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C’est à l’Etat et aux capitalistes de payer !

La direction du CHU de Bordeaux crée une cagnotte pour payer des respirateurs

Alors que notre système de santé menace de saturer face à la crise sanitaire, il y a cruellement besoin de matériel dans les hôpitaux. La direction de Pellegrin, premier CHU de France, a passé une commande d'appareils respiratoires qu'elle compte financer par la création d'une cagnotte ! Une cynique mascarade qui rappelle que l’Etat sous-finance les hôpitaux.

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Conférence du CHU avec Yann Bubien - Crédits : Laurent Theillet

La semaine dernière la direction du CHU affirmait avoir commandé tout le matériel nécessaire à la gestion de crise et se disait prête à accueillir la vague de patients dans les semaines à venir. Pourtant depuis plus d’une semaine il manque de matériel dans tous les services. C’est alors que dimanche la cagnotte « Tous ensemble contre le virus » a été créée par la directrice communication du CHU, Albertoni Frédérique, dans le but de financer 70 respirateurs. Elle a ensuite été relayée par France Bleu Gironde qui affirmait que la cagnotte était à l’initiative de « bénévoles » du CHU qui appellent à la solidarité avec les hospitaliers. C’est donc sans aucun scrupule que la direction a instrumentalisé un discours de solidarité pour en réalité financer des respirateurs que l’Etat devrait massivement fournir, à l’heure où il débourse des milliards pour le patronat !

De plus pour cette cagnotte scandaleuse, la direction s’est servie d’une photo du Collectif inter-urgences sur laquelle apparaissent des soignants qui avaient reçu des pizzas de la part de Domino’s, repas partagé avec les patients. Yann Bubien, directeur du CHU de Bordeaux et ancien directeur de cabinet de Buzyn quand elle était ministre, et le DRH Matthieu Girier s’étaient empressé de la publier sur Twitter pour se donner une bonne image alors que dans la réalité les conditions de travail sont infernales. Toujours dans la manipulation, c’est cette photo qui a été utilisée pour la cagnotte, sans l’accord des hospitaliers.

Pour dénoncer cette mascarade, les hospitaliers du collectif de l’Inter-urgences affirment tout d’abord ne pas avoir été mis au courant de la cagnotte ni de la commande de respirateurs alors qu’ils sont les premiers concernés, qu’ils savent ce dont il y a besoin. Les hospitaliers ont donc envoyé un mail à la direction pour savoir ce qu’il en était : elle a éhontément répondu qu’elle ne connaissait pas l’existence de la cagnotte !

Il faut financer les 70 respirateurs commandés qui coûtent 25 000 € pièce, il faudrait donc 2 millions d’euros ! Or le CHU de Bordeaux est le premier de France et excédentaire : il restait un peu plus de 400.000€ à la fin de l’année 2018 . N’y a-t-il pas de fond de roulement, de fond d’urgence, et que fait l’Etat pour que ce soit à la population de financer des respirateurs ? Nous voyons là en acte les résultats de la casse des hôpitaux, de leur asphyxie budgétaire ! L’argent, il existe, il faut mettre à contribution les capitalistes, ceux qui ont appuyé depuis tant d’années les politiques de casse des services publics, il faut des impôts sur les grandes fortunes, il faut réquisitionner les usines : lundi a rouvert Airbus, vendredi ce sera au tour de l’industrie automobile, leurs usines doivent servir à fabriquer des respirateurs, aux frais des actionnaires ! Il est inadmissible de voir que les salariés d’Airbus vont prendre des risques, alors que tous les soignants nous intiment de rester à la maison, et être fournis en masque pour faire des avions alors qu’à l’hôpital les masques sont rationnés et que les services de brancardiers ou dans les labos où les agents prennent en charge les écouvillons de tests Covid-19 n’y ont même pas droit ! Face à la précarité des soignants, le collectif Inter-urgence a dû lancer une cagnotte (une vraie cette fois-ci !) pour venir en aide aux personnels de santé les plus précaires ou à ceux qui pourront être réprimés et poursuivis en justice par leur direction. Le collectif assure tout de même : « Par ailleurs ces dons ne nous serviront pas pour acheter du matériel tel que des masques, des gants, des protections, des respirateurs... C’est au gouvernement de le faire pour nous. »

La direction se disait prête à accueillir tous les patients et elle se retrouve à devoir commander 70 respirateurs une semaine plus tard. Quantité qui est par ailleurs dérisoire alors que le CHU de Bordeaux doit assurer la prise en charge de toute l’Aquitaine.

La direction en appelle à la solidarité et au devoir de chacun de participer à aider les hospitaliers, comme si nous étions tous responsables de la crise : plus de 60 000 € ont été récoltés en deux jours. Ce n’est pas à la population, aux travailleurs, de financer les respirateurs, c’est le rôle de l’État d’investir massivement dans l’hôpital public pour assurer des soins gratuits pour tous et toutes. Le syndicat SUD Santé Sociaux a répondu par ce communiqué dans lequel ils affirment que « l’argent ne manque pas » quand le gouvernement investit 22 millions d’euros dans des grenades lacrymogènes et plusieurs autres millions d’euros pour des LBD qui préparent un tournant encore plus autoritaire et répressif.

Les conditions de travail dégradées depuis plusieurs décennies se révèlent en cette période de crise sanitaire où le risque de contamination pour les personnels de santé est important : plusieurs centaines d’hospitaliers ont été testés positifs à Mulhouse et un soignant Jean-Jacques Razafindranazy est mort à Compiègne. Olivier Véran, ministre de la santé, nie totalement ce risque en ayant déclaré à la conférence de presse du 21 mars qu’il y a plus de risques à l’extérieur qu’à l’hôpital. Alors que les hospitaliers subissent des pressions importantes, ils revendiquent « d’être protégés correctement » pour faire leur travail, c’est-à-dire sauver des vies là où ce gouvernement criminel va en tuer des milliers par son irresponsabilité. Contre cette attitude criminelle du gouvernement et leur autoritarisme, « un jour viendra où il faudra rendre des comptes ».

Face à cette pression des travailleurs et l’urgence de la crise sanitaire, Olivier Véran a été obligé d’annoncer ce 23 mars que tout cas confirmé de coronavirus sera reconnu comme « maladie professionnelle ». Mais ce n’est pas l’avis de la direction du CHU qui affirmait aux hospitaliers qu’ils trouveraient un moyen de contourner cette mesure pour continuer à les faire travailler malgré la maladie et le danger de contamination. Voici donc toute l’hypocrisie révélée de ceux qui feignent appeler à la solidarité avec les hospitaliers : soyons clair, tout cela n’est que manipulation car ce ne sont pas quelques milliers d’euros mais des milliards de l’État, pris sur la fortune des capitalistes, pas payés par une hausse des impôts pour les classes populaires ou par des centaines de milliers d’amende, qui permettraient d’assurer une bonne prise en charge des patients par les hospitaliers. Mais cela permettrait aussi de mettre en place des dépistages massifs et gratuits pour tous les hospitaliers, tous les travailleurs et toute la population ! 

Les directions de CHU, qui ne sont là que pour faire des économies et administrer la mesure ont montré la faillite de leur gestion. Il en va de même du gouvernement, celui-ci et ceux qui l’ont précédé qui ont détruit les stocks de masques, qui ont fermé des lits, qui ont précarisé les soignants, qui, en bref, ont fait passer les profits de la bourgeoisie avant nos vies ! Le personnel hospitalier est le seul acteur capable d’assurer une gestion rationnelle, efficace de la santé quand tous les autres ont fait la preuve criminelle de leur faillite. Ceux et celles qui mettent leur santé en jeu chaque jour, en première ligne face à la pandémie (et au mépris de nos gouvernants) doivent avoir un droit de regard, un droit de contrôle sur la vie de l’hôpital, sur les commandes, sur les embauches, sur les créations de poste, sur les budgets : c’est à eux de prendre les rennes de l’hôpital public comme privé, comme ils sont les seuls garants de son fonctionnement quotidien et des soins qui y sont prodigués.


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