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Islamophobie d’Etat

La police interdit neuf femmes de se baigner en burkini à Cannes

Vendredi 26 avril, la préfecture des Alpes-Maritimes a fait intervenir les forces de police pour arrêter une dizaine de femmes venues se baigner en burkini sur la plage, à Cannes

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Après que les arrêtés anti-burkini, approuvés notamment par Valls, aient été cassés par le Conseil d’Etat l’été dernier, ce vendredi 26 avril, le préfet a envoyé une nouvelle fois les forces de police empêché une baignade collective en burkini. Organisée par Rachid Nekkaz, la baignade devait célébrer la décision du Conseil d’Etat de casser les arrêtés municipaux pris durant l’été 2016 interdisant la baignade en burkini.

La permanence d’un racisme d’Etat islamophobe

L’image de policiers venant arrêter et embarquer des femmes voilés sur les plages du littoral français rappelle les scènes identiques qui se sont déroulés un an plus tôt, lors de la polémique raciste du « burkini ». Après l’attentat de Nice, plusieurs maires de communes littorales avaient pris des arrêtés municipaux interdisant le port du burkini sur les plages. Plusieurs femmes avaient été interpellées, certaines ne portant même pas le burkini mais un simple voile. Durant tout l’été, les personnes de confession musulmane ont été stigmatisées, jugées collectivement coupable des actes terroristes. En aôut 2016, les différents arrêtés municipaux ont été jugés illégaux et cassés par le Conseil d’Etat.

C’est justement cette décision du Conseil d’Etat que souhaitait célébrer Rachid Nekkaz à Cannes. Alors que la ville accueille actuellement le célèbre festival de cinéma et tout le gratin de l’industrie cinématographique, le visage montré par la préfecture des Alpes-Maritimes est bien celui du tout sécuritaire et de stigmatisation islamophobe. De même que les mesures annoncées par Marlène Schiappa et Gerard Collomb, le renforcement des politiques sécuritaires touchent en particuliers les couches les plus exploités des classes populaires, articulant un racisme structurel à un contenu anti-ouvrier. Le contrôle accru par les forces de répression, aboutissant à l’augmentation des violences policières, et la restriction de la circulation dans l’espace public sont autant d’outils permettant de maintenir en bas de la hiérarchie les populations ouvrières issues de l’immigration post-coloniale et ségréguées dans les quartiers populaires.

Un contexte sécuritaire marqué par la prolongation de l’état d’urgence

L’intervention des forces de police était justifiée, par l’administration, par un arrêté pris deux jours plus tôt. Si celui-ci interdit toute manifestation durant le festival de Cannes, celle de Rachid Nekkaz avait été annulée suite à l’arrêté et remplacée par une simple baignade entre amis. Une nouvelle illustration que loin de protéger du terrorisme, les préfectures utilisent l’état d’urgence pour non seulement restreindre les droits démocratique à manifester, mais dans ce cas à stigmatiser les populations musulmanes. Cela témoigne des prémisses que pourrait bien approfondir la politique sécuritaire annoncée par le gouvernement Macron-Philippe. Ce dernier revendique son inscription non seulement dans la continuité mais aussi l’approfondissement des politiques sécuritaires et liberticides du gouvernement précédent. Ainsi, il prévoit déjà de présenter un projet de loi de prolongation de l’état d’urgence dès juillet.

Le renforcement des forces de police et des dispositifs répressifs est au cœur du projet politique du nouveau gouvernement. Gérard Collomb, ministre de l’intérieur, avait annoncé le 19 mai vouloir permettre aux juges d’interdire à une personne de fréquenter un quartier dans lequel elle aurait commis un délit. Une mesure qui, à défaut d’avoir une quelconque autre utilité, permettra de renforcer la ségrégation sociale et l’oppression des personnes racisées.

Crédits photos : ANNE-CHRISTINE POUJOULAT AFP


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