on peut supposer que nous commençons également à voir les effets de cette décision sur les ouvrages d’art, tous fragilisés si l’on en croit les récentes évaluations. Mais personne dans la presse ne se pose la question de l’intensification du transport routier…

Pourtant ce n’est pas un frein, car le lobby des travaux publics se frotte les mains, ce sont nos impôts qui vont payer l’entretien de plus en plus coûteux et que les démagos vont demander à grands renforts de cris outragés « regardez l’état de nos routes, on ne peut plus circuler dans de bonnes conditions !!! » et nous entretiendrons, avec notre argent, les routes qui permettent au grand capital de continuer à s’enrichir toujours plus ! Ce qui est sûr, c’est que Macron fait le jeu lobby routier et de l’industrie automobile.

En effet, ce ne sont pas les gros transporteurs qui vont pâtir de la hausse du carburant, ce sont les petits et les particuliers. Macron a prévu une solution pour relancer l’industrie automobile : le renouvellement du parc de véhicules thermiques par des véhicules électriques ! Et subventionné avec nos impôts ! Voilà comment l’industrie automobile va faire des profits énormes !! Pas besoin de changer beaucoup de choses dans les chaînes de montage… On va continuer à produire toujours plus de voitures !

En 1935, aux Etats-Unis, la loi anti-trust a eu des conséquences inattendues. Les gros producteurs d’énergie électrique (comme notamment General Electric), sont dans l’obligation de vendre leurs compagnies de tramways, très implantées dans de nombreuses villes, qui sont rachetées par General Motors, Standard Oil et Firestone qui les mettent en faillite et les ferment…

Donc les constructeurs automobiles, pétroliers et fabricants de pneus coulent les compagnies de tramways pour mieux vendre leurs produits : les bagnoles et tout ce qui va avec ! Actuellement, en France, pas besoin que Renault s’associe avec Total et Michelin pour mener le même type d’opération, Macron le fait pour eux !

Sa réforme du ferroviaire signe la mort du chemin de fer. Sauf dans les grands axes qui restent rentables, et il faut bien que les riches (son électorat) partent en week-end dans le sud à grande vitesse, et nos impôts renflouent les caisses des constructeurs. Voilà comment la route et toutes les industries qui gravitent autour, aspirent notre argent. C’est juste un hold-up… Et Macron prouve encore avec son annonce récente du code de la route appris à l’école, qu’il est l’homme des lobbys et celui de l’automobile en premier lieu.

De nombreux travailleurs sont obligés de prendre la voiture pour aller travailler, et cela va se multiplier de plus en plus avec la casse du service public ferroviaire qui est en cours et la suppression de nombreuses petites lignes. Nous comprenons cela mais nous sommes également conscients que le véhicule individuel est la mort des écosystèmes…

En plus des gaz à effet de serre (environ 15% viennent des véhicules légers, mais 15% d’un chiffre global en augmentation constante), nous avons dépassé tous les seuils évalués par l’OMS comme supportables concernant les particules fines (aussi appelés les aérosols car leur faible poids leur permet de rester en suspension dans l’atmosphère) avec le diésel (voir en Inde actuellement). Par ailleurs, l’accès de tous à un véhicule rend difficile la gestion des déchets comme les huiles de vidanges qui polluent la nappe phréatique, et toutes les friches industrielles de stockage d’épaves ou des anciennes cuves enterrées de carburant dont personne ne connaît plus les emplacements…

Quand aux véhicules électriques, non seulement 80% de l’électricité mondiale vient des énergies fossiles (gaz, charbon pétrole) mais pour produire les 500kg de batterie nécessaire à une voiture électrique du même niveau qu’une voiture thermique, il faut des quantités énormes de « terres rares » dont la production est extrêmement polluante et ne permet pas d’envisager autant de véhicules que le parc actuel.

Donc, si nous luttons, c’est pour des services publics de proximité, des hôpitaux, des bureaux de poste à proximité pour créer des emplois durables, sur l’ensemble du territoire et éviter de nous déplacer sur de longues distances pour nos besoins.

Si la colère générée par les hausses du prix du carburant est légitime, il faut voir que la question des transports ne peut être posée que par la petite lorgnette du coût de l’essence. Face à la crise climatique qui menace la planète, les déplacements doivent être financés par de l’argent public avec les techniques les moins polluantes ! Luttons pour un service public ferroviaire de qualité pour tous et accessible à tous ! Pour des services publics qui prennent en charge le traitement des déchets liés aux transports !

Luttons pour des vrais services publics de qualité ! Si pour financer cela il faut taxer quelqu’un, taxons alors les grandes fortunes, à commencer par Total qui fait des milliards. La question du pouvoir d’achat et du coût de la vie est une vraie problématique qui touche la plupart des travailleurs et des milieux populaires. Pour y répondre, commençons par exiger une augmentation généralisée des salaires !


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